C’est une telle tentation qu’il faut chaque jour lutter. Ce n’est pourtant pas compliqué. Il suffit de ne rien faire ou de se transporter dans une autre époque. On croit souvent que les moyens de communication s’améliorent. Je sais que cela avait tant changé qu’on ne savait même plus appeler. À partir de cela, alors que l’on croit bêtement ce qu’on nous dit, toute communication serait coupée. Les visions du monde se confrontent admirablement. Et moi, je continue sur mon chemin. Il n’a pas tant que cela été dévié à part un léger réajustement, habitué que je suis d’être à l’écoute de mes propres besoins. Je ne dis pas que c’est chaque jour une pureté de l’âme. Il y a des excès. Globalement, tout de même, moins d’agressivité. Cette nouveauté me pousse hors de moi. Peut-être est-ce l’agressivité qui me fait penser à cela, mais là, c’est devenu positif, des heures à trembler de désir devant l’œuvre encore informe qui, avec toute cette matière qui s’accumule, ne fait qu’irradier. Ce sont des bonds, des sauts, de quelques minutes seulement, c’est trop, pas assez, je trouve tout à la fois merveilleux et médiocre. Et puis, maintenant que cela ne regarde plus que moi, je suis presque plus intimidé que si je devais l’adresser à des milliers de personnes. Ce double qui ne fera qu’un sans être une quelconque métaphore de la naissance. Il fallait être disponible pour que cela ait lieu. Et puis, cela se confirme peu à peu. Cela va changer, se métamorphoser. Il faudra quitter encore mais je ne sais pas quoi. Certainement pas ce qui stabilise. Puisque je l’évoque, puisque je sais à la suite de quoi viennent ces pensées, autant tâcher d’y travailler un peu. Je mesure. Ces pièges dans lesquels je tombe. Au secours ! Au secours ! Et moi, je continue de tomber dans le panneau. L’issue est la même. C’est cela que je quitte peu à peu. Pas de retour en arrière possible. L’effet sur le corps textuel est trop bénéfique. La joie d’abord. Cela ne dure pas longtemps mais c’est immédiat. Une dynamique se met en mouvement. C’est pour cela que je ne dois rien dénigrer de ce qui se passe réellement. Je définis mes intentions à partir de ma perception. Cela ne correspond à rien peut-être de ce qui aurait été dicté si je m’étais positionné au-dessus de ce que je crois être, ce qui ne m’empêche pas (j’ai mis du temps pour le comprendre) d’avoir des objectifs et donc de me projeter dans l’avenir différent de ce que je suis aujourd’hui. Les modes de transformation restent liés à l’écriture mais j’entends dans le rythme des phrases une tonalité autre. Un ordre s’adresse à moi sous cette forme, une injonction, que je ne refuse pas.
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