Monday, March 22, 2021

Chroniques de l'invisible - 442

Je sais très bien que pour réussir, je dois commencer à inverser, puisque c’est la technique principalement utilisée. Tant pis si je dois sans prévenir mettre fin, si cela reprend sans prévenir. De toute façon, il n’y a pas l’attention requise. Trop vite trop tôt trop nombreux. Ou tout simplement toujours et encore se demander de quel droit. Mais là où c’est passionnant, tout de même, quand on arrive d’abord sur la pointe des pieds et que la porte s’ouvre d’un coup, hurlant dansant avec toutes ces priorités qui tombent. Tous les jours, depuis que tout cela a commencé, je me demande quand est-ce que je m’autoriserai à intervenir dans ce déroulé. La cloche qui sonne au milieu du mystère. Puisqu’il faut se préparer, à changer, à se métamorphoser encore, dans l’antichambre du souvenir où tout revient comme des feux follets, c’est fantastique, images-génériques, à longueur de temps. L’inspecteur entre, furieux : « Il avait dit qu’il y avait une méthode, une logique, une suite, un résumé, des épisodes clairs qui ne déstabiliseront pas le public. RIEN ! RIEN DE TOUT ÇA ! » Ben oui, rien de tout ça, parce que la méthode, la discipline, au début, même si cela me conduit à traverser des nuées, c’est pour tenir le galop, là, tu vois, le petit signe qui montre où il faut aller, qu’on suit aveuglément, c’est forcément bon, je veux dire, ça fera du bien, soleil plein les vitres, oui, la règle est très simple (protocole sur la table, stabilo, tableau des effectifs, liste des exceptions — mises à jour, plan de formation « webinaires ternaires la nouvelle ère pour changer d’air », codes de sécurité globale évidemment renforcés sinon c’est encore l’autre qui va nous faire le coup des russes, merde, le protocole, on ne peut pas, impossible, mode avion je passe sous un tunnel) et après c’est la fête, on voit les corps danser sur des musiques disco. Ce ne sont plus des ombres. De vrais corps. On pourrait croire qu’ils ont bu mais il n’est que dix heures du matin. La manière n’est pas à discuter. J’ai laissé tous les dossiers compromettants à la maison. Le mystère, c’est justement là qu’il est, comme entre les lignes, entre les dossiers. Si cela me permet de gagner du temps. Je suis preneur. C’est un peu déstabilisant, mais c’est un peu cela, la littérature. Ça ne peut pas se laisser de côté. Ça vient nous appeler. Tout ce réseau d’influences qui se faufile dans les interstices, là où l’on croit qu’il ne pourrait rien, qu’il n’aurait plus de place. Depuis le temps que je pense à la rénovation. Accepter que tout soit tronqué, à nouveau. À travers cela se calcule un autre espace dans lequel ce qui sera alors envisagé est déjà en travail. Cela fait taire quelques inquiétudes quant à toutes ces pistes lancées. Elles n’ont finalement jamais rien fait dériver. Elles sont le fil de la pensée.

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