De tous ces relevés, je prends celui qui m’ordonne de ne pas changer de catégorie. Cela commence à se faire sentir dans les liens prévus pour maintenir la poudre que nous avons aux yeux et je ne suis pas surpris de voir s’accroître les désaccords fondamentaux eux-mêmes directement en rapport avec nos conditions de vie. La question de la durée se remet à l’œuvre et la pensée vient, comme à son habitude, lutter contre un sentiment d’agressivité que je réfrène, sans doute à cause du schéma qui se répète alors que tout est chamboulé actuellement. Je suis assez disposé à une forme de radicalité comme ce qui n’a jamais cessé d’être moteur de ma vie, heureux que revienne, en conclusion, l’enfant, ce jour où j’ai seul trouvé le moyen de me distinguer par ma non-dépendance à la présence d’un autre pour apprendre et jouer, fondant le principe que je vais peut-être taire quelque temps pour continuer la nécessaire protection. Ainsi, tout se passe dans la pensée. Le féodalisme est peut-être fini. Si un autre âge commence, il serait renaissance, il sera classique. Avoir ce qu’il faut et ne pas avoir besoin de sortir du palais. Merveilleux visages qui se présentent. Je dois les reconstituer. Ils sont nobles, je dirais. Sans surprise s’ouvre en grand la voie de la liberté. Celle-ci n’est pas comme on l’a lu dans les livres d’histoire, car l’histoire est différente. Nous ne sommes pas dans les rues réclamant. Elle est offerte par nature et ne concernera pas tout le monde encore (c’est un effort permanent de l’esprit que de concevoir que je verrai toujours des corps tomber et des âmes se perdre), mais celles et ceux qui en sortiront auront un autre discours, et j’en fais partie. À tous les degrés, ce qui se propose doit être orienté, comme guidé. Les formes se transforment lorsqu’elles sont traversées par le savoir qui n’est pas livresque cette fois-ci. Il s’agit directement de l’humain. La matière brute. Je ne sais pas encore à partir de quand je verrai les effets de cette grande dissociation. D’une certaine manière, je le vois en pratique, dans le quotidien, ce qui veut dire que le temps de transmettre n’est pas venu. Je dois encore étudier autant les textes que ce que leur lecture provoque en moi, mon attention toujours portée sur « l’avant-tout », genèse de tout acte créatif fût-il inventer chaque matin le déroulé d’une pensée longuement continuée.
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