Sunday, February 16, 2020

Chroniques de l'invisible - 042

Maintenant, je sais qu’à tout ce qui était terne seul l’imaginaire pouvait offrir quelque couleur que je n’avais pas tant que cela, pas en stock, tel que je le pense. C’est peut-être une mémoire de ce que serait l’écoute permanente de l’angoisse. Cela n’a pas toujours été aussi simple de s’en accommoder. Je n’avais pas compris que c’était une énergie créatrice. Je n’en avais pas peur. Je le vivais presque à côté, avec paradoxalement la peur que cela finisse. Je l’ai pourtant envisagé. Voilà un point très concret. Ce n’est pas sans angoisse, c’est avec elle au quotidien. J’avais ce choix devant moi. En finir et puis passer à autre chose. Mais je deviens exigeant pour ce format-là. Ce n’est pas possible de finir. Je veux chaque jour peiner à réaliser le défi de tout engager pour seulement quelques phrases. Cela n’a rien à voir avec une sorte de routine, car je l’ai senti se détacher aujourd’hui. C’était comme une peau morte qui tombait. Je n’ai pas de manière poétique de le dire, comme une transmutation. Ainsi allait-il falloir s’occuper d’une peau neuve. J’en étais là, en cette année-là, le souffle presque coupé d’entendre qu’il fallait pour cela un espace où la matière pouvait se travailler seule. Pour seulement une phrase. Tout retourner pour une phrase.

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