Tuesday, June 26, 2018

[NO WAY] - 28

Il s’affala lourdement dans un canapé, ne pouvant s’empêcher de regarder son téléphone toutes les sept minutes (moins de dix voulant dire : bien atteint). Il expulsait d’incessants soupirs en se plaignant à lui-même qu’aucun de ses projets n’aboutissaient et qu’il aimerait bien en avoir un nouveau qui pourrait l’occuper un peu. Son regard se détacha longuement vers le fond du bar et resta de longues secondes planté dans celui d’un mec qu’il trouvait sacrément mignon.

Friday, June 22, 2018

Monday, June 18, 2018

[NO WAY] - 60

Tant de temps pour trouver le moment de se recentrer face à tous ces troubles, du matin jusqu’au soir, des vagues, dans le silence, à suivre l’évolution d’une course en plein ciel, oui, du soleil, comme un animal, allant à sa rencontre, agissant n’importe comment, jusqu’à perdre le goût de mener l’entreprise jusqu’au bout, à cause des dispersions, des élans inaboutis, des feuilles inachevées, partout, visibles, puis jetées, d’un univers où nous ferions table rase, ce qui a été clairement dit, mal compris, presque avec mépris, issus de ces visages sans expression, chargés de fatigues, des âges décalés, alors qu’un mot, « Bienvenu », quand il y en a tellement d’autres, a bel et bien été entendu, l’avoir en ligne de mire, le sujet, là, dans la suite, abordé, de ce personnage reclus, de ce paysage désolé où seule la pluie fait sens, des pavés, des lumières atténuées, ne plus avoir envie de le voir disparaître, pour cet exercice si difficile, de reprendre, page après page, l’inertie constatée parce qu’elle a été livrée aux pires formes de l’incompétence avec, toujours, en mémoire, ces paroles venues d’une autre âme, que les chemins seraient arides, que rien ne serait donné, la preuve d’un profond rejet de l’autre, mensonges découverts, tabous installés, dans l’entourage direct, celui du quotidien, là où nous attendions, peut-être, un simple encouragement, ou un peu d’aide, pour trier, pour voir disparaître peu à peu ce long générique où s’inscrit le nom de celles et ceux qui ont produit l’impensable, à force d’être capturé par un même besoin d’inexister.

Tuesday, June 12, 2018

[NO WAY] - 25

Ce qui s’approche. La sensation. D’une porte venant de s’ouvrir. L’immédiat présent. Pour qu’un texte ne parle plus de ce qui s’est passé. Constamment prendre les devants, pour étudier l’émotion, en tant que telle. Un horizon d’attentes et de faiblesses. Sentir à quel point il serait simple d’opérer sans toutes ces chaînes. L’immatériel. La pensée. S’il n’y avait plus de personnages. L’histoire de l’écriture. Pas seulement naissance, parcours et mort. Son histoire, aujourd’hui. Ce qu’elle raconte. De vouloir être plus présente, sous toutes ses formes. Continuer. Ne plus subir l’orchestration d’autres formes. Inventer, donc. Comme ça, hésitante. Forcément singulière. Comme un chant. Un exercice permanent. La phrase se disloquant. Aucune idée ne s’accrochant réellement. Gestion de la multitude. Jamais trop. Dans la chaleur des mains. Encore. Ce si beau mot. Qu’il faudrait répéter. Une image se formant, douce, complaisante. Pourrait se traduire, mobiliser un effet. Une métaphore. La balance presque amère d’une immense fatigue qui, lentement, dévoile un rythme d’inscription se lisant désormais dans l’évasion de l’esprit, au point où la suspension deviendrait une unité de mesure, entre l’écoute et la formulation. Tout sonne comme un début. Le paysage ne fait que se découvrir. Une plaine. Au loin, une montagne. Une odeur de pins. La polyphonie s’impose. Une seule voix ne pourrait suffire. La création à produire ne relève pas de ce côté-là. Ce serait se tromper. Le brouhaha, la confusion. Partout, produire, comme un métier, où se spécialiserait une fonction, alors que le misérabilisme ne paie plus. Une vie serait à intriguer. La peur s’installe. L’inquiétude. Le temps a été annoncé. Lune voilée. Flou intégral. La fuite ne serait qu’une idée. Les besoins immédiats. Encore. Le faire dans la réalité. Réaliser. Ces ponctuations détestées. Les extraire. La fleur pleurait. Encore. Le passé. Où tout ne serait que pour réactiver ce qui n’est plus utile. Voir comment se construit cet espace dominé. Une autorité sauve, responsable de tout. Ne plus croire que la feinte viendrait combler un manque. Elle est choix d’être. Elle est manière de dire. Planter dans l’atmosphère la surprise d’un dérangement. Partir, pour penser. Partir, pour écrire.

Friday, June 8, 2018

[NO WAY] - 59

Le silence est toujours incomplet. Céder à ce que le corps réclame, en écriture, à ne pas savoir qu’en faire. Retour au désiré, où l’intention n’est pas claire, le projet, indéfini, grands espaces à mesurer, comme une ponctuation du sensible, s’ouvrant, désormais, parce que ce sera sans doute le plus difficile à admettre, ne rien projeter, ne rien attendre, une partie, seulement, à gérer, l’autre, à épuiser. Trouvé, ce style, émotionnel. Un style de l’absence permanente, du regard constant, s’imposant pour une réalité qui n’était plus envisagée, le plaisir d’être, seulement, face à quelques incompréhensions, tout ressentir, les troubles, la tranquillité, voir ce jardin fleurir, les risques pris, tant de personnes qui succombent. Les clivages apparaissent plus clairement. Il n’y aurait peut-être pas nécessité à le transmettre. Pouvoir de la justice, préféré, pour protéger l’intimité, parce qu’il n’y avait plus rien à dire, ou plutôt, pas d’autres manières de le dire. Silence des êtres se pensant supérieurs. Il aura suffi de compter, le nombre de jours. Le vertige. L’immobilisme. Ces thèmes qui polluent l’esprit. L’évidence. À devoir plonger dans le gouffre de la continuité, pour expulser. Vont disparaître les sentiments d’échec. Rétablir l’écoute intérieur. Cette agressivité-là ne gagnera pas. Cette immense pulsation. Cette profonde douleur. Qu’il s’agirait de dicter. Comme on pense. Lorsque la vérité a été entendue. Nous en sommes partis. C’est à lui que j’aimerais écrire. Pour lui dire qu’il pourrait en faire autant. Les coïncidences sont si nombreuses. Ce lien si précieux. Qui dirait l’essentiel. En cours de traitement. D’analyse. Y lire, désormais, les précieux résultats. D’abord, la crise, en préparation, les sursauts qu’elle génère, jusqu’à fonder l’inacceptable, la valeur. Puis l’outil, comme appelé. Penser à ce besoin de renaissance. Le virtuel, insensé, suspendu au-dessus du temps. La réalité était devenue insupportable. Il fallait se plier à trop d’autoritarisme en même temps. Le refuge. L’abstraction. Sans regrets. Pour ces innombrables bénéfices. Premier acte de parole. Premiers refus d’obtempérer. Installé dans la durée pour voir l’influence s’effacer, nourrir la phrase. La nouveauté, réelle. Ça n’avait jamais existé. Ça n’existera pas autrement. Ouvert, comme un possible dernier instant. Deux jours passés. Peut-être trois. Pas de nouvelles. Plutôt que d’appeler les secours. Venir constater par soi-même. Jusqu’à comprendre, dès la porte entrouverte, à cause des pièces éclairées, de la musique, de l’odeur. La panique. Les cris. À se demander combien de temps il aurait suffi pour arriver plus tôt, pour que ça n’arrive pas. L’indéchiffrable spectacle. Un corps nu, dans une baignoire. Les yeux et la bouche, ouverts. On ne savait pas quoi faire. Ne rien toucher. Tout renverser. Appeler. L’évanouissement. Des heures entières passant. Jusqu’à prendre conscience. Qu’ils l’emportent. Que les heures qui suivront ne seront que pour errer. Que le son strident qui retentit dans la tête ne s’arrêtera plus. Que les pleurs ne s’arrêteront plus. Que personne d’autre ne viendra toucher toutes ces affaires laissées. Qu’il faut encore appeler. Prévenir. Des proches. Les plus proches. Quand on ne sait pas ce qui s’est passé. Quand on ne sait pas pourquoi. Qu’on a rien d’autre à dire que « Je l’ai pressenti. J’aurai dû venir plus tôt ». Et maintenant, il est trop tard. Il est mort. Ils l’ont emporté.

Monday, June 4, 2018

[NO WAY] - 10

Une première porte. Un escalier. Une odeur de moisi.
Une seconde porte. Un parterre de fleurs à contourner.
Sous un porche. Une troisième porte.
La rue. Les passants d’un autre monde.
L’inconnu, apaisant, comme une caresse.
La pluie, n’agissant plus.
Sur rien.

Sunday, June 3, 2018

Dominique Sigaud

Je ne sais pas encore jusqu'où la littérature peut tout admettre. Champs au fil du temps de plus en plus vastes. Ça ne se referme pas, c'est l'inverse, à chaque porte, une autre.