Nouvelle lune. Ciel poétique. Les encombrements de la pensée sont si loin. Une journée pour soi, un peu à part, en observation. À partir de tout ce qui s’est élevé. Je ne pense plus et ne ressens plus comme avant le temps de l’ancien, presque littéralement évaporé, ou plutôt diffusé. Il y a eu comme un éclat non violent, sans précipitation, sans immédiateté. L’événement grâce auquel je m’autorise à relier n’a pas cette ponctualité qui gouverne nos croyances ou nos désirs, comme si cela allait changer à une heure précise, un jour précis. Nous serions plus assurés à prendre en compte l’ancien alors qu’il faudrait tant de détails qu’il n’y aurait qu’à le revivre pour bien tout comprendre, comment tout s’est enchaîné, la personne qui entre, celle qui sort, celle qu’on rencontre, la vitesse du train, la couleur du ciel, le parfum des feuilles, la force du vent, le froid. De tout cela, on ne retient (au sens intellectuel) que soi-disant l’essentiel ou un résumé (j’ai vu untel, j’ai fait ceci, cela, etc.). En fait, on retient tout d’un point de vue sensoriel. Prendre conscience de ce phénomène pour soi et pour le monde entier, c’est vivre chaque seconde comme un événement ; le présent devient l’importance. Je pense alors à l’oublié, ce qui ne fait pas sujet. En quelque sorte, le domaine de prédilection. C’est l’option que je prends : il n’y aura pas de jour sans.
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