Il faut le faire. L’examen de conscience. Ce qui se voit en premier : l’agressivité. Dans le bras. Puis l’obsession. S’entraîner à regarder impassible. Ecouter. Une réincarnation. Un affrontement. La joie, totalement disparue. Les tensions, fulgurantes. Des courbatures. Là où nous pensions que c’était fini. L’évidence d’une impasse. À ne plus vouloir regarder que l’écrivant. Où la condition institutionnelle gagnerait. Si difficile mesure. Une poésie faite corps. Le réel, accusant. Être, semble-t-il, épuisé. Nous, comme une communauté. Qui ne communique que par l’adhésion. Le format, détesté. Toujours à deux doigts de tout arrêter. Et pourtant. C’est bien l’après qui se trouve en question. Ce qui a été déposé n’est plus à étudier. Déjà trop de fois relu. Mémoire constante.
Friday, September 28, 2018
Monday, September 24, 2018
[NO WAY] - 31
L’exemple-même du personnage que nous aimerions capturé se présente. Il rentre chez lui, légèrement aviné. Il vient de passer un peu de temps à parler de son projet, qu’il ne sait pas formuler autrement que comme ça, et qui ne tient que par le possessif qu’il traîne depuis de nombreuses années. Il vient, justement, évoquer ce que nous étions en train de nous formuler, une nouvelle aventure dans laquelle il suffirait de rester chez soi pour se montrer au monde à travers les outils de la technologie. Tout cela est fort tentant, mais ne nous satisfait pas. D’abord, parce qu’il faudrait, tout à coup, qu’un grand nombre de personnes soient disponibles pour recevoir l’état d’un autre agissant. Ce serait, également, supposer qu’on aurait un quelconque intérêt à se retrouver dans une lecture imposée alors que, justement, nous travaillons sur l’aspect volontaire de l’activité. Oui, nous savons que cela prend plus de temps. Oui, nous savons que nous prenons le risque de rater des occasions de s’annoncer au public. Oui, mais nous préférons tout de même ce format-là. Le hasard d’une recherche, la qualité d’une rencontre. Si, à la base, il n’y a pas ce type d’énergie, il n’y aura aucune culture du long terme et nous continuerons inlassablement à nous battre contre des moulins. Il n’y a aucune commune mesure entre les moyens dont disposent la plupart des entreprises qui occupent le terrain que nous exploitons également et ceux avec lesquels nous tentons de faire œuvre. Ce qui nous passionne dans cet état de fait, c’est qu’une seule partie de la sphère médiatique suppose que ce qui ne leur vient pas sur un plateau n’existe pas réellement. Ça n’aurait ni consistance, ni envergure. L’autre partie, forcément dans l’ombre, produisant du moins lu, moins acheté, moins connu, n’a pas ce mépris de ne pas considérer l’existence d’autres modes d’expression conditionnant d’autres modes de diffusion. C’est pourtant là, aussi, sur cette face cachée, ou plutôt masquée, que pourrait se lire en direct le travail en cours de réalisation de l’humanité agissante. Bien sûr, nous ne le contestons pas. Il y a des affaires à suivre, des courses poursuites à entreprendre. Il suffit de longer les ministères pour s’en rendre compte. Une circulation contrôlée. Portail ouvert sur le pouvoir. Les grandes cours avec les berlines noires garées en épie. N’essayez même pas de frapper à la porte d’entrée pour saluer votre ministre parce que vous passiez dans sa rue, vous finirez jetés à la poubelle avec les clodos. Eux se disent que c’est là que tout se passe, et nous l’admettons, il s’y passe des intrigues importantes, mais ils ne considèrent pas que deux rues plus loin s’organise une autre société qui, elle aussi, sait maintenir son pouvoir. Cette société-là n’a que faire des titres et des uniformes. Elle n’est que circulation incontrôlée. S’y jouent tous les brouillons de la vie et s’y travaillent tout ce qui sera répété sous toutes les formes avant d’être présenté au public. C’est bien cela que nous ressentons, à la fatigue de nos mains, aux douleurs dans la poitrine d’avoir trop tiré sur la corde, aux machines à laver qui tournent jusqu’à minuit, aux vaisselles laissées en suspens, le labeur d’un travail qui tout entier se mêle sur une seule et même page où nous testons autant les ruptures que les liens, l’ampleur, l’efficacité, ne cherchant pas à nous adresser à des foules silencieuses mais à un réseau d’acteurs à qui l’on doit de partager la même vision d’un peuple échappant aux emprises qui subsistent. Le mépris n’arrêtera pas le mouvement. Nous tournerons la page et nous nous retrouverons.
Tuesday, September 18, 2018
[NO WAY] - 20
Je sens le corps céleste sur moi. Il me caresse. Mon corps se tend, puis tout se calme. C’est la même sensation qu’en forêt, que sur la plage, que dans un jardin, quand nu je me promène dans la nature.
Friday, September 14, 2018
[NO WAY] - 40
Tant qu’il n’y aurait personne pour intercepter ce processus-là, il continuerait à se laisser bercer par une mélodie propre, dont il avait entendu les premières notes, peut-être, en se voyant sillonner sur des routes sans mystère, approchant au plus près de ce qui serait devenu une pure inaction, car là aussi, un choix s’était formulé. Gérer, compter, ne rien prévoir au-delà d’une journée. Il ne faisait que colmater les erreurs que d’autres avaient laissées s’enraciner. À la fondation de tout ce que vous avez produit, leur disait-il, il a manqué une notion primordiale. Rien ne pourrait se faire, en soi, sans prendre en compte l’ensemble de données bien plus complexes que ce que vous avez envisagé. Tout d’abord, il est inutile de vouloir tout faire entrer dans des cases. L’humain n’y sera jamais bien. Il a besoin de circuler, de choisir, de faire comme bon lui semble, surtout s’il doit en payer une partie. Tout cela n’aura pas tant de conséquences sur tout ce qui agit en permanence. Nous laisserons. Nous avons appris cela. Nous n’y retournerons plus. C’est fini. La mémoire s’inscrit d’une autre manière et de l’avoir saisi nous rend confiants pour l’avenir, car demain, nous savons que cela se reproduira. Ce sera d’abord le calme, le lent éveil de l’esprit. Ce qui doit se faire se manifestera et nous tenterons de le réaliser, dans la mesure de nos moyens, soutenus par une pulsation accompagnant notre effort et signifiant seule qu’un mouvement créatif est en cours. Nous n’allons plus nous évertuer à forcer la porte de l’interlocuteur qui ne répond pas. Nous sommes suffisamment nombreux, désormais, pour bâtir notre idéologie, sans infidèles, sans inféodés, sans inférieurs. Les écrans que nous déployons nous conviennent. Nous sommes en direct avec nous-mêmes.
Monday, September 10, 2018
[NO WAY] - 27
Un peu désespéré, il comprit qu’il passait son temps sur le WEB à ne faire que répondre à d’incessantes stupidités échangées à l’aide de différentes applications de messageries instantanées, et comprit que ce n’est pas comme ça qu’il allait rencontrer qui que ce soit. Il partit à la conquête de Paris et traversa sans doute l’intégralité des arrondissements, car lorsqu’il se rendit compte qu’il en avait plein les pattes, et surtout, qu’il était mort de soif, le soleil se couchait sur la plage du côté de la Seine. Un dernier groupe de promeneurs profitait des premières fraîcheurs du soir. Il retourna un peu vers le centre. Le marais. Ses shorts courts, ses sacs à dentelle, et ses bars tendance bière à six euros, mais il s’en foutait : il était célibataire.
Tuesday, September 4, 2018
[NO WAY] - 36
Le temps de formater. Un esprit se mobilise. On glisse. On flashe. On s’arrête quelques secondes. On passe. On se rend compte que le flux est infini. Alors, on s’arrête encore, et on passe à autre chose. Il n’y avait peut-être pas besoin d’en faire autant. Si tout était allé autrement, ce que ce serait aujourd’hui, à ce jour, comme on dit. Ce sont comme des regrets qui s’installent. Là où l’imaginaire se bloque, car c’est impossible à concevoir. Et pourtant, une étape importante est en cours d’achèvement. La conviction est allée au bout. C’est un nouveau début. On fait comme si on était parti de rien, ou comme si on n’avait plus rien. Peu à peu, s’enrichir, d’une nouvelle manière d’être au monde. C’est arrivé sans que cela s’annonce autrement que par la langueur installée tout autour. La déconnexion désirée est maintenant effective. L’addiction n’agit plus. Il n’y a plus non plus cette peur de tout perdre qui constituait une partie conséquente du quotidien. Tout est bien là, au moment le plus juste. Il n’y a plus qu’une sorte de proportion à trouver dans cette radicalité. Ainsi, ailleurs. Les objets continuent d’indiquer les pistes à suivre. Voici un appareil, par exemple, qui ne fonctionne plus, et tous les appareils en arrêt depuis de nombreuses années ressurgissent. Ils font foule, eux aussi. Ils ramènent à l’histoire. Ils offrent une autre dimension à la notion de rupture, tentée à plusieurs reprises, dès le plus jeune âge. Inutile de faire un effort de mémoire. Il suffit de les savoir là, parmi les éléments actifs. De puiser ce que cela génère d’émotions réelles. De ce qui était supposé disparu. Abandonné. De ce qui, de fait, ne l’a jamais vraiment été. C’est un regard qui se pose. Un regard chargé de l’expérience traversée. Une écoute nourrie de tant de paroles circulant dans le corps. Lorsque le premier objectif était d’aider, mais au fond, mieux vaut l’admettre enfin. L’aide était gauchement dirigée. Quelque chose d’autre était en jeu, dont l’une des limites se ressent aujourd’hui, consciemment. Comme payer une dette individuelle. Envers soi. Les dernières ressources sont sur le point d’être épuisées. Alors, c’est l’invention, seule, qui trouve une solution. Un univers parallèle. Un lieu où tout ne fera qu’aller de mieux en mieux, puisque l’échec n’est plus possible, que cette notion a été assimilée au profit d’une autre. Tentative. Essai. Ça n’aurait pas réussi, selon ce qui avait été fixé comme objectif, mais ce qui a précédé, les efforts, les prises de décision, ont agi là où il était possible que cela agisse, tout simplement, recadrant parfois, remobilisant d’autres fois. Un sommet de montagne était attendu. C’est la mer qui se présente. Et l’adaptation est plus aisée dans ce nouvel élément. La force est alors de se dire qu’au sommet de la montagne ne se serait trouvée qu’une forme de souffrance, à trop vouloir lutter. Aussi, ne même pas se demander quand il aurait fallu bifurquer. Il fallait cette tentative. Il fallait cette direction. Il fallait s’imaginer qu’il serait possible d’inclure un grand nombre de connaissances dans une sphère rapprochée. Il fallait reconstituer les visages de celles et ceux à qui les messages s’adressaient. Il fallait, au fond, se produire dans l’inconçu. Chaque fois, s’y attendre. Un coup de sonnette. L’interlocuteur n’est pas là. Il a oublié ce qui avait été dit. Ce qui avait été convenu. À aucun moment il ne considérera qu’il s’est trompé. C’est ainsi qu’il a choisi de vivre cette relation. Tenter sans se l’avouer de se retrouver seul, ou comme il est, ou comme il l’a toujours désiré, au milieu de l’après-midi, encore lourdement endormi, alors que ce qui se préparait aurait dû le mobiliser. Il n’en était rien. Tout cela n’avait aucune importance. Il voyageait, en rêve. Il revoyait une douce arrivée dans un lieu partagé. Il était reconnu. On l’invitait. On le présentait. C’était si agréable d’être ainsi accueilli. Toujours avec un large sourire. Un endroit où il pensait occuper une place qui lui convenait, tellement, qu’il y allongeait ses heures de présence sans plus compter. C’est bien là qu’il fallait développer. Au plus proche de soi. Comme une seconde maison.
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