Ainsi dans chaque mot, plusieurs sources. Je n’avais jamais fait cela, pris le temps de faire cela depuis, peut-être, le début de ma vie consciente. Ce n’est pas vraiment le genre « travail en retard à rattraper » (c’est assez rare que je sois en retard), ni faire le grand ménage (à moins que ce ne soit ça, justement, le grand ménage, mais alors, le grand ménage de l’esprit). J’en ai eu de longues vacances. Je ne cherche même pas à comparer, tellement c’est nouveau. Rien, donc, de comparable à ce que j’ai déjà vécu. Je me sens parfois comme un convalescent, un convalescent parmi d’autres. Pas de maladie physique (sauf que tout est physique). Pas d’autre médecin que moi-même. Une longue méditation. Cela s’oriente peu à peu comme une prise de conscience mais c’est d’une lenteur méconnue. Je pense bien sûr à ce qui m’aspire habituellement, à ce que j’écrivais il y a encore quelques semaines. Tout ce qui tombe et tout ce qui reste. Ce que j’associais hâtivement au présent alors que je n’en savais encore rien et que c’est seulement aujourd’hui que, peut-être, je commence à apprendre. Je suis surpris par cette lenteur, du temps qu’il faut pour s’imprégner, prêt à dire « même moi » qui pourtant connais les affres des longs apprentissages, même moi, donc, qui sens naître les fictions joyeuses, les moyens de ne plus se laisser prendre au piège au moins pendant une période que je n’ai pas besoin de justifier. Sans surprise, celle ou celui qui aimerait encore exister se manifeste. Là, pour le coup, je connais bien la méthode. Plus de contact. Je me souviens trop des nœuds dans l’estomac, des tremblements sur le trajet. C’était facile. Il suffisait d’appuyer sur le bouton, mais désormais, ce sera le mensonge, ce que je me refusais encore d’applique pensant que la sincérité était mère de vertu, ce qui n’est jamais le cas dans certains milieux, dans certains domaines. Alors, c’est parti. Je m’apprête à dire n’importe quoi, à moi aussi faire valoir ce qui n’existe pas au profit d’un besoin terrifiant de passer à un autre. Surpris, donc, que cela reste si longtemps, en suspens, que des images viennent s’enivrer de toutes les correspondances nouvellement échappées.
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