C’est peut-être le plus difficile à penser pour le moment, les quelques premiers jours : au-delà des contraintes qui s’imposent, je continue à bâtir la barrière de protection. Cela n’est pas très différent des périodes de déconnexion et je m’oblige à ne pas plonger dans le piège qu’on aurait à me dicter comment faire alors que tous mes outils habituels de fonctionnement (à part les longues marches pour soulager l’angoisse) sont pleinement à disposition. Ce que j’ai finalement osé de nombreuses fois et qui constitue d’ailleurs ma force de caractère se met en ordre naturellement. La nouveauté, à étudier encore tant que je suis sain de corps et d’esprit, est un retour à la discipline. Je pourrais m’en tenir à une phrase par jour. Cela me convient. Ne pas céder aux tentations d’aller contre l’évidence qui se présente. On aurait un avis sur le plus grand nombre. Ce n’est techniquement pas possible. L’admettre dès le début sera une manière de mettre en application les angoisses qui s’expriment encore concernant notre désir soit de tout modifier en profondeur, soit de retourner dans les prisons de l’esprit, dans les obligations sociales. Il y aura un après. Je le pense toujours lorsque je commence de nouvelles pages. Aussi parce que c’est toujours arrivé. De ce point de vue, je n’ai jamais été déçu. La différence, cette fois, est l’extrême désocialisation et cette attente moralement fébrile alors que tout signifie que je suis si loin de tant d’acharnement. Je ne dois pas chercher de cohérence dans mes propos. Le désordre sera ce que je retrouverai plus tard en espérant que j’en rirai. Je vois tout de même comment agit le régime d’exception. Je pourrais l’appeler l’appel de la pensée. La confrontation à ce niveau d’exigence semble rapide et efficace. En quelques mots. De toutes les rigueurs que je m’étais infligées, il n’y a rien qui manque au devenir. Ce n’est plus le sujet. Comment le trouble se dissipe à l’apparition des figures de la logique, voilà ce que serait la métamorphose d’une fantastique élaboration du vivant. Ce sera encore chaque jour basé sur quelque conviction qu’hier encore vacillait.
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