Saturday, March 7, 2020

Chroniques de l'invisible - 062

Je m’étais sans doute un peu trop hâtivement imaginé que cela rendrait les voies douces et pleinement apaisées, définitivement immunisées, saintes en quelque sorte. Pourtant, ce que je constate autour de moi et ce qui m’aura il y a quelques jours agressé n’a d’autre objectif que de remporter la bataille symbolique. Tout pouvoir serait alors monopoliser les moyens pour contrôler la masse. Force est de constater que la mobilisation est forte. Les réseaux souterrains ne sont pas épargnés. L’une des réponses les plus difficiles à formuler s’agissant de savoir jusqu’où tenter, continuer, se battre, dans l’âme, lorsque tout se reconnecte pour suggérer une très active guerre civile. Quelle beauté de se trouver face à ces énergies, comme je l’avais formulé avec le plus récent de ce que je suis devenu me posant si clairement dans la concentration créative, avec le corps, cette fois-ci dévoilé, ses déchirures et tout ce qui m’aide à mobiliser lorsque le pareil se présente. C’est cela, pleinement, que je mets à l’épreuve, ces scènes de vie qui auraient été relatée tout autrement si j’avais pris l’option de l’enfermement d’un tout partagé sans valeur. J’y trouve la réelle différence et je convoque une forme radicale, jusqu’au bout, ne lâchant pas. Rencontre de l’esprit dans l’esprit. Ce sera le moment d’une révélation et non d’une consécration. L’écriture m’offre de ne rien perdre de tout cela et je me souviendrai de la manière avec laquelle j’ai su, sans le projeter, vivre l’appel d’une véritable distinction alors que l’émotion appelait à tout dire d’un coup, à toutes et tous, pour me plaindre et me plaire dans cette plainte. Maintenant que ce ne sera plus jamais un objet de séduction, il ne restera que cette nouvelle pratique dont je tire toutes les forces quand le temps se resserre et que je dois lutter contre l’immense angoisse de la masse torturée. Je me souviendrai également que ce qui se projette se réalise en amont, sans mesure, car déplacer dans l’avenir est l’alimentation d’un fantasme pur alors que là, enfin, et concrètement, je m’intéresse au devenir. C’est cela qu’il fallait réussir aujourd’hui et je ne suis pas déçu. Les pensées vont à ceux qui habitent le palais, presque personne d’autre, une réelle transfiguration du désir, un réel absolu de l’être.

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