Tuesday, April 14, 2020

Chroniques de l'invisible - 100

Mains tremblantes. Ce qui m’a sans doute échappé, remis en question. Je dois écouter les sensations, ne pas céder à quelque facilité. Ce serait si simple de passer cette épreuve « comme avant ». La culture qui s’opère dans le corps du texte est d’une autre nature. Je pourrais considérer que ce n’est pas important. En quelque sorte, faire semblant, mais je prends tout cela fort au sérieux. Oui, je veux m’y consacrer et pour que cela vienne à moi, je dois accepter des logiques cycliques durant lesquelles on peut apparaître et disparaître, ne pas être en mesure d’être sur le terrain, physiquement. Ce que j’élabore avec ces données pourrait être mystérieux. Voyons ce que cela serait ou ce que cela a été. J’apprécie beaucoup certaines odeurs grâce auxquelles j’interroge où se situe la maturation. Si c’est là l’énergie créatrice, ou en tout cas une partie de cette énergie que je ne prenais pas en compte, je suis prêt à le vivre dans son intensité. Écrire comme cela modifie le mouvement respiratoire. Je peux m’offrir ces jours-test, ne faire qu’être avec cela une bonne partie du temps. Je n’ai aucun doute qu’au début d’une période où l’égo peut magistralement s’exprimer ne surgissent que des outils sans contenu que l’être consommant a du mal à maintenir en place tout en se croyant indispensable. Le serions-nous véritablement que nous aurions été rappelés en renfort. Tout ce que cela pourrait traduire dans les faits est mon impossible retour, le fait qu’après convalescence et rééducation, des formes autoritaires de ce genre soient me concernant inenvisageables, voire concrètement intolérables. C’est concret, cela tombe vraiment, je le sens dans la souplesse de tous mes gestes et de toutes mes réflexions. Aussi, appliquant à la lettre ce que de découvre, je sais que je dois, avant de revenir au front m’être doté d’une armure que personne ne pourra briser. Cela commence dans l’imaginaire. C’est là que tout fut créé par besoin vital. Ce n’était donc pas un hasard et j’entends les signes concordants. Le savoir dès la naissance est si puissant. Et me rendre compte que le niveau sera toujours réactivé l’est tout autant. Si je lis à la lettre, je dois fabriquer dans l’esprit ce qui permettra une action sereine. Il n’y a rien de prédéterminé à part la capacité de l’esprit. C’est à cela que je n’ai pas cédé, à cette foi inébranlable. J’ai bien conscience du paradoxe que cela soulève et je n’ai pas honte à l’intérieur du palais d’interroger les fondamentaux, de les remettre en jeu. Gagner du terrain par la voie de la consolation suffira. On ne soupçonne pas ce qui s’acquiert dans ces pratiques libérées. Cela se passera en dehors de l’écriture, à travers l’écriture, pour l’écriture. Les pistes seront si nombreuses qu’il n’y aura plus qu’à piocher dans le vivant de l’être. J’aime ces dictionnaires et ces listes de vocabulaire qui s’établissent au fur et à mesure. J’aime que le présent soit si présent. Il fallait un contour pour le visualiser. Je plonge dans tout cela sans aucune crainte.

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