Friday, January 10, 2020

Chroniques de l'invisible - 005

Pleine lune en cancer. Il est vrai que la période de trouble est très forte. Je comprends mieux pourquoi des règles s’installent. On aurait besoin de donner du sens, sinon, serions-nous gouvernés par le hasard de la vie ? Manifestement non. Commander la douceur d’écrire et ne pas se laisser envahir par les superstitions a dû être une rencontre fabuleuse, une nécessité, peut-être même un premier traité de paix. Tout cela, on se l’imagine mal. Un Moyen Âge de l’écriture. Des domaines comme des territoires de la pensée qui, de toute façon, s’articulent déjà. Au sommet d’un état de l’être, une garantie. Je l’accepte absolument lorsqu’il s’agit de cette merveilleuse alchimie, mais je la mets en doute pour les effets du réel, alors que cela se coordonne de la même manière. C’est dans l’enseignement que je puise, dans ce qu’on laisse disponible pour agir aussi bien sur la durée universelle que sur notre action éphémère. La douceur qui s’installe a un aspect presque consécutif aux événements à la fois troublants et symboliquement violents. Ce n’est pas l’action d’un corps sur un autre, d’une même temporalité qu’on pourrait croire admirablement partagée en deux valeurs égales. C’est le même corps au sein duquel énergies et influences, intuitions et conceptions, se dotent pour ne pas avoir à revenir aux deux tentations les plus fortes : imposer et détruire. L’autorité spirituelle est un alter égo. Elle n’a pas été conçue avant l’être. C’est l’être qui la fabrique sur son chemin de vie. Elle est nécessaire à toutes les confrontations sensorielles auxquelles chacun risque d’être soumis. Là où elle fait autorité, c’est dans la pensée, l’imaginaire par exemple, ou ce que l’on se raconte à soi-même. Le transvasement de l’un à l’autre de ces univers par nature fictifs est équivalent même si les temporalités ne sont pas similaires. L’autorité est ce qui nous appartient absolument, la marque d’un tempérament, d’un caractère social. Elle peut être plus ou moins sauvegardée, et malheureusement peut se laisser corrompre, envahir, détourner. Le premier réflexe pour l’identifier fut me concernant de me précipiter dans le savoir, l’étude, la spécialisation alors qu’il suffisait, comme je sais pourtant le faire, de composer au fur et à mesure en agissant sur mes réceptions avec la même manière, presque sans réfléchir, comme une imprégnation. Retour donc à mon niveau, là où je suis et ce que je peux comprendre. Avec quelques ajouts et quelques associations, tout s’activera. Le fait de ne pas laisser agir les seules dualités d’hier met en articulation le réseau, n’empêche pas l’harmonie et l’équilibre. Rien, jusqu’ici, ne m’annonce que ce n’est pas la bonne voie. Je ferai peut-être mieux. Je suis curieux d’ailleurs de voir ce que serait une menace. Tout dit le franchissement d’un niveau, comme une récompense interne. Parce que nous n’aurions pas la même source de langage, quelque chose qui ne se dit pas avec mes mots, une autre manière de communiquer, voies sans fin possible surtout lorsque l’on admet que c’est là, que cela agit mais que nous n’en savons rien. La plus belle orientation du contrôle est qu’il prend source dans le non-savoir au sens de tout ce qui ne peut pas être dicté. Je ne suis pas surpris de constater alors que tout accélère. D’avoir mis à l’étude me fait bien mieux apprécier la beauté. Une sensibilité s’affine. J’adore lorsque je me dis que cela ne s’arrêtera peut-être jamais. Que je suis dans un dynamisme infini. Ce n’est sans doute pas sans signification qu’à présent le calendrier compte. Il sera une mémoire de cette période. Cela ne concerna pas autrui encore, à part que des connexions se transforment en temps réel dans mes relations sociales. J’y trouve un accueil favorable. À ce stade, je ne perçois que des aspects positifs. Une infinie confirmation de l’état de l’être. J’attends que le livre me parle. J’y perçois une voie possible. Mon interrogation sur la figure d’auteur (mon alter égo) se poursuit, ou se forme. Y croire, c’est ne rien précipiter. La foi comme une tentation, corrigeant les défauts d’origine ou les erreurs de jugement.

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