Friday, January 17, 2020

Chroniques de l'invisible - 012

Le premier printemps rappelle l’événement ancien, ce qui persiste, résiste, détourne aussi la perception, les signes que ce qui sera un plus tard non seulement se prépare mais s’annonce déjà. C’est donc un relevé, un relevé pour assimiler, un relevé pour plus tard, comme l’écriture se dépose sans manigance dans l’œuvre du temps. Temps d’observation, comme on écoute une mélodie, comme on lit un livre, comme on feuillette des photos. Cela rassemble en soi ce qui a tendance à être négligé du fait de nos vives impatiences. S’occuper alors de tout en même temps. En un regard. Il y aura un régime d’exception. C’est moi qui le déciderai, après une étude de tous les éléments, l’essentiel se délie, l’intrigue se dénoue. Ce n’est pas pour tout expliquer. Tout ne s’explique pas. J’aime l’idée qu’en agissant sur la perception je construis pour moi le rôle d’un contenu et qu’il soit disponible à qui voudrait le rencontrer, voire le partager. C’est un des moyens de le diffuser. J’en connais d’autres mais celui-ci est plutôt rare dans le milieu social que je fréquente. Je ne connais pas toutes les manières de faire. J’observe juste que cela se produit pour moi dans la vie. Je prends ce rôle très à cœur, sais combien il est difficile de le concevoir dans notre temps soi-disant moderne où on inventerait chaque jour de meilleures façons alors qu’elles tentent de réduire au silence l’oralité d’un système bien plus ancien qui n’a pas attendu qu’on puisse faire le tour de la Terre en un éclair pour se doter d’une force de régulation de l’être.

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