Me voici donc en confiance dans mon domaine d’inspiration, là seul où se trouve la véritable épreuve attendue, le certificat, la mention qui atteste, ce qui m’aurait plu d’obtenir rapidement dehors, je m’y confronte avec encore plus de lenteur, de patience dedans. Cela m’amuse d’avoir imaginé un premier printemps la veille d’un jour glacé. Mister Météo. Que je vois sur tous les écrans télé. Prévision ceci, prévision cela, conseils sortie culturel, du coq à l’âne mais certainement ordonné, bien placer le fait divers au bon moment, avant le sport, la pub, et déjà la fatigue de ce qui est censé accompagner notre éveil. Le premier printemps est donc ailleurs, définitivement ailleurs même si ces bruits habitent en continu, empêchant de penser. On s’en souviendra. On les comptera. Des transitions où l’avant et l’après coexistent. Ce n’est pas confus. Cela demande plus de concentration. Je sais le faire. Je me suis entraîné. À la rencontre de toutes les traces que j’ai laissées sur mon chemin. Là où jamais je n’aurais supposé que l’on puisse calculer. Ce laisser-faire admirable, surtout lorsque je le retrouve plusieurs années après, alors que je tâchais de taire l’ennui, j’avais disposé, et aujourd’hui tout cela communique avec moi. J’aime ce que cela procure, de la joie, et j’aime aussi qu’il y ait partout différents degrés à aborder, du plus sensible au plus effleuré, puisqu’il n’est plus question de rien d’autre, j’ai ouvert un nouveau champ qui m’accueille. Ce n’est pas lui qui résistait. Il contenait peu d’inconnu. C’était moi seulement. Une angoisse de calendrier peut-être. Me rendre compte que certains jours il n’y a presque rien, m’en rendre compte plus tard, ce jour-là était vide, et pourtant, il contient. Tout se mobilise en moi. Je veux une trace de ces joies, de ces facilités. Je n’avais plus qu’à profiter d’une forme de loisir. Je m’offre ce temps.
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