Si c’était cela qui se présentait vraiment, je serais prêt. Envisager un autre paysage peut-être, au risque de déplaire. Si, si, ça me plaît, mais s’il y avait un océan, une grande forêt, oui, au minimum un arbre, non, plein d’arbres. C’est là toute la différence. La raison pour laquelle j’y retourne toujours. Ça me fait rire. De voir les petites preuves qui font qu’on peut se moquer et enfreindre. C’est un peu ce côté malpoli ou plutôt non respectueux. En être là après des siècles et des siècles d’évolution. Évidemment qu’il y a du paradoxe en tout et que c’est en interrogeant la possibilité d’en voir quelques-uns s’exprimer que se travaille la limite. Ce lien entre loi et police. Je suis souvent immédiatement d’accord avec ce qui vient d’une décision collective si le groupe est sain dans son fonctionnement (et accessoirement démocratique). Sinon, je n’y adhère pas, soit en m’opposant frontalement, soit en disparaissant d’une zone que ces autoritaires aiment bien qualifier « de combat », là où ils sont en quelque sorte coordonnés pour en faire leur unique terrain d’expression. Il y en a partout, à tous les niveaux. L’idée est de mesurer dans ces lieux sans mystère (ils se révèlent ouvertement, aiment qu’on les voie souffrir peiner décider) quelle est l’étendue du terrain vague, de la terre vierge, de l’île inexplorée, là où justement s’articule ce qui génère ma passion et où elle peut vivre sans contrainte alors que tout semble ficelé. J’avais sans doute besoin de cela pour me poser la question d’une sorte d’abandon. Ce n’était justement pas en suspens. En retrait. Ce rêve lointain de la baguette magique mais c’est cela qu’il ne faut pas cacher, le labeur, lorsque le véritable paysage se matérialise par des montagnes de phrases. Ce qui n’était pas envisageable à l’époque l’est désormais à partir d’une fouille de type archéologique. Cela pourrait passer pour une maladie. Il faut le dire. Ce n’est pas un enfermement au sens carcéral. C’est juste que le monde est ici si différent que je m’y retrouve autre de fait. Je n’aurai aucun doute lorsque l’heure aura sonné. Le premier réflexe fut sans surprise un fruit de l’impatience. Parce que c’est plus fort que tout. On aimerait voir tout de suite ce qui s’illumine dans la pensée, le rêve d’un lecteur constamment inassouvi car il lui manque la clé, l’avant-goût, l’avant-scène. L’outil sert pour la pensée, parce que sinon, les mots pourraient pourrir.
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