Friday, March 20, 2020

Chroniques de l'invisible - 075

Ce n’est peut-être pas cela. C’est peut-être autre chose. Toujours est-il que c’est impressionnant, et parce que c’est aussi immédiat, au contact d’un poison. Ainsi le corps, de ce qu’il a absorbé, réagit. C’était hier mais c’est encore là, sur la table. J’aperçois quelque détail supplémentaire. Je n’avais pas suffisamment observé l’arrière-plan. Je n’ai pas à fouiller partout. Je comprends le message de ce qu’il y a à observer, l’homme blessé, mais ce n’est pas un homme, c’est un ange. Il porte une signification à chaque fois, non, en ce moment, il change parce que le regard change, aidé de toutes les fictions nées de l’éveil. C’était simple, comme d’habitude, des événements de la pensée apparus n’ayant pas les moyens de se fixer. Même dans ces conditions, il fallait quelques jours. Tout va si vite. Les états les plus contradictoires se succèdent. Des addictions qu’on ne soupçonne pas sont en train de s’exprimer. C’était une crise, c’est certain. Les mêmes symptômes devant l’inaccessible, avec peut-être une différence de taille. L’enjeu n’est plus là, puisqu’il n’y a pas encore de fin pensée à cela. Je dois l’envisager ainsi : c’est un tout. Il n’y a pas de signification stricte ou de lieux où la parole serait vraie. L’interdépendance, aussi, du langage, mérite, aussi, en soi, d’être continuellement si ce n’est analysée au moins prise en compte, car c’est un enseignement permanent. Je l’avais pensé il y a plus d’un an. Je l’avais même conçu théoriquement. C’était limpide. Il manquait du courage, assurément, pour en venir à bout car à chaque instant il fait réussir à soit s’accrocher sur l’actuel soit l’abandonner pour autre chose. J’en ai assez. Assez ! Et le livre tombe, l’activité tombe, on passe à autre chose. C’est comme la douleur. Ça doit circuler. Je n’ai pas besoin de tous les codes pour comprendre. Je n’ai jamais fait différemment, alors je ne devrais pas m’en faire, mais c’est au-dessus de mes forces. J’ai juste à me laisser bercer. Au fond, c’est ce que j’aime. Ce n’est pas un abandon. J’aime ces mots-croisés actuellement, presque rien d’autre, et je me moque de la pauvreté de ce que cela véhicule. Cet espace est l’infini. Je l’ai pressenti alors que j’étais encore vivement perclus par la nécessité de convaincre. Ce qui valait la peine, c’était la découverte et encore maintenant, j’y suis comme en permanence à l’écoute. Je n’ai aucun doute que ce rendez-vous était inscrit quelque part. La virulence de tout ce que j’entreprends sans limite me garantit que cela ne se dévoilera jamais. J’entre vraiment dans l’inédit.

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