Monday, July 30, 2018

[NO WAY] - 30

Un mouvement se prépare. Les pensées nettoient. Une priorité absolue, désormais, sera de ne plus se laisser envahir. Puisque les coïncidences ont permis que naisse une parole, si intense, si peuplée. Temps d’écoute. La crise monumentale est peut-être passée. Ce ne serait pas utile d’y revenir. Et pourtant, elle est là. Dans la paume des mains. Comme un froid permanent. Elle n’aurait fait qu’agir sur la manière de dire, changeant de format. La voilà donc, cernée. De toute part. Cohorte d’outils simples. Un principe pour chacun. Il n’y a rien d’autre à dire que de s’en servir. Ce qui apparaît est sous la forme d’une atmosphère émotionnelle. Points de fuite ou points de chute. On ne le saura que dans un mois, dans un an, dans dix ans. Nécessaire lecture de ce qui a eu lieu, maintenant, existant, la naissance d’une opération méditée, volontaire, dont il faudra se dessaisir.

Tuesday, July 24, 2018

[NO WAY] - 13

Le règne de l’insignifiance. Il suffit d’une star et tout le monde applaudit. Il n’y a pas de système dans le système. Il faut arrêter de croire qu’on est manipulés. Aller moins vite. Travailler sur le micro temps. L’instant même de l’émotion. Gravure de l’âme. Musique répétitive. Tempo de l’éternité. Un mot, puis un autre. Entrecoupés. Une longue phrase, qui n’a rien à voir, mais qui surprend, par sa beauté. Saisissante, comme une Haïku. L’évocation de quelque chose d’intime. Une figure de l’auteur. Obsession. Conviction. Ce n’est pas si facile de partir. Dans tout ce qui est là, il y a une partie d’un tout qui, jusqu’alors, semblait cohérent. Réussir à s’arracher un bras. Abandon de soi. Le long des maréchaux. Vie bruyante. Toujours en travaux. Il marche dans l’inconnu. Lentement. Comme en sortant d’un spectacle bouleversant. Il ne prend pas les transports en commun, et pourtant, il est dans la foule. Nouvel espace. Ça respire déjà.

Friday, July 20, 2018

[NO WAY] - 7

Il aurait fallu supposer qu’on n’ait rien d’autre à faire, le matin, que de laisser fuir ces drôles de personnages tentant tout de suite de piéger la pensée, comme s’il ne pouvait exister qu’une seule manière de l’alimenter, qu’une seule manière de la programmer, se sentant toujours dans la catégorie de ce qui doit, pour survivre, envisager de chaque jour s’améliorer, non pour mieux se faire comprendre de qui que ce soit mais pour être soi-même plus à l’aise avec l’idée qu’on est peut-être venu, sans trop s’en apercevoir, à peu à peu mieux espérer que tout installe dans la durée un idéal qu’on avait d’abord cru possible uniquement en se consacrant aux regards blessés, aux vies longtemps malmenées de n’avoir eu qu’à lutter, comme si, en aidant, on serait arrivé jeune à l’objectif fixé, tâchant de le maintenir, de se voir être quelque part, identifié, pour qu’un entourage n’ait plus à se poser la question de savoir dans quelle case on s’était, peut-être, retrouvé, croisé, à quel moment il était envisageable de partager, ne se laissant pas emporter par l’évidence, la récurrence, la seule méthode qui aurait été considérée pertinente, pour aussi apercevoir, là où ils sont, les trous de la conscience, comme un dimanche, on range, on lave, on fait différemment, on revient à soi lentement, ce pourrait être le dernier jour, la dernière fois, on dirait « il est arrivé jusque là », puis un virage, un autre paysage, où il faudra faire cet effort de se déplacer, pour n’être plus jamais figé dans un unique tableau, pour ne plus avoir à justifier quoi que ce soit, puisque l’intérêt n’est d’en vivre qu’à la manière que nous avons choisie, celle de n’être obligés par aucune convenance, aucune obligation que nous n’aurions pas nous-mêmes inventée.

Monday, July 16, 2018

[NO WAY] - 35

Il se disait que cela ne servait à rien d’essayer de comprendre ce que signifiait l’insouciance de cet instant. Le rythme de la vie était pour lui comme une chanson qui tournait dans le vent. Il pensait à ce que pouvait être le climat de tension dans l’esprit d’un fils qui se serait cru sans père, alors qu’il pensait un peu benoîtement : « On a toujours un père. Même s’il est mort, on garde toujours une partie des défunts en soi ».

Tuesday, July 10, 2018

[NO WAY] - 3

Ces parts ressemblant à quelque aveu ne devront jamais trouver d’ancrage, au point où il est envisagé de détruire, simplement en ôtant des pages, tout ce qui ne semble pas nécessaire à la compréhension du tout dont il n’est question que dans sa réalisation finale, c’est-à-dire, aboutie, ne laissant aucun doute s’agissant de l’intention première de tel ou tel support ne servant, parfois, qu’à s’exercer ou à diviser les éléments en plusieurs blocs afin qu’ainsi mieux définis ou seulement mieux déterminés, ils constituent les bases de ce qui sera développé, épuisé, autant dans les formes donnant naissance à un produit de l’analyse que dans ce qui n’est là que pour ne plus jamais revenir, comme une caisse où s’accumulent les archives de l’être, les fonctions émotives de quelque traumatisme qui n’auraient fait que polluer le corps du texte.

Friday, July 6, 2018

[NO WAY] - 17

La critique se formule, presque intransigeante. Les formats ne correspondent pas à ce qu’il faudrait conquérir en terme d’espace. Il manquerait une part d’humanité, une sensibilité au réel. On ne pourrait pas faire que décrire, ou illustrer un fait de société, qui deviendrait quelconque à cause de son adaptation. L’ennui, d’abord, à contrecarrer. Un questionnement concernant la suite serait à l’origine de quelques troubles, mais des choix vont être proposés. Les voilà qui se présentent. Les inachevés, en tout premier lieu, ne doivent plus être craints. Ils mettent en scène une langue révolue. Les retraverser serait comme, seulement, les réadapter. Ils existent. Ils ne sont pas des échecs. Ils ont été mis en suspens, car ils attendaient une sorte de bon moment pour être en partie renouvelés. Une plus grande énergie a pris le dessus pour quelque traversée nécessaire. Les temps de chacun ne sont jamais les mêmes. Certains prennent plus de dix ans pour exister vraiment. D’autres se font en quelques semaines. Ils se projettent dans le quotidien. Ce sont comme des parfums préférés à certaines périodes de la vie.

Monday, July 2, 2018

[NO WAY] - 8

Les obsessions sont des blocages. Le problème du support devient infernal. Tout serait tellement plus simple s’il y avait des étapes chronologiquement observables : quelques idées, un brouillon, un plan, une mise en chapitres, un incipit, une fin, un beau titre, un exergue, une dédicace, une signature. Le mode de fonctionnement du parfait roman. On a tous rêvé de le trouver sous le sapin le matin de noël, de croiser quelqu’un qui nous dirait que quelqu’un a vu quelqu’un avec, sous le bras, le manuel du parfait écrivain. Il sera là ce soir, à minuit, au coin de la rue. Il suffira d’être ponctuel. Tout rassembler sur une seule et même page. Ça aussi, c’est un rêve de communiant. Des pages, il y en aura des centaines de milliers. Il suffit de les lire et de se laisser porter. Il sera impossible de continuer ailleurs qu’ici. Alors, en voyage, ce sera autrement, et la vie sera différente. Il n’y aura plus de code ni de voie tracée, plus de méthode, plus de blocages. Un personnage se crée. Il souffre d’avoir à déplacer son corps pour rencontrer le monde.