Je ne vais tout de même pas continuer de mentir à longueur de temps. Il faudra bien un jour que la chose se sache. Si c’est dissimuler qu’il se passe essentiellement, je ne suis pas sûr de tenir longtemps. Ce sera presque alternativement le même travail à fournir pour habiter cet espace laissé infertile par des séries de conclusions, comme si la théorie avait d’abord tenté l’aventure pour ne pas virer dans l’histoire fantastique. J’y résiste, non que je n’y crois pas, mais parce qu’il me semblerait étrange qu’apparaissent Anges et Dragons ailleurs que dans l’univers poétique. Cela tremble de vouloir, alors je me force de rester fidèle. Je me souviens comme je tentais de l’expliquer. Il n’y avait pas la matière nécessaire pour en établir un dialogue, à cause du format imposé. Du coup, je suis parti avant que le sujet n’arrive sur la table. C’était me dire que je ferais ce travail dirigeant ma conscience à l’aide d’autres mouvements de la pensée, sans devenir fou bien sûr, mais sans être cette forme matérialiste détestée qui ne s’occupe que de son propre domaine. Ainsi suis-je revenu avec un éventail plus déployé. Une autre image, même, pour la fiction. À qui j’accorde un statut très particulier, relevant de la nouveauté aussi, comme m’adressant. Les troubles qui précèdent ne sont pas sans signifier qu’il y a une juste intuition, aussi forte qu’une manière d’aimer, aimant à ma manière, je dirais, sans tabou. J’ai grâce à cela envie de concevoir. J’attends presque le moment où des éléments de la plus grande importance se connecteront. Cela arrive dans le réel. La vie y est paisible. Je m’attache à chaque signe. L’élément important que j’attends est une sorte de retour à l’esprit. Tout me semble trop terre à terre, à devoir reconstituer l’énigme. J’aimerais la découvrir. Je dois pour cela me concentrer et m’intéresser à ce qui devient, comme cela se présente d’abord, la fameuse image. De toute évidence, tout se lira comme une première phrase. L’éternelle construction. Ce qui est en cours. La question de la proportion dans ce domaine qui n’a pas de limites. Je m’active sur un sujet puis je laisse tomber préférant m’atteler aux sensations du réel, à ce qui m’environne, tel que seule ma sensibilité accorde à l’être qui veut vivre où qu’il soit. Partout s’envisage ce que je ferai de tout cela après. Ce n’est pas d’actualité. L’actualité, c’est de remettre à demain les tâches matérielles. Le spirituel veut plus de temps. Il réclame. Ainsi, je sais mieux ce que signifieraient certains changements d’allure dans l’établissement de la pensée. Un rôle que j’élabore avant qu’il advienne la possibilité de dire. C’est cela, la pensée, c’est l’avant-dire. L’être réel qui se présentera posera lui-même les questions. Je les connaîtrai bientôt toutes, car je comprends mieux où se situe le point fondamental, ce qui lie les souffrances les unes aux autres.
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