Joie légère au réveil. À nouveau tout m’amuse. Je suis sans doute trop peu attentif pour mémoriser toutes les combinaisons, et les critères qui agissent, et les distances à calculer, les mauvais élèves de la classe (ou le meilleur, finalement) qui ne fait pas l’effort d’apprendre des listes et refuse très clairement de se laisser prendre au jeu du dogme et de l’examen de passage qui aura selon moi toujours pour effet d’installer dans les rapports sociaux une arrogance qui n’a aucune raison d’être et qui pourtant agit perpétuellement dans cette période historique dans laquelle je vis contenant des principes ou des points de vue qui réclament qu’on traite le sujet avec un esprit rénové. Ce que nous collons aux images (aux figures) l’est la plupart du temps pour simplifier ou vulgariser des phénomènes en lesquels nous ne pourrions soi-disant croire qu’à la condition qu’ils contiennent un modèle à suivre, un modèle à respecter. Il n’en est rien. Il ne s’agit pas de tous les faire tomber mais de replacer leur rôle dans un tout constituant. Il en serait ainsi pour toutes nos hiérarchies, la trinité familiale et notre amour pour un prince, une figure, encore, qui concentrerait le pouvoir des masses grouillantes, et qui pourrait avoir pour fonction de stabiliser ce qui n’est que mouvement. Il faut admettre que ce qui agit en nous n’est pas toujours connecté au présent. L’effet de ce qui se passe, de ce que nous recevons, peut mettre du temps ; ce qui a lieu immédiatement, cette révélation met en branle une élaboration qui s’inscrit dans toutes les élaborations déjà en cours d’exploration. C’est un cumul permanent. Ne rien figer en cela, c’est offrir au devenir des voies non préconçues, ouvertes à tous les succès. Ce jour est comme un jour d’épuration. J’élague le vieux jardin plein de ronces qui rend le corps textuel tout à fait indéchiffrable. Éviter les détours, les sujets qui ne concernent que l’amont. Cela a existé et cela suffit. C’est un soulagement incroyable de voir disparaître les troubles et les paradoxes, avec les assignations. On ne garde que le récit. Je le veux bien double mais je ne le veux pas trouble. Je me demandais ce qui se déciderait en cette fin de lune. C’est cela. Direct au but. Finir, c’est supprimer ce qui a résisté. L’incompréhensible ne rend pas mystérieux. Il fatigue inutilement. Aucune précipitation. Recommencer encore lorsque la forme m’apparaît qu’à peu près. Il n’y a pour cela rien qui presse. C’est important. Ce que j’apprends en cours d’élaboration doit s’appliquer intégralement. Et tout au long de la journée. Il n’y a plus qu’un fil tendu d’événement en événement. C’est une énergie que je n’ai jamais connue, à travers les heures, en contrôle. Voie rapide. Rien ne peut devenir un obstacle. Je jette de rapides regards sur le passé récent. Tout le travail semble n’être qu’une seule seconde. Envie de crier au monde : « Vous êtes tous magnifiques ». Tout danse comme une folie.
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