Le point fondamental sur lequel je suis disposé à ne plus être d’accord avec des formes d’autorité aujourd’hui déjà réglées concernant cette manière de se rendre indispensable pour valoriser son action est sans doute de maintenir mouvant le terrain de l’expérimentation permanente ne figeant pour le moment ni aucun lieu définitivement ou temporairement, ni aucun lien avec l’obligation morale qu’on aurait d’assumer les conséquences de nos effractions à l’intérieur même du réel, là où survit une telle énergie que je comprends que certains aient peur de l’affronter pensant tout naturellement qu’ils auraient découvert un trésor alors que c’est une des expressions de la vie dans ce qu’elle a de plus incompréhensible sans être pour autant inaccessible. Je dois avant tout considérer que si je reviens d’un combat blessé (et je le suis puisque la douleur survient), l’urgence est de suivre l’injonction du langage qui, je n’ai de cela aucun doute, s’adresse à moi si je suis le seul à avoir vu, lu ou entendu ces mots. Retour au fait réel, à l’autre fait réel, à l’autre effet du réel, celui-ci que je travaille dès lors que l’écriture se met à l’œuvre dans l’aspect le plus concret de son élaboration. J’aime l’idée d’être dans la même disposition qu’un autre, que je sois moi aussi confronté à la perte de tout car c’est lorsqu’il est possible de tout perdre que cela peut créer. Il y a un tel débat intérieur que je dois laisser l’espace de la création disponible. Conclure trop rapidement serait supposer en amont ce que cela pourrait modifier à l’intérieur du langage. Or, s’il est un lieu où l’on ne peut pas se hâter, c’est le langage. Il est comme la terre, comme les arbres, composé lentement, modifier lentement. Je ne suis pas à son service. Je suis celui qui naissant à nouveau déplace comme chacun parce qu’il occupe un espace. Et il est vrai que peu à peu je sens la manière de faire se métamorphoser. Je n’ai que faire de répéter, que des mots reviennent, des ponctuations reviennent. De même, je perçois que la peur d’une incohérence a totalement disparu. C’est nouveau. Peut-être depuis la phrase qui le dit. Je suis confronté à quelque chose de l’ordre de l’intuition, qui est plus fort encore, pas au sens de supérieur, au sens où il est peut-être un terme trop difficile à traduire, dans une autre langue. On dirait platement ésotérique, mais pareillement, c’est plus fort, au-delà de cela, comme une présence absorbant mes pensées, qui m’accompagne, c’est vrai, mais que j’accompagne aussi. Ce n’est pas une entraide. Nous sommes sur un même chemin.
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