Thursday, February 20, 2020

Chroniques de l'invisible - 046

Je reprends. Pour l’envergure. Cette fois-ci, je me laisse conduire. C’était donc l’attente que je devais créer pour vivre aussi l’exception. Encore un visage que je n’avais pas remarqué, et les brisures du temps, ce drôle de décalage. En quelque sorte, je ne sais plus. Quelque chose se confond avec le reste — je dirais : l’essentiel. Le souvenir que j’avais de certains événements n’avait plus rien à voir avec la réalité. C’est dire à quel point j’ai été détourné, au moment de la faire, bien sûr, mais aussi dans l’entretien de ce souvenir. Je suis sur un socle nébuleux tenu par l’illusion. D’où sans doute ce vertige. Il fallait réinventer pour ce bonheur quotidien, comme si la situation était tout autre. J’espérais ne rien perdre des éclats de joie, mais le temps était venu agir. Sinistre. D’un faible niveau. Je réétudierai ces plongées, comme des regrets. Tout aurait été tellement plus simple si j’avais suivi mes premières émotions. J’ai bien conscience que ce n’est plus depuis fort longtemps l’être de chair que je suis qui s’exprime mais celui qui ne se trouve que dans les mots. Et là encore, même après tout ce temps, je n’ai pas la mémoire dont j’ai besoin, je découvre des éléments, parfois même des couleurs, et ces phrases qui ne cessent de se répéter comme si je n’avais qu’une chose à dire. Ainsi, un sujet à chaque fois. Un début à chaque fois. Je ne sais même pas comment je me laisse surprendre par la situation, alors que je ne fais que cela. Je n’ai pas d’autre lieu d’écriture. C’est d’ici que cela se traduira dans d’autres de mes pensées. Je n’ai pas fait tout cela pour me retrouver à nouveau dépendant. Il y a des jours où seul l’élan compte. Je suis longuement revenu sur ce caractère addictif pour lequel j’ai toujours à veiller si je ne veux pas qu’il m’engouffre. C’est terrible d’être à ce point associé encore, des inséparables, non mais je rêve ! Changement d’ère. Je cours les cathédrales pour obtenir un signe et j’écoute ce qui se présente à moi de fantastique car c’est dans ce domaine que se trouve ma capacité expressive. L’imaginaire déborde. Devant moi, plusieurs portes. Ce sont des passages. Jamais je ne reviendrai à cet endroit. Je pourrais inscrire des détails concernant ces transformations. Les phrases restent d’une autre manière et puisque j’entends mieux certaines allusions, autant qu’elles soient partout. Ah ! La fameuse clairvoyance qui ne pourrait trouver aucun terrain à cause des séries d’inréglés permanents. Je n’entre pas dans ce jeu. Je le contredis, même. La même dynamique de la pensée. Toujours accélérer pour vite retourner où je me sens le mieux. C’est tout de même un exercice de détournement. Il y avait une fenêtre de quelques jours. Sorry. J’ai gagné.

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