J’imagine qu’on s’arrange tous avec nos histoires personnelles, que le point de vue a son importance. Après tout. Si les sensations reviennent. Je dirais souvent. Grosse voix au réveil. L’hurlant. J’aimais bien au début y voir des personnes engagées qui arrivaient tôt partaient tard sacrifiaient des vies de famille. Attaché à ce côté romantique auquel je croyais qu’on faisait attention quoi qu’il arrive dans la vie, quels que soient les accidents de parcours. On pouvait donc entretenir le jugement. Ça devait payer. Peut-être le manque d’abord que j’identifiais aux âges, quand rien n’est là pour rassurer. Le ton de la voix était déjà une violence. Que ça gueule tout le temps. En journée, on s’y fait. Pas normal, mais on s’y fait. Le matin, c’est monstrueux. Les corps qui passent. Des prisonniers. On se passe de l’eau sur le visage. La douleur dans la main, elle, n’a pas dormi. L’effort est immense de se souvenir. On aimerait que la nuit ait tout effacé. Que chaque jour soit un nouvel essai. Ce serait le moyen de ne pas entretenir, mais tout vient rappeler. Puis, ce sont les mêmes espaces à partager. La violence cohabite. Laboratoire. Plus précisément, l’histoire collée sur un mur avec des photos, des cartes postales de l’imaginaire, des dessins, des articles de magazines parfois. Dans tout ce qui semble merveilleusement réglé. Sinon, tout fout le camp. On n’est pas là pour s’interroger constamment. Y’aura des rendez-vous, des heures consacrées. Et une fin.
---