Friday, April 24, 2020

Chroniques de l'invisible - 110

Alors, c’est ça. Il faut continuer à nettoyer, à filtrer, toutes les paroles, pour ne pas violenter la personne qui violente. Sauf que depuis peu, je ne la protège plus, cette personne. Je veux même qu’elle périsse. Elle a suffisamment œuvré. Il est temps de passer à un autre mode de fonctionnement. « Leur » problème se manifeste toujours de la même manière. C’est trop tard. Le regret de ce qui n’a pas eu lieu les concernant les foudroie instantanément. Cette déroute me parvient, mais comme je la savais en pleine action, comme l’écriture l’a déposée en amont (il n’y a qu’à vérifier les dates), je n’ai plus rien d’autre à faire désormais que de poser mes exigences avec moi-même. Il n’y a rien d’autre en jeu. Je connais parfaitement cet effet. La vie d’avant sert toujours de test pour affronter les situations à venir. Je l’ai compris au moment où j’y signais d’un nom inconnu. La marque de l’auteur vient briser la chaîne de responsabilité et renvoie la faute à celui ou celle qui l’a commise. Je ne connais pas de plus belle révélation et de meilleure manière de faire dans la société où j’exerce actuellement, là où il m’est permis d’agir. Il n’y aura aucun mot échangé sur le fond. À cause de la question de l’intelligence que je pressens comme un sujet tabou à fleur de peau, au bord de pouvoir être entendu, et je suis dans cette dynamique-là. Le faire entendre. Pour ce faire, je dois d’abord m’entraîner à le répéter dans l’œuvre, dans la matière. Au sein de la violence réelle. Là où le langage dresse ses remparts pour protéger d’autres mots dominants.

---