Friday, July 3, 2020

Chroniques de l'invisible - 180

Ce pourrait n’être que cela, des dates les unes après les autres, un calendrier, sans aucune image, de temps en temps seulement, la marque de fabrique, ce petit côté un peu sinistre, rien de ce qui était prévu, et puis, au bord de ne pas réussir, ce goût pour le point de non-retour, quand on ne peut plus rien rattraper. C’est un rapport purement dynamique. Si je n’en souffre pas, si je ne m’y confronte pas. De toute façon, c’est décidé. Je prends de l’avance. La position sera difficile à tenir, hors négociation, je suis seul face au réel et cette dimension me plaît. J’aurais pu tricher. C’était la solution facile. Inventer des faits. Antidater. Parfois, il ne se passe rien et grâce à cela je peux me concentrer sur ce qui arrive. C’était l’œuvre d’un autre. Chacun son tour. Cela n’a pas tellement d’importance. Bien essayé. Le plan pour découvrir où se trouve l’acte créatif. Je n’ai qu’une réponse. Je la réserve. Depuis peu, elle n’est plus une zone où je pourrais inviter. Parce qu’il faudrait toujours puiser. Je vois trop bien comment tout se tisse en amont. Regard déplacé. Feignant que cela ne me concerne pas, ou que je ne comprends pas, ou que tout cela est si nouveau que j’aurais besoin de temps. Cependant, ce sera mon œuvre et tout ce qui se passe non loin passe tout de même à côté. Sans moi.

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Thursday, July 2, 2020

Chroniques de l'invisible - 179

Je prends ce risque que cela ne se renouvelle pas, croyant en quelque sorte que cela pourrait être tout comme, ressemblant, ne me refusant pas de ces excès qui coûtent. J’imagine tout de suite que cela puisse être différent, pour éviter la routine, très certainement. Sur le principe, naturellement, j’aime bien l’idée. Un pacte de générosité. Au fond, c’est ce qui autorise à diffuser même si de ces centaines de pages il ne restera pas grand-chose. C’est le moi qui l’on ne connaît pas, qui met à jour, raye de sa liste ce qui l’éloigne de son objectif personnel. Je pourrais reprendre à ce face à face. Forcément, j’éprouve un peu d’inquiétude, à cause de la proportion, par exemple. Je ne veux pas que ce ne soit qu’une période où tout se déliterait, l’un des effets ravageurs. Je ne suis pas très optimiste à ce sujet. On nous prépare à des formes de rage. Moi, sur son petit socle inamovible, pour quelques années seulement. C’est possiblement réel. L’option qui s’envisage serait de chaque fois gagner quelques mois. Sur ce point, j’ai suffisamment avancé pour me mettre à la disposition d’une autre manière. Toujours cette organisation quasi sensorielle. Pour y parvenir, je dois prendre une décision ou admettre qu’il y a des sortes de manquements. J’ai été au bord de cela à plusieurs reprises, débordé par ce que je venais de découvrir. Il faut dire qu’en plus, les sensibilités s’accumulaient. J’avais accepté de plonger dans la violence et de mettre en scène une alternative à une solitude sans doute trop pesante. J’avais besoin de cultiver un lien social. En fait, ce n’était pas la solitude qui était trop pesante. Elle n’a jamais pesé. C’était le fait de devoir signifier que ce besoin n’en était pas un. Je sais faire cela admirablement maintenant. Je réserve au silence le nécessaire retour au calme avant de placer autour de moi les éléments essentiels afin de ne pas croire pour rien ou ne pas croire en rien. Je pourrais décrire ce bien-être. Il fait tant. L’instantané retrouvé. À partir de là, je peux être. J’ai beau l’avoir entièrement conçu, ce n’est pas naturel ou automatique de me mettre en condition. Trop de pollutions, c’est certain. Pas seulement celles que je respire.

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