Monday, January 30, 2017

Les parois glissantes


Les parois glissantes, écorchantes, comme révolutionné, sans prévenir, chutant, puis projeté par une force vertigineuse, sans arrêt, objet trimbalé, ne voyant plus que ce qu’il y a de factice, se ruinant, s’épuisant dans la lutte permanente, ce qui vient de s’évaporer d’une sorte de semi-rêve, toujours là, ce qui se fera différent, quand tout sera oublié, quand un extrait sera déposé là, au hasard, pensant s’être sans doute trompé de chemin, l’esthétique, la manière de s’adresser, parce que ce n’était pas clair, recopier, bêtement, fatigué, à l’infini, le thème, principal, toujours, d’où vient l’autre, si seul, ne cherchant que le reflet de lui-même, à travers n’importe quel support, prenant le risque de coller au réel, en étant au plus proche de ce qui terrifie, ce malaise, ce cauchemar, ce spectre, de ne jamais être remarqué, si nerveux, agacé, passant impoliment un bras devant l’autre pour saisir le quotidien, ce drôle de patchwork de soumissions diverses, de cultes populaires, ne laissant plus de place à l’imagination, finir, la volonté de finir, d’exploiter, de jeter, d’expulser, violemment, ce qui ne se dira plus, la victime, enterrée.

Tuesday, January 24, 2017

Tout ce qui rayonne prend place


Tout ce qui rayonne prend place, dans le dérangement du quotidien, le calvaire pour habiter, le calvaire pour se déplacer, partout, des corps aux expressions monstrueuses, laissant expulser à la fois la rage et l’image de la bête fantastique qui les surpasse, possédés par la violence, le cri, au bout de l’effort, le même cri pour tous, tirant des fardeaux, soulevant des montagnes de résignation, acculés à devoir supporter, ne voyant plus personne d’autre exister autour, prêts à se lancer dans la bataille, dans la survie, pour s’arracher à l’inextricable impression d’enfermement, attendant le même signal de ralliement, voici l’ordre, « tuons », partout, dans n’importe quelle direction, n’importe quelle vie rencontrée, comme les limaces, écrasées, comme les mouches, écrasées, comme les branches, arrachées, les meubles, les moyens de transport, les livres, toutes les écritures de l’être, supprimées, d’un coup, d’un trait, l’insupportable différence, l’insupportable opinion exprimée, là, entre les images détournées, le jugement, formulé, ouvrant face au criminel une vision de ses gestes, répétés, fruit d’un désir qu’il pensait juste, peut-être partagé, voyant qu’au plaisir s’adjoint le plaisir de détruire, révélant la morbidité d’un objectif qui s’est construit, malgré lui, dans l’une des racines de l’humanité, la même qui, en même temps, ailleurs, autrement, parfois dans le même corps, agit pour que se perpétuent les délices d’une vie pacifiée.

Sunday, January 22, 2017

Claro

Il faudrait savoir crever à demi, par savantes fractions, afin de mieux refaire un tour de manège, façon chaman, ou mieux : derviche, une main levée au ciel pour suivre, en diamant piqué dans le sillon nébuleux des affres, les folles et sages circonvolutions de nos possibles, l'autre main baissée, paume en bas vers la terre comme pour y faire pression et en percevoir les exigences. Ici, bibi, une question, genre la gifle que personne n'a vu venir : Qu'as-tu fait de ta vie ?

Friday, January 20, 2017

En vis à vis


En vis à vis, les enfances maltraitées, qui laissent sortir les démons de l’imaginaire, parce qu’on les a empoisonnées, jusqu’à aller passer plusieurs nuits à l’hôpital, des cris d’alerte devant les masques horrifiants, les duplicités sordides, confondant le maître et son outil, déflagration de tout ce qui est dicté à l’âme impuissante, a priori, mais dont l’énergie est juste captée au profit d’un autre projet, une dictature du vice, là, au cœur de l’amour, qui fige l’émotion au point de rendre le corps glacé, un repli de l’être, un abandon aux premières heures, aux premières années, baisser les bras devant l’immense difficulté de se laisser conduire par l’expression, agir vite pour punir, le droit relégué, l’idée pure, confuse, où tout se mêle, le mystère, l’espoir, la conviction, l’expérience, être en quelques minutes au cœur du débat, l’œuvre, qui s’écrit, la seule nécessité, la seule vérité, même dans les hautes sphères de la pensée, incomprise, alors que les éléments sont pourtant clairs, un auteur, une parole, tout un univers transporté pour ne dévoiler qu’un principe, à vivre pour soi, dans l’intensité, contre tous les courants, comme s’il pouvait exister une manière de penser, ne pas croire possible que la dispersion, la diffusion, puissent agir comme un liant, toujours, la peur, véhiculée, la haine, un pouvoir minoritaire, insultant, comme un frein, cherchant à stopper l’inéluctable progression de la nature, ne sachant plus comment faire devant le raz-de-marée des fictions individuelles, toutes magnifiques, toutes singulières, toutes profondes et délicates, comme un visage, comme une posture, enfin, retrouvé, au centre, le goût de se sentir troublé, mots en zigzag, raturés, transformés, remplacés, là, parmi nous, virevoltant, clignotant, brûlant, déchirant, objets du silence, sujet à jamais abordé, tant pis, tant pis, tant pis pour la gloire, le deuil, immédiat, pour mettre à profit ce qui s’est construit, regard de l’innocence vers l’immense beauté d’une pleine lune en plein ciel, scintillante.

Monday, January 16, 2017

Tant de trouble à transposer


Tant de trouble à transposer, à dessiner, peut-être juste pour s’occuper, regard tourné vers l’extérieur, les paysages de la pensée, en spectacle, croisements, vitesses, âges, directions, ce qui se distingue, l’interdit, une casquette, un manteau délabré, une chevelure rayonnante, une tentation, la sécurité, malgré tout, des mots qui tombent comme les feuilles, démangeant la poitrine à tellement vouloir être prononcés, à ne jamais se sentir suffisamment prêt, suffisamment réparé, ordonnant comme un médecin, d’attendre, de se préserver, pourtant si proche d’y arriver, la salive au goût de larmes, comme un remède, délicatement, avalée.

Sunday, January 15, 2017

Claro

Il m'arrive de penser qu'écrire est un moyen d'éviter tout mouvement brusque, à moins qu'il ne s'agisse carrément du contraire : écrire comme si on ne savait faire que des mouvements brusques, han !, mais sans que la chose se voie, chcht !, sans que la violence à l'œuvre se fasse, d'emblée, ressentir. De la bonne vieille épilepsie, mais au ralenti, dans l'illusion de la souplesse, pour ainsi dire à couvert. Immobile en feu, ai-je écrit ailleurs, faute de mieux. Je n'écris pourtant pas pour me ressourcer. Je n'écris pas pour me connaître. J'ai toujours, je crois, écrit pour me déprendre. Me déprendre de quoi ? L'écriture, telle que je la conçois, me permet justement de ne pas m'attarder sur la nature indélicate de ce dont je me déprends, et qui est sans doute moi-moins-l'écriture. Stop ! Un instant ! Telle que je la conçois ?! Allons, nous n'en sommes plus là. C'est souvent l'écriture qui me conçoit, me déçoit et m'assoit, me pense et me dirige, me bouscule et m'égare, m'entrave et m'élance. Je lui fais aussi confiance qu'à cet « ennemi déclaré », qu'appelait Genet de tous ses vœux.

Tuesday, January 10, 2017

La rencontre du désiré et du désirant


La rencontre du désiré et du désirant, tempo presto frénético, à ne plus jamais vouloir que cet instant unique s’achève, le dos douloureux d’avoir dansé, la voix épuisée d’avoir crié, « nous » au cœur du sensible, larmes expulsées, à ne plus rien comprendre de ce qui se passe parce que l’équilibre est atteint, le monde tourne, les germes poussent, les individualités se manifestent, dès les premiers rudiments, persistant pleines et entières, jusqu’à devenir les admirables roses de la pensée, l’écriture sauvage de la révolte, livrée au hasard d’une simple observation pour que surgisse l’émotion, celle qui semblait voilée, perdue à jamais, sans se lasser de rendre hommage aux âmes qui l’ont ressuscitée en plongeant dans l’avenir leur propre énergie créatrice, leur combat pour un idéal encore en formation dans l’incessant courant de la nature de l’être.

Sunday, January 8, 2017

Hélène Bessette

Dans une sorte d'hallucination folle se lève le dessein d'un pays meilleur. Quelqu'un, n'importe qui, un anonyme crie : « Quelle vie de chien on me fait ici ; jusqu'à ce que j'en claque. Jusqu'à ce que j'en crève ». Chacun son compte. Chacun fait le mal. Chacun donne son coup de marteau à la diable et comme il lui plaît. Aveuglément. Sans prévoir le résultat. Étant donné le nombre et la diversité des coups. Impossible de prévoir le résultat. Chacun pense à son propre coup, car dit chacun, « Voici une bosse qui ne me plaît guère et j'en ferai un creux, un circuit qui ne me convient pas, je préférerais une courbe, une bosse, un embranchement ».

Ainsi l'anonyme, le quelqu'un, le quiconque, appartient à tous et se retrouve un jour forgé d'une forme qu'il n'avait jamais imaginée ni désirée. Chacun fait son ouvrage. Son ouvrage de destruction. Aveugles en eux. Aveugles au passé. Aveugles à l'avenir.

Alors se lève le mirage de l'exil. Un nouveau ciel. Une nouvelle Terre. Une évasion possible.

Friday, January 6, 2017

Communauté de masques


Communauté de masques sur laquelle se fonde une théorie du mal, comme une partie d’échec, plaçant les pions dans une bataille virtuelle, intégrant l’invasion machiavélique du délire, l’esprit aimanté par le divertissement, chacun dans sa case, petit soldat d’une dictature, à croire que tout est vrai, que tout est faux, les mêmes images servant de justification pour attiser la haine, nourrir la nécessité criminelle au sein de l’humanité des corps, voyant s’incarner le regard pervers, l’allusion salace, l’arrogance puissante de l’enfant-roi qui veut dicter, qui, déjà, veut tuer, conçu dans la perpétuation qu’il y aurait un meilleur, un plus malin qui agira, lui contre tous les autres, dynamique inversée de la sagesse quand toutes les confusions altèrent le sens au point de le rendre inconsistant.

Monday, January 2, 2017

Samuel Beckett

D'abord le corps. Non. D'abord le lieu. Non. D'abord les deux. Tantôt l'un ou l'autre. Tantôt l'autre ou l'un. Dégoûté de l'un essayer l'autre. Dégoûté de l'autre retour au dégoût de l'un. Encore et encore. Tant mal que pis encore. Jusqu'au dégoût des deux. Vomir et partir. Là où ni l'un ni l'autre. Jusqu'au dégoût de là. Vomir et revenir. Le corps encore. Où nul. Le lieu encore. Où nul. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux encore. Ou mieux plus mal. Rater plus mal encore. Encore plus mal encore. Jusqu'à être dégoûté pour de bon. Partir pour de bon. Là où ni l'un ni l'autre pour de bon. Une bonne fois pour toutes pour de bon.