Monday, March 16, 2020

Chroniques de l'invisible - 071

Je pense étrangement à celles et ceux qui pourraient actuellement se sentir en échec, à ce que peut être leur vie lorsque tout rapport hiérarchique n’a plus aucune effectivité. C’est certainement une partie de moi qui je transfère parce que parmi celles et ceux, il y en a un qui prédomine ou focalise. Presque une relation de couple, déçu ou vexé qu’il ne me réponde pas. Il est vrai, c’est un homme. J’ai imaginé toutes sortes de conflits entre nous. C’était moi me battant avec ce qu’il pouvait représenter. Ce moi à qui j’avais refusé le dogme. J’aurais pu, d’une certaine manière, m’investir d’un don que je n’avais pas pour faire croire au monde entier (j’ai vu quelques mécanismes à l’œuvre, c’est terrifiant) que mon avis allait être plus éclairant qu’un autre. La difficulté première est de ne pas se sentir supérieur et de venir admettre, même ici, que cela ne concerne que l’être en soi. Au fond, c’est encore une question de catégorie et de classe sociale. Ce n’est pas clair comme de l’eau de roche. Je me sens tellement habité qu’en terme de catégorie, je me sens privilégié. À la base de tout cela, il y a une stupidité de système. À ce stade, j’en suis encore à ne pas savoir comment agir concrètement mais j’ai confiance en mes capacités, et surtout, connaissances du terrain, pour ne pas être dans le désœuvrement. Privilégié, car je n’aurai pas à quémander. Je n’ai pas non plus somme de travail en retard, éléments que j’aurais à rattraper. Pour preuve, je ne me suis jeté sur rien à part la concrétisation d’un désir. Je me doute que j’ai à poursuivre l’introspection même si les détails qui me font ouvrir ce nouveau cahier, comme par magie, ont tendance à s’estomper rapidement. La méthode est la même sauf que je m’interdis encore un plus grand nombre d’allusions. Je me dis que persister à croire que mes phrases contiendront suffisamment du mouvement de l’être pour traduire est comme une épopée. Pour l’instant, je me sens quelque peu démuni car je le répète depuis quelques jours, et j’ai vu mes propres mots présents ailleurs, en accord avec le publiquement correct, cette terrible question de savoir ce qui va pouvoir tenir. C’est ma première impression que je conserve indemne. Il n’y a pour le moment pas assez de mots et je vois tout autour de moi le superficiel s’effondrer.

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