Il aurait fallu supposer qu’on n’ait rien d’autre à faire, le matin, que de laisser fuir ces drôles de personnages tentant tout de suite de piéger la pensée, comme s’il ne pouvait exister qu’une seule manière de l’alimenter, qu’une seule manière de la programmer, se sentant toujours dans la catégorie de ce qui doit, pour survivre, envisager de chaque jour s’améliorer, non pour mieux se faire comprendre de qui que ce soit mais pour être soi-même plus à l’aise avec l’idée qu’on est peut-être venu, sans trop s’en apercevoir, à peu à peu mieux espérer que tout installe dans la durée un idéal qu’on avait d’abord cru possible uniquement en se consacrant aux regards blessés, aux vies longtemps malmenées de n’avoir eu qu’à lutter, comme si, en aidant, on serait arrivé jeune à l’objectif fixé, tâchant de le maintenir, de se voir être quelque part, identifié, pour qu’un entourage n’ait plus à se poser la question de savoir dans quelle case on s’était, peut-être, retrouvé, croisé, à quel moment il était envisageable de partager, ne se laissant pas emporter par l’évidence, la récurrence, la seule méthode qui aurait été considérée pertinente, pour aussi apercevoir, là où ils sont, les trous de la conscience, comme un dimanche, on range, on lave, on fait différemment, on revient à soi lentement, ce pourrait être le dernier jour, la dernière fois, on dirait « il est arrivé jusque là », puis un virage, un autre paysage, où il faudra faire cet effort de se déplacer, pour n’être plus jamais figé dans un unique tableau, pour ne plus avoir à justifier quoi que ce soit, puisque l’intérêt n’est d’en vivre qu’à la manière que nous avons choisie, celle de n’être obligés par aucune convenance, aucune obligation que nous n’aurions pas nous-mêmes inventée.