Wednesday, February 26, 2020

Chroniques de l'invisible - 052

Croire que l’addiction serait protectrice. Plus que croire. L’avoir dans le sang. Vivant ainsi par procuration, jusqu’à ce que tout tombe et paraisse stupide. Inutile ou sans consistance. Quand se dégagera un profil, je pourrai dire. À ce stade, c’est le bombardement. Je réclame le domaine privilégié dans l’attente qu’un autre récit me parle. Je garde somme toute une même attention aux détails de cette mémoire volontairement trop sollicitée pour provoquer le détachement. Cet homme, cet être. Il n’en pouvait plus d’avoir été tant déçu. Ainsi, nous n’en étions que là, à toujours refaire les stratégies de domination. Extirper de partout la substance. Inlassable devoir. Je me place dans cette éventualité. Cela pourrait ne jamais changer, être à vie comme cela, l’éternel apprenant. Tout ne va pas si bien au sommet de l’état de l’être. On voit même apparaître des trahisons de l’esprit. C’est le même pour le moment qui s’en retourne. Il a dû y avoir une erreur quelque part. Reprenons. À stupide, peut-être. Ce qui gagne toujours à devenir sujet de société alors que cela n’évoque que les travers de quelques énigmatiques postulants masquant le fond où qu’ils soient et d’où qu’ils génèrent. Le pire, c’est que cela fait œuvre aussi et que ce n’est pas récent ni une nouveauté. Un vrai pouvoir qui s’est constitué pour garder les portes d’un palais où plus personne n’entre et d’où plus personne ne sort. Je sens poindre la revendication. Le « moi moi moi » éternel et constitutif de l’humanité vient ordonner et se plaindre. Je serais si heureux de connaître cela de mon vivant, qu’un autre projet naisse, qu’on fonctionne autrement, sans tous ces défauts de fabrication dont nous sommes dépendants et redevables. Jusqu’à se prosterner devant des statues, le symbole, l’inaltérable, alors oui, on prépare le piège, on reconnaît ses alliés, la bombe, tout saute. Ce n’était que du matériel. Il n’y a pas mort d’homme. Et maintenant, le truc tordu. Rien qui rentre dans les cases. On fait semblant. Et la singerie recommence pour des siècles. Je suis peut-être en train de mesurer combien il sera encore possible d’en faire. C’est si difficile de le trouver, ce moment où tout plaisir sera rendu. Ça peut venir au beau milieu de la nuit. Un rappel. Ça ne choisit pas. Et je veux le maintenir pensant encore réinventer ce qui est toujours là puisque c’est ainsi que cela travaille et existe, en continu. Je suis donc sur ce qui m’interpelle. Demain sera sublime pour concrétiser.

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