Les obsessions sont des blocages. Le problème du support devient infernal. Tout serait tellement plus simple s’il y avait des étapes chronologiquement observables : quelques idées, un brouillon, un plan, une mise en chapitres, un incipit, une fin, un beau titre, un exergue, une dédicace, une signature. Le mode de fonctionnement du parfait roman. On a tous rêvé de le trouver sous le sapin le matin de noël, de croiser quelqu’un qui nous dirait que quelqu’un a vu quelqu’un avec, sous le bras, le manuel du parfait écrivain. Il sera là ce soir, à minuit, au coin de la rue. Il suffira d’être ponctuel. Tout rassembler sur une seule et même page. Ça aussi, c’est un rêve de communiant. Des pages, il y en aura des centaines de milliers. Il suffit de les lire et de se laisser porter. Il sera impossible de continuer ailleurs qu’ici. Alors, en voyage, ce sera autrement, et la vie sera différente. Il n’y aura plus de code ni de voie tracée, plus de méthode, plus de blocages. Un personnage se crée. Il souffre d’avoir à déplacer son corps pour rencontrer le monde.