Sunday, March 1, 2020

Chroniques de l'invisible - 056

Et puis, comme ne jamais céder, ayant vécu l’impressionnant renversement du temps, là où j’aimerais encore avoir à conquérir tellement j’y trouve tout sur le point d’aboutir, la fameuse première fois qu’on attend tous, j’avais imaginé qu’il ne pouvait en être autrement, cela se déroulait de la même manière, pas de distinction, on ne distingue pas, bien sûr c’est la nuit, il faudra attendre, la situation rendue inconfortable pour ce qui accueille, ce qui n’a pas le choix, pas voix au chapitre, ça s’impose, ouvrant le livre à la page 1, bleu nuit, certainement le hasard, cela arrive sans qu’on l’ait prévu, c’est l’imprévu. Si j’étais prêt, c’était pour justement, dans la préparation, mettre en place un outil qui soit une aide permanente jusqu’aux levers torturés ou plutôt tourmentés. Cela s’articule de la même manière. À partir de ce jour, je décide que, et cela s’oriente, se modèle. Il faut juste avoir la confiance, en soi, que cela arrivera. De ce point de vue, je constate que je suis souvent seul, à y croire. Jusqu’au bout, jusqu’au dernier moment, au bord du gouffre, c’est moi qui pulse et invite à continuer. Surtout, je suis le seul à voir (c’est l’enseignement bien sûr, mais pas seulement, c’est que dans l’amont, l’avant-tout, je n’ai pas distingué ce qui me lie à l’autre) que la question a été déplacée, que l’enjeu de base n’est plus le même, que plus personne n’écoute. Une image de cela, inscrite, isolée, vient intimement faire sens avec tout ce qui s’est dit comme avec tout ce qui s’est décidé pour à nouveau refaire la place nécessaire aux formes dites de qualité. On ne fera peut-être pas de lien avec les événements du réel, car d’une part, il sera trop tard pour intervenir et, d’autre part, il y a fort à parier que je ne rencontrerai pas de sitôt les personnes qui s’intéressent suffisamment à l’autre le temps que tout s’écrive. En soi, c’est un fait réel pour le coup, je m’en moque absolument car je vois globalement plus clairement et cela me suffit. Seul, comme je le serais toujours écrivant, je n’ai pas à m’inquiéter de cela. Ce serait alors moi qui déplacerais le sujet et je n’ai depuis longtemps plus envie de cela. Le fait qu’un élément se connecte quelle que soit l’énergie qui circule dans mon corps, où qu’en soient les failles, les maladies, les discordes internes. Offrir à un autre domaine la possibilité d’un récit me séduit d’autant plus que je perçois en chacun où peut s’arrêter l’imaginaire et la capacité d’invention. Lorsque le dialogue avec soi s’installe, qu’il est plaisant et rassurant de tout y comprendre. Je m’étais vu retourner là où, quelques jours plus tôt, une semaine peut-être (soyons précis, c’était le 21 février), je m’étais en quelque sorte senti exister d’une manière singulière. Pourtant, ce qui a gagné (mais la nuit n’est pas finie), c’est de faire exister le même besoin ailleurs, autrement, avec une variation non négligeable, composée d’une sorte d’économie, puis de ce que j’aime, au fond, ne rien devoir à personne lorsqu’il s’agit de l’esprit où je ne fais que communiquer. Un portrait ne sera qu’un reflet de ce qui s’est passé. Cela pourrait ne rien dire du devenir à cause de l’abondance et je suis presque impatient maintenant de savoir ce qu’il se passera dans quelques pages.

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