Sunday, January 5, 2020

Fragment de jours - 08

Ce ne sera jamais qu’une manière de se montrer en public, car tout cela finit par se voir. Je viens vivre en direct la gestion d’un temps inconnu qui par tous les écrans interposés ressemble à ce profond ennui très certainement à l’origine d’une contestation faussée, lorsque le langage n’a plus de forme compréhensible et que se libère l’étrange sensation de n’être, ou de naître, un peu fébrilement, de n’être plus de ce monde dans lequel je plonge encore, après tant d’années de préparation, du jour où je me suis avoué quelques vérités, toute une démarche qui a consisté à mieux former l’invisible, à mieux le dissimuler parmi les foules. C’est ainsi qu’en ces temps difficiles, je reprends le chemin du travail, tel que je le sais pouvoir agir sur les lendemains alors que de l’autre côté ne sont plus que brouilles interminables, que suppositions stériles de ce qui se produit dans la vie. Puisque je ne sais pas, je ne suppose rien. Cela me laisse de glace d’apprendre qu’une partie de ce que je suis choisit d’entrer dans la discorde. Je n’y appartiens pas. Je ne suis pas de ceux qui s’honorent d’exploiter la misère pour faire fructifier leur privilège et avec cela, leur héritage. Ainsi, chaque jour s’exploite différemment. Je n’y croyais pas absolument lorsque je m’étais lancé cette idée utopique. Cela dit, non seulement je l’avais eue, cette idée, mais je m’y étais laissé conduire, peu à peu (il suffisait de nettoyer un peu, puis de modifier son mode de pensée, et seulement, allez, quoi ? Un mois peut-être, tout était différent). Je pense par exemple beaucoup au jour où je suis arrivé, empêtré d’images du passé. Tout cela n’avait l’air de rien. Une étape dans la vie. Sauf qu’étrangement, c’est ici que s’est faite l’histoire. Avant, il n’y en avait pas. Il y avait des velléités, mais pas d’histoire. Elle ne pouvait commencer. Il fallait des événements pour mieux me placer. Je n’étais pas suffisamment armé. Alors, étudier, étudier, étudier encore. Et préparer l’élaboration d’un exemplaire rare avec ces mots comme des personnages agissant en continu dans la matière. L’absolu était à portée de main. Que manquait-il encore ? De se délivrer. Se libérer sans s’échapper, car spontanément, j’avais pensé m’échapper, tout changer, m’établir ailleurs. Je pensais à l’étranger, à la langue étrangère. C’est même d’elle que j’étais parti, pour me confronter à de pires énigmes. Cela n’aboutissait pas parce que je voulais encore être admiré. C’était pour la même personne. C’était pour quelqu’un d’autre que moi. Je pensais naïvement qu’on agissait tous de la sorte. C’était l’erreur à corriger. Revenir au présent. Ne pas penser l’avenir à partir d’utopies. Toutes allaient tomber les unes après les autres. Et c’est lorsque je vois la dernière disparaître que je le réalise. Que je le concrétise. La dernière n’était pas forcément la plus facile. Peut-être même la plus tenace. Cette capacité que j’avais de soumettre mon opinion à l’expression des autres alors qu’au fond, qu’avais-je à espérer ? J’étais le mieux placer pour comprendre. Pas tout (je n’ai pas cette prétention), mais tout ce qui me concerne directement, et j’ose le mot : intimement.

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