Friday, January 31, 2020

Chroniques de l'invisible - 026

Je crois que ça y est. Je m’en fous. Qu’on pense un jour quoi que ce soit de ce qui s’écrit ici. Je m’en fous. Je pourrais un peu plus me lâcher. Et puis, il faudra bien que je me décide. Je ne pourrai pas avoir une telle constance chaque jour. Et puis, ce qui se répète à longueur de temps, dont je ne peux rien faire à part le dire comme on pourrait l’écrire, doucement, au fil du temps. On dira : c’est parce que la lune était en bélier. Ou s’elle se rapprochait. Je voulais faire un calendrier, et une fois de plus tout s’est mélangé. Je ne sais plus si c’est le Moyen Âge ou le futur, le XVIIIe siècle, l’aventure intérieure ou le journal quotidien. De toute façon, il suffira de toujours supposer que l’homme ne s’est pas fait en deux jours et qu’il y a de fortes chances qu’il soit sur une forme évolutive encore. Personnellement, je n’en saurai rien. Je peux juste témoigner de l’époque où on avait deux bras deux jambes. Et encore, j’ai plus de chance que quelqu’un le sache si je le peins dans une grotte ou si je construis un bâtiment que l’on trouvera enfoui dans la bassin parisien. Je pourrais simplement profiter de ces temps d’attente pour aller me promener, mais je m’obstine à vouloir relier, comme ne cédant pas à l’idée que je dois approcher d’une certaine lecture que j’aimerais appeler « fondamentale ». L’idée d’avoir un premier socle me séduit beaucoup. Cela répond à un désir et je dois réussir à présent à manipuler pour l’Esprit ce savoir nouvellement acquis. Me demander ou continuer de me demander ce que cela signifie n’est pas prioritaire. L’écrit se compose et devient la carte des dispositions qui ne s’établit pas comme d’autres l’ont fait mais ne se crée pas non plus sans apport (que je pourrais nommer « énergie » ou « stimulant »), un apport actif parfois purement esthétique. J’y cherche un point de contact. Puisque la mémoire ne peut enregistrer l’intégralité des événements, des détails qui les accompagnent doivent, eux, sans aucun doute, être récurrents. Ce qui se répète et ce qui ne se répète jamais. L’expressif et le créatif.

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Thursday, January 30, 2020

Chroniques de l'invisible - 025

Le revirement. Lorsque tout était encore perturbé de se voir imposer autant de codes sociaux que de codes moraux. Je mesure combien il a été important de mettre en pensée et renverser l’émotion de ce qui semble dominer. Préférer, en quelque sorte, la célébration du réel. À partir de cela nous pouvons tout inventer. Mais ne pas oublier ce qui reste dans l’histoire, morts ou difficultés que l’on n’aborde plus, ou ces autres manières qui toutes agissant parfois en silence. L’action de l’art est de tout faire vriller. On le voit mieux. C’est plus clair. Pas besoin d’une thèse de mille pages. Il est mort. Au suivant. On oubliera ce qu’il a fait mais on n’oubliera pas qui l’a tué. C’est l’œuvre du temps historique. Ce qui se fige lentement. Une fois de plus, croire que nous saurions mieux faire aujourd’hui est une parfaite illusion.

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Wednesday, January 29, 2020

Chroniques de l'invisible - 024

Ce qui comptera toujours. Notre manière de ponctuer. De placer autour de nous des éléments, comme je le fais à présent. Mon propre récit. Il vaut mieux rire de la situation : voici qu’au cœur de ce qui est censé nous appeler ne considérer au fond que notre propre situation se trouvent tous les pièges d’un discours ouvertement décidé à nous contraindre, si ce n’est à l’allégeance, au moins au respect absolu des hiérarchies absolues auxquelles nous n’aurions pas accès. En rire, oui, pour être certain que je ne serai pas celui qui plongera, qui tombera dans le piège. Je le vois dans ma perception des signes. C’est même presque daté. Quelques jours. Et puis, j’aimerais juste commencer là l’histoire, rappeler ce qui importe vraiment.

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Tuesday, January 28, 2020

Chroniques de l'invisible - 023

Puisqu’il s’agit du temps. Nous aurions quelque pouvoir magique pour agir sur l’inconnu, peut-être vaudrait-il mieux s’occuper des grands malheurs du monde plutôt que de la voisine, du collègue ou du beau-frère. Cela ne condamne pas la puissance de l’esprit. D’abord pour soi. Je ne dois pas me préoccuper de la manière avec laquelle cela va communiquer. Continuer ma recherche personnelle. Approfondir mes connaissances. Consulter. J’ai en moi cette légère crainte que cela ne servirait à rien, que je me tromperais de méthode lorsque le livre grand ouvert se déploie toutes ses pages, alors qu’il n’y a aucune autre satisfaction actuellement qui me nourrit tant, fait que chaque jour diffère. Cependant, cela se traduit par des formes que je reconnais, entre abondance et addiction. C’est trop d’un coup, l’impossible à atteindre conduit dans l’intensité du désir. Je cherche par tous les moyens d’en éviter l’attrait, mais se placent sur mon chemin les signes de l’actuel, ce qui se révèle et ce qui se repositionne. Je ne peux pas faire semblant que je ne vois pas ces signes. Ils sont là, opérant. Ces bouleversements traversés à une période de vie, menant à cette merveilleuse durée de l’œuvre, la patience à laquelle je dois adhérer. Sinon, c’est le bâclé, le « à finir pour plus tard », laissant autrui dans l’embarras. C’est gênant. Ce qui rejette, obstrue l’entrée. La porte se ferme à qui ne dépasserait pas l’image violente de l’absolu se présentant à soi, pourtant, comme un don. Se demander toujours ce que cela signifie serait presque tout arrêter, refuser que si nous sommes en partie prédéterminés, ce qui vient à nous n’est que le fruit d’un travail conduit par l’intuition. Renverser l’ordre établi, peut-être parce que j’ai commencé par l’autre point de vue, le côté des hommes, l’aspect pragmatique. Ce que je ressens en premier doit m’orienter. Ainsi apparaît l’extraordinaire. Bien sûr que nous sommes moins « terre à terre » que nous voulons le faire croire. Sinon, nous n’aurions jamais eu accès à l’art. Je suis d’accord pour l’intime introspection avant l’action. Comme un deuxième accueil avant de conclure.

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Monday, January 27, 2020

Chroniques de l'invisible - 022

Tout vole, communique. Des raisonnements sont articulés à partir de notions que je n’aurais jamais osé manipuler. Ni sujet tabou, ni méthode interdite. Ce qui compte, c’est que cela s’anime, parle et se colore. C’est tout à fait grisant. Le livre dont vous êtes le héros. Le choix devant deux personnages comme deux situations, deux couleurs, deux désirs. Ce n’est pas l’un ou l’autre. C’est tout ce qui se multiplie. Moi qui cherchais à quoi je reconnaîtrais les formes cycliques (elliptiques). Vingt-et-un jours. Le véritable retour toujours déplacé. Il fallait laisser faire à présent, comme se laisser faire, dans la perturbation des éléments en mouvement. Comme une écoute subtile. Cela n’a rien changé, ou si peu, mais un peu tout de même, me donnant le courage de recommencer. Ce sera un ordre équivalent aux ornements si fragiles et c’est moi qui place, en quelque sorte, le réel dans les continuités rencontrées. Il est vrai que ce n’est pas sans émotion. Une violence cherche un terrain d’expression. Devant son incapacité, là où ce n’est pas autorisé d’être et d’agir, elle s’effondre. Je dois donc faire à distance avec ce qui m’est montré sporadiquement. Ce qui m’est infligé. La forme la plus caractérisée de l’agression. Faire à distance comme mettre à distance, comme revenir d’abord à l’absolu de l’être, ce qui fait qu’il existe ailleurs. Je me demandais si j’étais allé trop loin dans le niveau de compréhension, ou trop tôt. C’est ainsi que cela se réalisait. Dans la beauté. Il y aura des périodes. C’est celle-ci. Deux figures se mêlent. L’une d’entre elles, elle aussi, mêlée. À partir de cela, je développe ma propre pratique. Puis, je verrai ce que cela évoque. J’en suis curieux, mais je n’ai pas hâte. D’ailleurs, c’est peut-être une vision du devenir qui se dessine. Il est vrai que c’est troublant encore d’envisager que tout se lierait dans l’écriture. S’identifier, quoi qu’il en soit. Des détails qui viendront s’interposer en temps et en heure. C’est comme oser avancer, oser se risquer. Dans la joie, la fête, la simplicité. Malgré les difficultés que je ne pourrai pas taire. C’est pourtant le meilleur moment pour le dire, ou le meilleur lieu. Je vais peut-être le dire autrement. Je n’aurais pas les mots encore. L’accueil dans un autre domaine, ou quitter son domaine de prédilection, ne mènerait pas à l’entière satisfaction même si ce changement élève l’esprit. Je dois laisser agir ces paradoxes de la pensée, le parcours si délicat du sublime à l’humain, de l’idéal que je conçois pour montrer un chemin à la condition humaine. Une fois de plus, je me demande si tout cela me concerne directement. Comment pourrait-il en être autrement ?

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Pierre Senges

Quelqu'un ajouterait : après tout, qu'est ce que ça peut bien signifier, cette fichue signification ? une intention prise dans la matière ressemblant à de la résine, avec une mouche dedans, ou la permanente grimace des choses à notre adresse, leur ironie à notre égard quand elles nous considèrent (et nous avons le droit de ne vouloir ni de cette mouche ni de cette ironie) ; une signification absente à chaque instant mais constituée avec les années à force d'insistance : creusée par la durée, faite de vieilles habitudes et de ravinement, de coutumes inventées le matin même et étayées par des archives ; établie par le mésusage, par le malentendu et une certaine étrangeté qu'il faut entretenir chaque jour ; née de formes hasardeuses, de voisinages et de superpositions, de persistance et de nouveautés, d'accidents, de fêlures et de traces, de souvenirs involontaires, et de symptômes pris au sérieux sans toujours le mériter ; choisie comme des culs-de-lampe par une civilisation et qu'on n'ose pas ne pas admettre de peur d'être seulement un piéton de plus dans ce monde, venu puis disparu ; proclamée depuis une tribune ou le trou du souffleur ; suscitée encore sans ménagement par notre volonté de faire le malin, de tirer des conclusions chaque fois que ça nous est possible en repoussant comme un démon l'impossibilité de déduire. Il y a aussi la signification de ce qui semble avoir été contaminé par une prophétie, ou par un crime, au même titre qu'un lieu, ou la signification de ce qui a persisté longtemps : et nous lui devons une interprétation en échange de cette permanence, passant pour l'amour des choses envers des créatures sans lendemain ; la signification de ce qui attire la cupidité, même une fois la cupidité répudiée, la signification des objets taillés avec élégance, tant d'élégance, ils ne peuvent pas se permettre d'être seulement ce qu'ils sont ; et souvent nous voulons croire, inquiets ou ravis, à la signification apparue spontanément dans le vide pour corrompre l'ennui.

Sunday, January 26, 2020

Chroniques de l'invisible - 021

C’est important pour moi de m’y atteler sans relâche, mais aussi sans savoir si ce que j’utilise aura les moyens d’y parvenir. Il est tout à fait possible non qu’il y ait eu mais qu’il y a, en ce moment, des tentatives d’imposer une vision du monde ou une manière de l’aborder comme voulant dire « un jour, on parlera de la vision d’un certain groupe s’estimant supérieur ». C’est toujours nier que ce groupe serait nécessaire que de rappeler la complexité impensable et la coexistence de tous, quel qu’on soit et d’où qu’on vienne. L’inégalité que j’évoquais n’a pas de rapport avec une hiérarchie désirable, surtout si l’objectif soi-disant supérieur n’est pas l’universalité. Tout comprendre ou saisir en un coup d’œil et le maintenir dans une forteresse est avouer la faiblesse de la sensibilité essentielle au moteur. Être détaché ne veut pas dire isolé. L’objectif est bien de donner, de diffuser, d’enseigner, de continuer à œuvrer pour intégrer à la pensée ce par quoi le présent s’exprime en permanence. Multitude de l’être et des savoirs. Multitude des pratiques également. Y a-t-il dans tout cela des pistes erronées ? Il y a dans toute interprétation symbolique la tentation d’exercer sur autrui un pouvoir considérable. Elle serait le défaut de cet exercice lié autant à l’application qu’à l’explication, car il est inconvenable qu’il en soit autrement : tout signifie et peut être sujet d’une interprétation. Ce que l’on veut bien y percevoir apparaît (comme par magie) ; ce que l’on veut taire disparaît (comme par magie). Cependant, les symboles ne s’occupent ni de nos besoins d’y croire ni de nos désirs de nier. Ils agissent. Entrer dans ce domaine, y compris le langage, y compris les mots et la structure des phrases, c’est toujours y être accueilli dès lors que nous avons conscience (prescience) que l’un n’est pas tout mais que l’un peut faire tout. L’individu, donc, au centre des préoccupations, surtout en matière de formation, pour l’unité de tous. Ce concept me convient assez bien, voire me détermine assez bien. D’un autre point de vue. De tant d’autres points de vue que je dois toujours admettre des phrases où plus rien ne fait sens. Ce n’est pas angoissant. C’est troublant. Ce qui devait apporter un éclairage vient contredire, et j’aime cela, car j’aime ce débat non permanent mais dont il est question dans la ponctualité. C’est un instant. C’est au moment le plus juste. Je ne fais que brasser.

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Saturday, January 25, 2020

Chroniques de l'invisible - 020

Et depuis que cela a commencé, je ne le regrette pas, non que cela m’apporte des surprises, mais que ce qui vient s’écrire se trouve comme réactualisé. Entré, donc, dans l’intensité du paysage, tout me dit en effet « comme d’habitude ». Je reconnais et maintenant que je le date, je sais que ce qui se travaille est ce que sera la forme, ou plutôt, ce qu’elle est à présent, en train de devenir, de s’installer, dans la durée. Des couleurs ont fané. La marque prouvant les fragilités liées à chaque pensée, née, absorbée, l’apparition, le parcours, la disparition, toujours, comme une diffusion. Il n’y aurait aucune crainte à attendre. Puisque c’est déjà arrivé. À l’identique. Dans toutes les combinaisons possibles, nous étions une partie de l’agissant. La grande différence est que nous avions un ou deux ans, à peine nés, et qu’aujourd’hui, la conscience se traduit par une volonté autre, pensant l’unicité. Merveilleuse douceur venue porter un message, d’un mot vers l’autre. Quelle émotion de se rendre disponible à cet accueil, à cet apport, à cette ouverture. Un premier contact, cet inconnu si subtil, si sensible, à l’intérieur duquel l’identité mue, se reflète. Je suis d’accord pour « dompter » une partie de l’insondable, de cette quintessence. À chaque reprise, s’inviter à faire face à ce qui semble me menacer. C’est avant tout une volonté physique. Cela épuise. Il faut être préparé. La première fois, comme chaque fois, un état de l’être non plus au service d’un autre mais en réelle application de ce qui en lui fait mystère. Nous ne sommes pas égaux devant cette appréciation. Des êtres en souffrance se soumettent. D’autres se révoltent. L’absolu d’un tout domine pourtant. Je ne dois pas cesser d’être pour quelque chose dans l’établissement de sa réalité, sans pour cela avoir besoin d’en prouver les bienfaits, réels. Peut-être n’aurais-je pas dû à ce point révéler. Seule la sensibilité conduirait autant la mémoire que l’action. Cela ne fait que suivre. J’ai cet immense besoin, cependant, d’en faire l’objet d’une forme d’éternité à l’œuvre que l’écriture s’est donnée. J’écoute ce qui hurle en moi lorsque je constate qu’en ce lieu sans dogme règne encore une autre sorte de dogme ou les effets d’une autre sorte de dogme. Le trouble est de voir dans le monde encore tant de désespérance. Aider cela à conquérir est devenu plus qu’un objectif. Il est un sujet essentiel que je ne dois jamais abandonner où qu’en soit ma « correspondance » avec mon paysage intérieur à présent, je n’en doute pas, globalement détaché. Oui, je me vois former l’idéal.

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Friday, January 24, 2020

Chroniques de l'invisible - 019

Nouvelle lune. Ciel poétique. Les encombrements de la pensée sont si loin. Une journée pour soi, un peu à part, en observation. À partir de tout ce qui s’est élevé. Je ne pense plus et ne ressens plus comme avant le temps de l’ancien, presque littéralement évaporé, ou plutôt diffusé. Il y a eu comme un éclat non violent, sans précipitation, sans immédiateté. L’événement grâce auquel je m’autorise à relier n’a pas cette ponctualité qui gouverne nos croyances ou nos désirs, comme si cela allait changer à une heure précise, un jour précis. Nous serions plus assurés à prendre en compte l’ancien alors qu’il faudrait tant de détails qu’il n’y aurait qu’à le revivre pour bien tout comprendre, comment tout s’est enchaîné, la personne qui entre, celle qui sort, celle qu’on rencontre, la vitesse du train, la couleur du ciel, le parfum des feuilles, la force du vent, le froid. De tout cela, on ne retient (au sens intellectuel) que soi-disant l’essentiel ou un résumé (j’ai vu untel, j’ai fait ceci, cela, etc.). En fait, on retient tout d’un point de vue sensoriel. Prendre conscience de ce phénomène pour soi et pour le monde entier, c’est vivre chaque seconde comme un événement ; le présent devient l’importance. Je pense alors à l’oublié, ce qui ne fait pas sujet. En quelque sorte, le domaine de prédilection. C’est l’option que je prends : il n’y aura pas de jour sans.

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Thursday, January 23, 2020

Chroniques de l'invisible - 018

Le récit, comme je l’appelais au début, devenu fiction, lieu de passion et d’aventures pour l’Esprit. Chaque unité, accompagnée de musique, stimule la naissance de personnages. Ce n’est pas vie et mort, mais une apparition. Ils n’étaient pas là puis ils furent là, déjà entiers, déjà constitués. Je n’ai pas d’avis sur l’aspect structurel de tout cela, surtout depuis que je me laisse conduire par la sensibilité de ce grand complexe aux apparences diffuses. De ce point de vue, j’ai clairement fait céder une résistance. Ce qui parle en permanence est une option possible du vivant. Entrer dans ce réseau où quelques mots déposés alimentent ce qui a l’intérieur sera l’objectif d’une étape, en attendant que tout s’unisse à nouveau, et seulement, dans ce qui me définit et m’oriente. J’aime penser qu’une fois l’énergie acceptée comme telle, il se produit un effet que je dois laisser agir, voyant tout se constituer, pour une fois seulement, peut-être (mais au fond, cela se transforme peu à peu en suite d’une seule fois), cette étrange apparition que je trouve si poétique avec la manière qu’ont toujours les objets comme les mots de se disposer aussi dans l’espace rencontrant un regard, se nourrissant d’autres énergies, des liens qui se feront de fait car il ne peut en être autrement. Je me souviens donc, même si je pensais ne pas avoir le temps, même si je croyais que ce n’était pas le bon endroit, que des parties sensibles se sont rejointes. J’aimerais noter avec précision tous ces détails, dans l’écriture, à quel signe je vois que les personnes se laissent dépasser, comme abandonnant une partie d’elles-mêmes, par lassitude peut-être, même si cela pourrait être traduit par une fatigue, un manque de temps. Il n’y a pour ces sujets aucune fatigue qui ne s’imposerait, aucun temps qui manquerait si nous étions tous au clair avec nos propres désirs. Une sorte de « un peu », et rien d’autre. Là où je suis selon moi. Cela ne signifie pas « sans prétention », mais plutôt sans y associer d’enjeu supplémentaire, hors-sujet comme on pourrait être hors-œuvre, et sans mobiliser un espoir inutile (un effort inutile) pour changer de milieu, progresser au sens hiérarchique du terme, dans ce que nous voudrions être un autre réseau d’influence où, de toute façon, ne se trouvent que les espoirs et les efforts de tant d’autres qu’on passerait notre temps à observer les marques de souffrance sur les corps, exprimant malgré eux leur difficulté de renoncer, paradoxalement lié à leur abandon, car s’abandonner dans un milieu qui ne nous désire pas, c’est ne pas renoncer à y être. Mieux vaut parfois mieux vivre ailleurs que mal vivre dedans. J’ai fait l’expérience de voir à l’intérieur des périodes comment la voix était revenue à son unité. Des parties se sont heurtées à la nouveauté, mais l’aspect récréatif a vite informé l’auteur que je suis qu’en ne laissant aucune trace du chantier en cours de réalisation, il y avait une autre place pour autrui, une place de choix. Je m’étais dit « quelques mots, quelques allusions », ces fils tendus pour une ultime lecture qu’il ne sert à rien de garder. Ce furent des paragraphes entiers. Je me remets à peine de cette décision, la preuve étant que le sujet revient. Je suis toujours tenté d’en rester là, de peur de me retrouver dans une zone d’incompréhension. Le travail accompli, comme l’œuvre aboutie. Ce serait si rassurant que cela soit déjà fini. Il fallait mettre un peu le bordel dans ce sanctuaire trop vénéré, renverser aussi quelques certitudes, que tout se tiendrait par principe alors que ce qui avait réussi la fois précédente, c’était justement que la phase de « réparation » du texte avait été accompagnée. Cela aurait pu durer des années, continuer ainsi dans le confort, le luxe. De ce qui a eu lieu. De ce qui aura lieu. Un mi-chemin. Un entre-deux. Je comprends mieux ce qui m’informera. Cette fois-ci, j’accepte qu’il ne servira à rien d’autre ici (à moins d’en faire tout autre chose) que de lier mes domaines d’expression, autrement que le flux continu, autrement aussi pour mieux travailler l’élaboration temporelle, comme les mots, peut-être, s’enrichissent. J’ai peut-être des procédés répétitifs que je dois distraire. J’ai hâte d’y retourner, de viser le bon jour pour le faire, ou la bonne nuit. Et je pense à cette nouvelle situation, imaginant qu’un de mes titres interpelle, voire ma photo, juste le titre ; j’ai tellement confiance en eux, en leur autonomie, à la proximité avec l’image, le contraire de ce que l’on croyait, « l’auteur sans visage » ; Au contraire, donc. L’auteur et son visage. L’auteur a son visage. C’est dans l’autre sens qu’on pourra reconnaître.

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Wednesday, January 22, 2020

Chroniques de l'invisible - 017

Joie légère au réveil. À nouveau tout m’amuse. Je suis sans doute trop peu attentif pour mémoriser toutes les combinaisons, et les critères qui agissent, et les distances à calculer, les mauvais élèves de la classe (ou le meilleur, finalement) qui ne fait pas l’effort d’apprendre des listes et refuse très clairement de se laisser prendre au jeu du dogme et de l’examen de passage qui aura selon moi toujours pour effet d’installer dans les rapports sociaux une arrogance qui n’a aucune raison d’être et qui pourtant agit perpétuellement dans cette période historique dans laquelle je vis contenant des principes ou des points de vue qui réclament qu’on traite le sujet avec un esprit rénové. Ce que nous collons aux images (aux figures) l’est la plupart du temps pour simplifier ou vulgariser des phénomènes en lesquels nous ne pourrions soi-disant croire qu’à la condition qu’ils contiennent un modèle à suivre, un modèle à respecter. Il n’en est rien. Il ne s’agit pas de tous les faire tomber mais de replacer leur rôle dans un tout constituant. Il en serait ainsi pour toutes nos hiérarchies, la trinité familiale et notre amour pour un prince, une figure, encore, qui concentrerait le pouvoir des masses grouillantes, et qui pourrait avoir pour fonction de stabiliser ce qui n’est que mouvement. Il faut admettre que ce qui agit en nous n’est pas toujours connecté au présent. L’effet de ce qui se passe, de ce que nous recevons, peut mettre du temps ; ce qui a lieu immédiatement, cette révélation met en branle une élaboration qui s’inscrit dans toutes les élaborations déjà en cours d’exploration. C’est un cumul permanent. Ne rien figer en cela, c’est offrir au devenir des voies non préconçues, ouvertes à tous les succès. Ce jour est comme un jour d’épuration. J’élague le vieux jardin plein de ronces qui rend le corps textuel tout à fait indéchiffrable. Éviter les détours, les sujets qui ne concernent que l’amont. Cela a existé et cela suffit. C’est un soulagement incroyable de voir disparaître les troubles et les paradoxes, avec les assignations. On ne garde que le récit. Je le veux bien double mais je ne le veux pas trouble. Je me demandais ce qui se déciderait en cette fin de lune. C’est cela. Direct au but. Finir, c’est supprimer ce qui a résisté. L’incompréhensible ne rend pas mystérieux. Il fatigue inutilement. Aucune précipitation. Recommencer encore lorsque la forme m’apparaît qu’à peu près. Il n’y a pour cela rien qui presse. C’est important. Ce que j’apprends en cours d’élaboration doit s’appliquer intégralement. Et tout au long de la journée. Il n’y a plus qu’un fil tendu d’événement en événement. C’est une énergie que je n’ai jamais connue, à travers les heures, en contrôle. Voie rapide. Rien ne peut devenir un obstacle. Je jette de rapides regards sur le passé récent. Tout le travail semble n’être qu’une seule seconde. Envie de crier au monde : « Vous êtes tous magnifiques ». Tout danse comme une folie.

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Tuesday, January 21, 2020

Chroniques de l'invisible - 016

Que c’est tentant de toujours faire correspondre, et épuisant. Il faut absolument que chaque seconde ait un sens. Sans relâche. Le relevé. Le calcul. Il y aussi un 20 janvier dans « Les déracinés ». C’est aujourd’hui que je le relis avant que le livre change de forme. « Me consacre à la beauté », disais-je en 2019. Un an après, je refuse de me joindre à quelque réunion pour finir de relire. Je ne l’aurais pas fait si j’avais cédé à la peur de manquer l’événement du siècle, le brainstorming de la médiocrité. Amusant que j’en sois à ce stade de la relecture, un sujet donc encore très actuel. Je me demandais pourquoi il se faisait si insistant. C’est le temps nécessaire pour accepter l’agression, admettre qu’elle a bien eu lieu et que je n’ai que des outils de douceur, de distraction, pour m’en soigner, d’une part, me protéger d’une répétition, d’autre part. Cette journée est exceptionnelle pour mesurer ce que j’appelle des « points d’essence », qui sont ce qui a permis d’abord que je baisse la garde, que je me laisse envahir et que je me fasse agresser. Alors, ce serait à un autre niveau où se règleraient des sortes de conflits. J’y suis prêt. Le tout est toujours de s’y reconnaître et de prendre en compte les signes adressés au vivant de l’être.

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Monday, January 20, 2020

Chroniques de l'invisible - 015

Le fameux 20 janvier. Au fond, j’aime cette période. J’aime bien aussi cette situation. C’est le jour, donc, où j’aime tout, du début à la fin de la journée, et je me moque (encore !) des soi-disant menaces contenues dans les messages prophétisés. Puisque de toute façon, je suis parti pour une durée illimitée, autant en profiter pour m’offrir des journées de loisir et, pourquoi pas, de diversion. Je relève les récurrences désormais. Plutôt que de travailler sur ce qui revient toujours, je travaille ce qui ne vient jamais ou très peu. Grâce à cela, le domaine de la fiction devient plus amusant. Il m’aide à tracer, à mémoriser. Ce n’est pas rien de se trouver confronter à un corps qui n’ose pas encore alors que tout est en lui. Ce n’est pas le mien. C’est un autre corps. Un corps qui hésite ou plutôt un corps qui a peur qu’on lui dise que ce qu’il produit n’a aucun sens. Il se fait des montagnes de tout, remplit le calendrier pour ne pas avoir à penser, puis lorsqu’il a une matinée libérée, il est tout emprunté. Maladroit. Il n’avait pas le droit. Je n’hésite plus à l’évoquer. Suffirait encore de le nommer. Un grand amour éphémère. Il n’y a que cela qui compte aujourd’hui. Mes amours éphémères. Me retrouver dans le plaisir immédiat de faire, de garantir qu’un espace est réservé. On n’y négocie qu’avec moi. C’est la toute puissance à l’œuvre, sans conséquences sur autrui, ce qui me convient bien. Je n’ai pas besoin de me justifier. J’ai juste besoin d’essayer. Il faut tenter l’aventure. Cela ne coûte rien. Pas plus tard qu’hier, j’étais à me morfondre dans l’incompréhension. C’était pour donner du sens. A-t-on besoin d’un sens ? Évidemment que non. On dira soit qu’un jour ça s’est mis à tourner, soit que ça a toujours tourné (je préfère la deuxième option). Et puis un jour ça s’est mis à tourner dans l’autre sens. Nous sommes à un moment de cela. Voilà tout. On ne va pas tout révolutionner. Apporter un quelque chose qui ait son impact, ça m’intéresse. Non que je me trouve meilleur qu’un autre, mais que je considère que cela fait partie de nos compétences d’être en mesure de créer et de propulser, c’est-à-dire d’inventer une autre manière dans le but de mieux faire. On peut aussi rester devant la télé (je préfère la première option). Ce ne sont que des combinaisons. Cette fois-ci, il va y avoir une révélation. Le temps glisse. Oui. Je sens le temps glisser. Lecture croisée du temps. Quelle énigme merveilleuse ! Où l’on ne saisit plus, nous trouvons le repère. C’est toujours juste. Je pourrais sans doute identifier ces phases d’accord et de désaccord, ces liens qui se tissent, nous ne sommes jamais en un même lieu, d’un seul coup dans la maîtrise d’un domaine, un temps pour tout peut-être. Souffrir autant l’ultime que le sublime, le vivre effectivement, on se voudrait toujours voir naître ailleurs, mais nous sommes aussi quelque part. Ce qui progresse n’emporte pas tout ce que nous sommes. Cela danse malgré tout, reste connecté. C’est une période où rien ne transite. Ce ne sont pas les mêmes domaines d’action. Nous sommes plusieurs. C’est exceptionnel de s’en rendre compte, de se savoir agissant sur et dans plusieurs dimensions. Je prends tout cela avec beaucoup de précaution. La hâte disparaît totalement. Je suis d’accord. En accord. Cela s’impose. La figure fantastique, lieu de la poésie, du mystère, de l’imaginaire, porte un désir, travaille la liberté lorsqu’elle se détache des aspects. Cela a de l’importance, mais c’est moindre. Et au fond, c’est toujours la même activité, faire un état de l’être, puiser en son sein ce qu’il exprime pour être comme prouvé. Un chercheur n’a que cela à faire, chercher. Cela m’amuse désormais de faire des liens avec des dates du passé. Un 21 janvier 2014, j’achetais mon nom de domaine d’auteur. Six ans plus tard, je viens d’achever les corrections d’un troisième livre. Tout ce que cela constitue n’est que fierté. La lune était warning gibbons, 79 %, passant de vierge à lion, à 394 040 km de la Terre, et c’était son dix-neuvième jour. C’est quasiment la même situation que les 14 et 15 janvier, à cela près que la lune était 30 000 km plus proche de nos, c’est-à-dire plus influente.

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Sunday, January 19, 2020

Fragment de jours - 10

Ce n’est pas que je n’ose me le dire. C’est autre chose. Comme si une fois de plus, le sentiment qu’il m’avait manqué quelque chose revenait entièrement. Je m’enregistrais lisant des romans puis m’écoutais la nuit me demandant : y a-t-il de la musique dans tout cela ? C’est à cause de tout ce qui me semble ne servir à rien. Je vois tout défiler et puis il n’y a plus que le temps qui m’intéresse. Mieux, la durée. Ainsi, je me détache de certaines préoccupations. Elles n’ont pas lieu d’être puisque je leur laisse tout loisir d’expression, jusqu’à parfois disparaître (mais pas tout le temps). Elles nourrissent et j’aime comme cela provoque en permanence une dynamique subtile qui n’a rien à voir avec ce qui s’écrit dans l’instant. Cela mobilise une forme de mémoire et je réalise après ces quelques semaines qu’un événement essentiel s’est produit, se produit, qu’il devient le corps même, s’avançant avec, autour, en face, des formes enrayées, elles sont folles, mobilisant toute leur énergie pour tout à coup être au centre de tout, comme si seules elles ne pouvaient exister. Ainsi, peut-être, sans conflit, se réalise à l’intérieur du texte une forme de coexistence. À ce stade, je ne fais qu’y résister, essentiellement pour y modérer les émotions à tendances dominatrices, comme la colère, la colère contre qui ? La colère conçue de toutes parts, on aime ça, on aime vivre inside, c’est une pulsion qui aide à ne pas voir qu’il n’y aurait rien d’autre, que dire le soir en rentrant ? À l’autre, y compris en reflet dans un miroir, même sans se voir, physiquement, ils sont tous là à continuer leur œuvre, à influencer, à conduire une partie, et j’en suis certainement, ailleurs, pour d’autres, j’espère, on ne sait jamais, ce qu’on provoque en l’autre, on le suppose, on le fabrique, on n’en voit que quelques effets, y compris donc, la colère, qu’on nous renvoie, qu’on disperse dans notre entourage, si forte qu’elle nous revient, et quand elle ne revient pas, alors, c’est qu’elle s’est dissipée, comme une petite vague, dans notre société. Je ne vois plus alors que l’invraisemblable, ce terrible face à face d’un seul qui absorbe toute la puissance de son œuvre, dans son monde, menacé. Je dois agir pour que cela ne m’atteigne pas directement, comme ces regards, oui, nous sommes en conflit, et je me souviens de ce long chemin auquel je ne m’attendais pas, un détournement, voici l’objectif et voici le chemin, si j’avais su, le même jour, qu’il faudrait faire tout cela, qu’il faudrait en passer par là, je ne l’aurais pas fait, de toute évidence, je ne l’aurais pas fait, mais il fallait, peut-être pour autre chose, une autre manière, pas réellement un autre objectif, l’objectif était bon, il est même toujours d’actualité, l’idée étant d’agir afin que tout cela ne fasse pas sujet en dehors du lieu qui lui est consacré, car ce pourrait être la forme si désirée du mystère qui serait alors bafouée, sacrifiée, et je m’y refuse désormais personnellement, quelles que soient les conséquences.

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Chroniques de l'invisible - 014

Et je l’adapte. Le fil du temps. Je sais ce que j’en fais. Au fur et à mesure que cela se crée. Mes éléments s’unissent, se mobilisent, s’activent. Qu’aurais-je à attendre hors de moi si tout est en moi ? Quelle drôle de question. Et pourquoi pas tout pouvoir tant qu’on y est. Comme si la littérature n’agissait pas sur l’écriture. Le hors-de-soi est justement cet apport, admirable amalgame du vivant qui se manifeste en permanence et dont je suis principalement une conséquence. L’en-soi est son étude, son assimilation. Nous ne sommes rien d’autre qu’une partie du vivant, expressif bien sûr, et c’est de cette expression que naissent de nouvelles formes, parmi tant d’autres que les valeurs sont équivalentes. De quoi tout cela me parle, cela se constitue simplement. Ce ne sera peut-être rien d’autre qu’un apprentissage illimité. Je me moque un peu qu’il puisse y avoir d’autres fonctions en lien avec ce que j’utilise, d’autres fonctions qu’on pourrait supposer initialement prévues, entendons-les : « Mais vous ne l’utilisez pas comme initialement prévu ! ». Il y a des règles. Ah. Où sont les règles ? L’épouvante, je la vois. L’oppression. Je la vois. Les oppositions, les contradictions, l’absence de logique, je les vois. Rien ne marche, tout est emberlifiquoté. Pour démêler, il faudrait jeter, ou se dire : alors, il faut ne jamais s’arrêter. Dans le désordre des mots, des mots continus, l’histoire sans fin d’un bouleversement. Croire qu’il serait urgent que cela paraisse serait encore mourir dedans, celui qui ne peut faire face à l’immensité. Imaginons déjà que cela dure sur des années. C’était réalisé pour quelques séquences. Mais depuis si longtemps et pour dans longtemps, en amont d’une vie d’être et bien au-delà, sans transition, rupture, l’admettre, le minuscule dans l’univers, le minuscule dans le temps, le présent, mes certitudes ébranlées. Par quoi puis-je être déçu ? Peut-être demain.

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Saturday, January 18, 2020

Chroniques de l'invisible - 013

Me voici donc en confiance dans mon domaine d’inspiration, là seul où se trouve la véritable épreuve attendue, le certificat, la mention qui atteste, ce qui m’aurait plu d’obtenir rapidement dehors, je m’y confronte avec encore plus de lenteur, de patience dedans. Cela m’amuse d’avoir imaginé un premier printemps la veille d’un jour glacé. Mister Météo. Que je vois sur tous les écrans télé. Prévision ceci, prévision cela, conseils sortie culturel, du coq à l’âne mais certainement ordonné, bien placer le fait divers au bon moment, avant le sport, la pub, et déjà la fatigue de ce qui est censé accompagner notre éveil. Le premier printemps est donc ailleurs, définitivement ailleurs même si ces bruits habitent en continu, empêchant de penser. On s’en souviendra. On les comptera. Des transitions où l’avant et l’après coexistent. Ce n’est pas confus. Cela demande plus de concentration. Je sais le faire. Je me suis entraîné. À la rencontre de toutes les traces que j’ai laissées sur mon chemin. Là où jamais je n’aurais supposé que l’on puisse calculer. Ce laisser-faire admirable, surtout lorsque je le retrouve plusieurs années après, alors que je tâchais de taire l’ennui, j’avais disposé, et aujourd’hui tout cela communique avec moi. J’aime ce que cela procure, de la joie, et j’aime aussi qu’il y ait partout différents degrés à aborder, du plus sensible au plus effleuré, puisqu’il n’est plus question de rien d’autre, j’ai ouvert un nouveau champ qui m’accueille. Ce n’est pas lui qui résistait. Il contenait peu d’inconnu. C’était moi seulement. Une angoisse de calendrier peut-être. Me rendre compte que certains jours il n’y a presque rien, m’en rendre compte plus tard, ce jour-là était vide, et pourtant, il contient. Tout se mobilise en moi. Je veux une trace de ces joies, de ces facilités. Je n’avais plus qu’à profiter d’une forme de loisir. Je m’offre ce temps.

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Friday, January 17, 2020

Chroniques de l'invisible - 012

Le premier printemps rappelle l’événement ancien, ce qui persiste, résiste, détourne aussi la perception, les signes que ce qui sera un plus tard non seulement se prépare mais s’annonce déjà. C’est donc un relevé, un relevé pour assimiler, un relevé pour plus tard, comme l’écriture se dépose sans manigance dans l’œuvre du temps. Temps d’observation, comme on écoute une mélodie, comme on lit un livre, comme on feuillette des photos. Cela rassemble en soi ce qui a tendance à être négligé du fait de nos vives impatiences. S’occuper alors de tout en même temps. En un regard. Il y aura un régime d’exception. C’est moi qui le déciderai, après une étude de tous les éléments, l’essentiel se délie, l’intrigue se dénoue. Ce n’est pas pour tout expliquer. Tout ne s’explique pas. J’aime l’idée qu’en agissant sur la perception je construis pour moi le rôle d’un contenu et qu’il soit disponible à qui voudrait le rencontrer, voire le partager. C’est un des moyens de le diffuser. J’en connais d’autres mais celui-ci est plutôt rare dans le milieu social que je fréquente. Je ne connais pas toutes les manières de faire. J’observe juste que cela se produit pour moi dans la vie. Je prends ce rôle très à cœur, sais combien il est difficile de le concevoir dans notre temps soi-disant moderne où on inventerait chaque jour de meilleures façons alors qu’elles tentent de réduire au silence l’oralité d’un système bien plus ancien qui n’a pas attendu qu’on puisse faire le tour de la Terre en un éclair pour se doter d’une force de régulation de l’être.

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Thursday, January 16, 2020

Chroniques de l'invisible - 011

Je me suis souvent demandé s’il allait y avoir des jours blancs, comme des points d’équilibre, et c’est en observant comment les éléments s’articulent, ce qu’ils viennent signifier, que je m’aperçois que l’un de ces jours vient de commencer, une fenêtre dans le temps s’ouvre. Je l’associe à la lune alors je relève : 21 jours (son âge), 61 % (sa réflexibilité), balance. Le désir est plus fort. Il s’exprime. Je reconnais qu’il peut y avoir un guide, que le désir lui-même, par sa récurrence, conduise à ne jamais figer l’écriture, à ne pas s’attarder sur ce qui englue, ficelle. Ainsi se dévoile un autre calendrier, une autre manière de penser. Je n’ai rien à perdre d’essayer. Évidemment que la fréquence et parfois les variations de vitesse sont là pour stimuler puisqu’il n’y a rien de prédéterminé. On devient l’impertinent qui invente plus librement que le maître, celui qui n’est pas d’accord avec les conclusions, celui qui, puisqu’il y aurait des « principes », les applique à tout et pour tout au risque de poser des questions embarrassantes ou de retenir, empêcher, les aspects conclusifs. Entre nous, on l’appelait Mister Météo, toujours à nous donner la pluie et le beau temps. Il avait une manière de tout ritualiser jusqu’à l’ordre des objets qu’il plaçait sur son bureau. Ils étaient toujours à la même place. La montre, le calepin, le crayon, un verre d’eau et plusieurs paires de lunettes qu’on ne le voyait jamais saisir ni pour lire ni pour voir de loin. Nous n’avions selon lui qu’à apprendre ce qu’il savait, des listes et des listes. On récitait, il évaluait, puis il reportait sur son calepin des sortes de courbes de progression. Nos regards les apercevaient au hasard de nos entrées et sorties. Des chiffres, des codes dont rien ne révélait le secret, des dates, et ça plongeait, ça se redressait. Ce que nous ne savions pas à cause de notre permanente paranoïa de la note instituée par l’institution scolaire, c’est qu’en fait, Mister Météo se servait de ces graphismes pour auto-évaluer la pertinence de sa méthode d’enseignement. Il devait très certainement grâce à cela élaborer d’autres combinaisons, car le sujet, lui, ne changeait pas, et un élève n’aurait jamais conçu qu’en cet homme quelque aspect de sa pratique avait évolué au fil du temps. Quoi qu’il en soit, il devait dégager un certain magnétisme pour le savoir, car à chaque fois que nous sortions, après l’énervement et le plaisir d’encore se moquer collectivement d’un ancien, nous nous isolions dans l’étude et nous cherchions. C’est ainsi que nous nous retrouvions, à distance. La Pensée était en mouvement et en connexion. Il est vrai que je m’installe encore dans ces deux positions, le maître et l’apprenant. Je le fais autant dans la vie sociale que dans l’imaginaire. Les liens qui s’associent sont alors très furtifs. Ce n’est pas le ping-pong des humeurs d’un bipolaire. C’est plus progressif. Là aussi les vitesses sont variables, comme des allers rapides et des retours lents. Le point d’équilibre. À ce stade, je n’en sais pas beaucoup plus à part qu’il faut apprendre à occuper des espaces où l’esprit ayant saturé (ou étant saturé) réclame une pause. On aimerait le contraire, que la découverte et la maîtrise soit permanente, continue. Le célèbre adage « plus on fait, mieux on s’en sert ». Cela fonctionne mal avec la nouveauté, surtout lorsque le désir est très fort et qu’on voudrait que cela ne s’arrête jamais. Les questions fusent. Un besoin lié à la preuve, à l’application. Tout lutte contre ce qui devient une illusion. Semble l’être en tout cas. Il n’y a pas d’autre solution. C’est un mensonge. Ça ne marche pas. On jette tout par les fenêtres. Pour que cela ne s’effondre pas, un retour à l’introspection est nécessaire. La question du corps, en quelque sorte, machinerie complexe dans laquelle n’agit évidemment pas que la pensée. Nous sommes des êtres sociaux et ce que nous croyons se loger dans la tête est en nous partout disséminé, subissant l’influence de tout ce qui lui est extérieur, de la météo aux astres et de tout ce qu’expriment les êtres qui nous entourent, du plus proche au plus éloigné, celles et ceux qui constituent la loi qui nous gouverne. La subjectivité est notre capacité de prendre en compte l’extérieur avant de conclure à une maladie grave ou à un problème personnel. Des signes d’une agressivité ressentie a peut-être un lien avec notre manière intime d’être au monde, mais il y a de très fortes chances que cela ait un rapport avec ce qui compose l’autour et qui, plus nous en sommes détachés, vient contredire nos affinités surtout si nous y voyons plus clair concernant l’action de certains dans des domaines qui nous concernent directement. Faire en sorte que ce soit notre esprit qui gouverne (non le monde mais nous-mêmes) réclame une grande ténacité et que se réalise de notre vivant des actes « supérieurs », des objets de notre propre création. Nous aurons créé. Nous serons à la place la plus noble, celle qui fut attribué à Dieu en son temps, celle qui génère de la vie, unique, en son sein. « Donner vie à », c’est entretenir ce qui fait, a fait, fera, que nous sommes là pour en parler, un respect de l’origine et notre participation pour perpétuer l’énergie que l’on pourrait qualifier de fondatrice. Cependant, l’Esprit, le nôtre donc en partie exploité, n’est pas le fruit de notre seule action. Ni de notre seule réflexion. Nous nous y plaçons au centre par choix constitutif, préférant que le reste nous accompagne. C’est un leurre de s’y croire meneur, mais nous y participons. Dans le même sens. Le même objectif. Un lien sans hiérarchie si ce n’est le proche et le lointain (y compris passé et présent) comparable à ce que le tissu social a formé depuis que nous sommes nés. Il n’y aura pas d’autre vie pour en parler. Il n’y a pas d’autre sujet que la vie. Et tout cela copule. Notre action sociale est le fruit de tout cela.

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Wednesday, January 15, 2020

Chroniques de l'invisible - 010

Je ne m’oblige à rien. L’esprit devenant à la fois mon trésor et ce qu’il y a de plus important. Il est « l’avant tout ». S’il porte une signification progressive, c’est pour toujours renverser ce qui pollue notre représentation, les aspects sociaux que nous jugeons primordiaux, l’idée que nous serions meilleurs qu’un autre. La révélation n’a que faire de tout cela, si ce n’est d’aider l’artiste à concevoir des manières adaptées, pour enseigner, donner, agir dans la matière humaine, dans son échelle, dans ce qui est la rencontre entre le connu et l’inconnu, les domaines de l’action œuvrant alors sur la quintessence. Il n’y a aucune limite dans la fréquence dès lors qu’il s’agit d’étudier. L’apport du temps, me concernant, l’expérience, est ce qui mobilise en moi d’apprendre à partir de ce que je connais et maîtrise, me laissant guider par un désir très puissant lorsqu’il s’oriente vers la seule autonomie que je préconise et adopte de mieux en mieux sans ce scrupule qui me retiendrait parce que mon parcours n’était pas identifiable pour qui s’en tient aux lauriers et aux mondanités. Cependant, les faits sociaux continuent leur œuvre, également, dans le temps. Les effets sur ma sensibilité sont parfois violents. Ils provoquent un besoin de me plonger dans le réalisé, l’achevé, ce qui est disponible autant pour l’autre que pour moi. L’œuvre en quelque sorte solidement ancrée continue de travailler. Chaque élément la constituant continue de dialoguer. C’est ainsi que cela communique. L’émotion empêcherait d’en parler. Il ne faut plus craindre cela. Les effondrements redoutés sont liés seulement à l’œuvre en devenir, aux fameux cycles d’assimilation, d’animation et de réalisation concrète. Je le date d’aujourd’hui. Cela commence. Pour plus tard raconter comment cela naît et se forme dans la durée. Je suis d’accord pour m’emporter entier et partout, dans l’espace et le temps, et ce n’est pas une simple coïncidence, ni une facilité, une lecture d’un code qu’on nous aurait fourni. Les schémas préétablis n’ont aucune chance d’aboutir. Ce serait apprendre une leçon par cœur. Il est bien question de mémoire, mais avant qu’elle soit effective, nous devons déconstruire ce qui socialement nous oblige à penser des formes hiérarchiques et des savoirs qui leur seraient associés. Peu à peu s’installent, en plus d’autres durées, d’autres fonctions. Le récit, les questions, les sujets, le dialogue intérieur, la conversation. Tout cela, de toute évidence, ne s’épuise pas.

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Tuesday, January 14, 2020

Chroniques de l'invisible - 009

Les pensées de l’éveil. Restées dans l’inconnu. Non heurtées. Je dirais plus vives et plus colorées. Je tente une aventure dite nocturne, ou un début de roman encore, du type : Je lui disais un jour, nous promenant en forêt, que je regardais toujours comment allaient les oiseaux. Les pensées de l’éveil. Entrées dans le quotidien. Plus inquiètes parfois. Je mets en doute. Peut-être la vitesse qui fatigue, l’énergie que cela demande. Ou peut-être suis-je juste devenu poète. On dira : il s’est levé un matin et il était poète. Au début du XXIe siècle, on ne savait rien. On avait beau dire que le progrès avait atteint tous les niveaux record, on ne savait rien. Et lorsque l’on tentait de le signifier, on nous répondait : Et où est la preuve de ce que vous avancez ? Dans un mot que j’ai trouvé l’autre jour, quintessence. Dans le regard d’un oiseau. Ainsi, comme je l’ai déjà écrit, l’option efficace par laquelle je peux continuer d’agir est la durée, tout ce qui mobilise dans un autre domaine que celui dans lequel la matérialité nous sommerait de croupir. Il ne s’agit pas de faire sans, mais de participer à l’élaboration d’une structure plus vaste, la seule preuve ne pouvant être que le vivant de l’être, l’ignorant. C’est toujours impressionnant de se trouver à un point d’étape, la fin d’un cycle et l’orée d’un nouveau. La première impression est un effondrement, une fatigue. Ainsi, rien n’aurait abouti, et rien n’aboutira si tout ne fait que tourner. Je n’ai pas encore ni la notion ni la connaissance technique de la durée d’un cycle, s’il y en a plusieurs s’alliant, se contredisant à différentes échelles, dans quelle mesure ils se complètent. Je ne fais, en quelque sorte, que relever ce qui change dans ma perception, comment des facteurs réels annoncent de possibles devenirs, la surprise d’un désir s’accomplissant, dans le calme d’une même place que j’occupe sans la dimension qui faisait que je m’y sentais exister, sans plus aucun besoin de négociation. Me voici donc, dans mon domaine, bien plus réceptif et « efficace », dans le sens où ne m’occupant plus que de l’entièreté de mon sujet, mon esprit accueille avec humanité toutes les émotions qui se dégagent de ce « corps en formation », corps astral d’une certaine manière même si cette appellation, je le sens, va s’affiner dans le temps. D’ailleurs, tentons tout de suite en remplaçant formation par floraison. Je pressentais une histoire d’arbre intérieur, mais la fleur est peut-être plus modeste. De fait, une lumière se fait. Ce n’est pas de l’ordre de la révélation mais plutôt de l’ordre de la compréhension. À ce stade, je ne suis pas surpris de mieux gérer quelques notions, mais de là à ce que cela témoigne, accompagne ou évoque à ce point l’équilibre me bouleverse. La fleur « blasonnée », protégée, est en symbiose. « Je pars à la recherche de ce qui me dépasse et qui est déjà en moi ». Retour au sujet principal.

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Monday, January 13, 2020

Chroniques de l'invisible - 008

J’adopte encore une manière de lier toujours chaque élément, ainsi que ce que sont pour moi les jours et les nuits. Là aussi, la ritualisation ne se fait qu’à partir de ce dont j’ai l’intuition. La vivacité de l’éveil me laisse penser qu’il y aura ce jour de nombreuses réalisations. La quête initiatique est un dehors qui s’associe au dedans. Le fameux « mythe de la caverne », diraient certains universitaires. Oui, une caverne source, celle qui a conduit l’esprit à s’élever et qui continue à former sans demande préalable celles et ceux qui savent en cela qu’il y a là l’un des paramètres que l’intellect tente de figer avec des dates, des débuts et des fins, le Temps. Laisser des guides ou des traces de ces voies obstruées par les commandements, c’est rencontrer dans le silence de la beauté les moyens d’améliorer une connaissance qui n’a pas besoin des débats stériles basés sur la preuve irréfutable. Quête solitaire qui ne porte aucune inquiétude, et qui arrive déjà fortement dotée, richement préparée. Là où la magie opère instantanément, il n’y a pas de monstres marins ou de forces maléfiques. L’esprit n’a pas d’ennemi. Il a des guides, parfois des maîtres, au sens où ces personnages figurés ont une parfaite conscience de leurs acquis ne servant qu’à continuer d’observer et à protéger celles et ceux qui auront pris ce risque d’aller à la marge des préoccupations ordinaires. Ce monde qui semblera toujours parallèle n’est qu’abondance. On pourrait croire l’abondance proche d’un paradis où nous pouvons enfin jouir de tout. C’est en partie vrai mais il ne s’y trouve aucune forme d’excitation, d’envie de tout consommer. L’excitation a à voir avec ce qu’on nous ou se refuse, or l’abondance est à tous. Elle est la diversité du monde y compris dans ce qui s’y réalise. Lieu de paix et de calme. Lieu de rencontres également. La clairvoyance fut un combat de l’esprit, une réalisation donnant un pouvoir individuel. Nous l’avons mérité, d’autant que ce combat n’a tué personne dans la réalité, n’a soumis personne à notre volonté. Naît de tout cela une intime conviction aidant à placer chaque élément autour de soi ou en soi, ce qui pour l’esprit est similaire. Il s’agit ensuite de construire avec le connu, d’orienter sa propre méthode, sa propre analyse, sa propre interprétation, et d’aller vers l’inconnu pour l’interroger de multiples manières, d’un regard concentré pour entretenir la mémoire, premier des savoirs, d’une lecture attentive, d’un relevé d’informations. Ce qui nous concerne prend du sens. De là nous espérons. De là nous créons. Nous rebâtissons l’enfant que nous étions, rayonnant, aux sources de la vie, sans pré-jugement du construit, sentant absolument les forces auxquelles il est soumis. Peut-être même les a-t-on déjà rencontrées en pensées et que nous avons cette capacité de les reconnaître. La pensée d’un être au commencement est un brouillard, un nid de peurs effrayantes que des êtres de chair temporisent de leur savoir et de leur expérience. L’enfant est ainsi protégé. Il doit d’abord « faire son corps ». L’esprit se forme aux premières émotions ressenties, transmises, et par la communication, le langage admirablement composé de ce qui est vu aussi d’un visage. Cela n’arrive pas toujours. Il y a parfois des difficultés. On appelle cela des complications. Victime sans bourreau, l’esprit sait qu’il faut un autre. Il le construit entièrement. C’est peut-être plus difficile, ou plus loin. C’est différent. Les contacts sont attentionnés, mais l’autre n’est pas suffisamment là. L’esprit l’imagine, comme lui. Il n’a pas d’autre exemple. Ouf. Tu es là. Pareil, parfait. Un ami. Il n’y a rien d’autre autour. Un isolement. Ce n’est pas désagréable. Ça discute. Ça invente. Ça va même très vite. L’un et l’autre sont autonomes. Ils changent. Ils ne sont plus la copie l’un de l’autre. Des idéaux se forment. Débats. Discorde. On ne s’en sort pas. Crier. L’autour se mobilise. L’attention se décuple. L’image de soi se reforme. L’autre n’a plus de raison d’être. On feint qu’il a été amalgamé mais il tente sa propre aventure encore. L’autour construit. L’esprit a la forme identifiable. Ce qui gouverne vient prendre en charge, sans distinction. Finir la formation. Replacer. Il n’y aura qu’une image de soi. La quintessence. Elle naît dans de bonnes conditions sociales. Elle aura un devenir soyeux. Un devenir valeureux.

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Sunday, January 12, 2020

Fragment de jours - 09

Cet être qui se met peu à peu à exister ne se trouve que dans les mots. Je l’ai vu mort. C’était une possibilité. Et c’est celui qui dit « je ». Il est accueilli dans cet espace. Sans heurt, je lui laisse prendre sa place.

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Chroniques de l'invisible - 007

Il y a naturellement plus d’éléments agissants en dehors de soi-même si nous avons un moyen individuel d’agir. Disparaître du jour au lendemain n’aura aucune conséquence sur rien. Pourtant, c’est ce que j’ai fait. L’événement climatique peut, lui, modifier, renverser, détruire. Je ne parle même pas de l’échelle astrale. Les forces et les énergies sont telles que leur interdépendance, leurs influences et, plus globalement l’action des unes sur l’action des autres, bref, tout mouvement de cet ordre nous mobilise, il est une immense vague qui nous emporte, les énergies nous traversent comme des éclairs. La pensée agissante, dans son domaine, élabore une stratégie nécessaire au rétablissement ou à la destruction de l’ordre établi. C’est comme une première mission. Il n’y en a pas d’autre lorsqu’il s’agit de l’action individuelle tant qu’une forme d’harmonie ne serait pas atteinte. Il n’est pas utile de s’inclure dans ce qui semble être le fruit d’égos surdimensionnés, même si ces établissements ont, à leur manière, apporté un sens à l’histoire jusqu’à devenir parfois la seule trace à partir de laquelle je peux penser l’évolution. En quelque sorte, cette capacité à pouvoir laisser trace est une victoire d’une action spirituelle sur une autre. A priori seulement, car de tout ce qui s’étudie, nombre d’éléments ont été détruit et, en dehors, en deçà, en même temps, d’autres traces d’autres actions spirituelles continuent aussi. Ces dernières n’ont pas d’attention sur le présent à part la forme qu’elles adoptent, sachant s’inscrire dans la durée, se sachant enracinées et évoluant dans un autre domaine tout aussi agissant que ce qui est visible aujourd’hui. C’est le rôle continu de l’écriture qui ne s’adresse, globalement, qu’à l’inconnu, à ce qui ne se rencontre pas absolument, acte d’enseignement universel n’ayant pas peur d’être dans le flux d’élément qui détournera l’ordre établi. Je ne vais pas m’établir hors de ce champ, hors de cette ère qui est essentielle à l’établissement du socle gouvernant ou participant au gouvernement global. Tout cela doit sembler et trahir, entrer dans l’ordre pour le renverser. Ainsi peut naître la révélation frappant l’esprit, un choc nécessaire pour se saisir d’une arme efficace. Sans ce bousculement, l’esprit se prélasse, il suit le courant dominant, se pervertit. Le choc conduit à remettre en question l’ensemble des certitudes intellectuelles, n’ayant d’autre domaine alors que l’errance, prenant le risque d’être celle ou celui qui se perdra ou sera sacrifié. Oui, se saisir d’une arme, pour combattre, la non-maîtrise inhérente étant justement sa force. Il y a tout, d’un coup. Les blessures du passé, les désirs du présent, les humeurs tentant de devenir des volontés. L’émotion est la première atteinte. L’aider doit contenir l’élément positif de la joie. La joie d’abord. Se réjouir que cela arrive. Prendre le temps de laisser ce mouvement agir, formant avec l’humilité la possibilité d’un autre, en soi ou en dehors de soi, un apport constant. Le « je » contient cela. Il n’est rien d’autre qu’une distraction, n’a d’autre fin que lui-même, en son lieu, progressant. Le laisser faire. Il est ce qui est le plus concret, ne se trompe pas. La force intérieure, agissant par rayonnement. Il place la possibilité, déjà, d’un bilan, après somme toute si peu de temps. J’apprends à jongler, à manipuler. À classer également, donner de l’importance. Le germe planté a pris. Je dois le nourrir avec les moyens d’un pauvre, avec, uniquement, ce dont j’ai directement besoin. Sur chaque « partie », je me libère d’un a priori et je ne suppose rien qui dévaloriserait le message qui m’est généreusement, justement, délivré. Je ne sais pas encore pourquoi, mais il me semble essentiel de ne pas répondre à l’injonction, à ce qu’un autre, même si je l’accepte existant, choisirait à ma place. L’autre peut guider si je prends en considération son œuvre, mais il ne devient pas maître pour autant. Le choix, en effet, la prise de décision, pour ma propre évolution. Je n’ai ni besoin d’être rassuré ni besoin qu’on me dise ce que je serai. En mon domaine, je n’ai qu’à me cultiver. À cultiver la force intérieure. Elle n’est pas qu’une volonté. La volonté ne suffit pas, ne me suffit pas. J’ai un lien avec ce qui s’enracine, la culture de l’esprit. Je pense au héros que j’ai fait naître dans la fiction. Au point d’aboutir, il sera face à l’énigme, peut-être même l’épreuve. Ce ne sera pas si facile. Il ne faut pas croire que tout se résout à coup de baguette magique. La remise en question de sa propre capacité et le temps sont les chemins. Ce n’est pas maintenant que cela concerne, et cela n’ira pas vite. Les attributs m’impressionnent encore. La puissance certainement, ou le pouvoir. Ce qui méprise ma condition en plaçant devant moi des sources d’incompréhension. Je reste en dehors, je me rejette, mais aussi parce qu’un temple est protégé et qu’il me rejette. Je dois donc me battre. C’est un conflit intérieur. Pour l’instant, je ne le « contrôle » pas, je n’ai pas le dessus. L’ardeur n’est pas suffisante, encore trop ficelée dans l’intellect. Ce qui fait lien, ce qui connecte, c’est ce qui se compose et ce qui s’écrit. Attendre encore ou poursuivre. De toute façon, ça n’attend plus. L’aventure concerne tant l’être social que tout se discute, se trame où que la vie nous ait placés. La mémoire fait son travail. À chaque ouverture il y sera question de ce qui fera sens une seule fois pour orienter l’émotion provoquée. Maintenant qu’elle est en mouvement, l’écriture n’a plus qu’à se laisser envahir par cette forme de grâce qu’on pourrait nommer, si je n’en sais pas plus encore, l’inspiration, ce qui précède toute expression de soi à travers soi. Le conciliabule, c’est l’œuvre entière, son objectif, sa finalité. J’en suis au commencement. L’œuvre brute. L’accès mobilise mon attention. Oui, il faut passer à l’étape suivante, construire pas à pas tel que je le ressens. Ce qui est là semble abouti. Plus qu’un dernier « échelon ». La nébuleuse va s’éclaircir. Je ressens ce puissant attrait à l’origine, comme tout s’est formé, comme nous supposons que c’est, au-delà, peut-être par analogie. De mieux en mieux par observation, puis par le calcul, la déduction. Cela me concentre sur la sur-dimension, la force qui nous suspend, là où nous sommes posés. Ce qui vient de se produire. Le trouble de la pensée. J’ai le soutien nécessaire, même si cela m’étouffe encore et m’impressionne. Il y a une extraordinaire vitesse. Je dis des mots, ou les pense, mais ne les écris pas. Je comprends juste ce qui me retient, me stabilise. Je comprends aussi ce qui compose. Tout n’est pas au même niveau. C’est un récit. Une présentation de personnages. Ils sont immortels. S’arrêter à ce qu’ils évoquent tout le temps ne mène pas à grand-chose. Les concevoir agissant, progressant selon l’émotion d’un moment forcément lié à l’énergie universelle, c’est accepter le pouvoir qu’ils auront d’une vie intérieure illimitée.

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Saturday, January 11, 2020

Chroniques de l'invisible - 006

Dès que le mot est là, il y a à la fois conduite et détermination. Il mobilise l’attention. Il semble presque s’imposer à tout. Le premier qui tombe est donc comme un ordre adressé à la conscience. Quelque chose s’ouvre alors, un combat d’idées en quelque sorte, une confrontation entre ce que je crois être et la réalité, ce qui paraît au monde et ne tient pas compte, par méconnaissance, de l’influence réelle, en lien avec la « matière qui nous entoure ». On ne peut taire le lieu où la vie de l’être commence. Faire confiance naturellement préfigure que la vie de l’être est placée sous la protection d’une force énigmatique qui n’attend rien de ce qu’elle crée à part tenter de peupler sans connaître la portée de ce qui est créé en dehors du corps qui l’a porté et conçu. La porte qui s’ouvre est immense, mais elle ne laisse pas l’être sans l’intuition de ce dont il aura besoin pour mieux vivre. Il y a toujours un apport supplémentaire pour sortir de la dualité, comme un médiateur pacifique. Je dois être très attentif à ce qui se passera autour du 20 janvier. Une alliance ou une transition, la réalisation concrète due à un contrôle territorial, un espace où s’exprime le savoir, d’où certaines méfiances ont totalement disparues parce qu’elles sont désormais sous contrôle et efficiente. Il n’y aura pas de nouvelle voie, l’envol seulement d’une présentation, en solitude encore, en travail. Le deuxième mot, donc, ne fait pas que correspondre ou s’opposer au premier. Il est rendu possible, compréhensible, par ce que le premier a déjà déposé. Les options ne sont pas si nombreuses à ce stade. Ce que je mémorise le sera absolument. Ce que je ne sais pas, je ne le devinerai pas. La nécessité d’un « associé », proche de la figure du maître pourrait se traduire par une rencontre parce que je le désire ardemment. Le troisième mot confirme, interroge, prépare la suite, le retournement, le changement d’allure, une forme de rajeunissement de l’être qui n’a plus aucun frein pour encore mieux s’établir. De toute évidence, je comprends mieux la supercherie mais il faudra, même à ce niveau, que je vive avec parce qu’elle est inhérente au fait social. On trompe pour avoir le contrôle et si possible le pouvoir, pour diriger la conscience vers un point de dépendance dont on ne pourrait sortir qu’en payant, y compris de sa vie. Ce à quoi je ne m’attendais pas est en train de se produire. C’est possible par la représentation, le travail, l’invention, l’expérience, la symbolisation primant sur la signification, car il serait banal de concevoir que l’être ne doit son autonomie qu’à une seule raison d’être voire une seule personne. L’accumulation de l’instinct et de l’intuition n’est pas une spécificité de l’être humain pleinement englobé dans une autre nature que la nature sociale. L’esprit, le seul dont nous avons connaissance, se donne sans compter. Son objectif est de persister au-delà de l’individu pour accompagner celle ou celui qui se propose de devenir un bâtisseur, une aide pour des temporalités qui échappent à la conception, vivre devenant participer à l’élaboration d’une existence éternelle, dans la limite que pour le moment, à ce jour, je sais qu’elle s’arrêtera. C’est là le grand paradoxe d’œuvrer pour une meilleure conscience dont je ne jouirai pas sachant que tout cela, peut-être, s’effondrera. C’est sans doute trop tôt pour le savoir, à moins que je ne le sache jamais. Des qualités s’expriment de fait, en soi. Parmi elles, cette sorte de labeur que rien ne nous impose et pourtant s’impose. Je le vois depuis la nuit des temps ne cesser de construire. Je m’intéresse moins, instantanément, à ces « manières de vivre » qui coexistent. Ce qui compte est ce que je poursuis, les outils que je place peu à peu dans mon entourage pour, déjà, à mon niveau, progresser. Ce n’est donc peut-être pas si mystérieux, au sens où tout m’est accessible. La « chose » se forme peu à peu. J’y accède sans heurt, sans commander une ligne de conduite qui pourrait également se traduire par une ligne de fuite. Le plus important, je le mesure de mieux en mieux, est de mettre en corrélation l’ensemble de mes pressentiments avec les données qui me sont accessibles intellectuellement, et je n’ai d’autre parcours alors que celui que je poursuis, sans inquiétude. Tant que cela propulse du devenir, je l’accueille avec une grande énergie et somme toute beaucoup de joie. C’est le même étonnement à chaque étape. Oui, cela se produit. L’enthousiasme gagne. Il survole. Il accomplit. Me voilà sur un terrain de conquête où la vie s’anime comme elle aurait dû s’animer depuis fort longtemps, ce qui explique pourquoi je me suis jeté dans cette voie, pour la singularité (c’est possible) mais avant tout pour le bonheur que cela procure à chaque instant de se sentir appartenir à un tout sans aucune faille. Ma curiosité s’en retrouve totalement excitée. Je glisse dans l’élément le plus fluide du monde, au gré des courants naissants et se renforçant. L’entraide devient l’élément fondateur, où que l’on soit. Ce qui « peuple » est divers mais la raison de bâtir est la même. C’est le même espace. C’est le même lieu. Je veux accélérer les mises en correspondance. Pour m’amuser. Il n’y a plus rien à compter. Je ferai quelque bilan dans l’ivresse. Je me moquerai même pour désacraliser ce que nous croyons issu du commandement. La merveille est de le voir se réaliser en pleine vie, dans le présent. Je n’ai plus qu’un commandement, celui du « je ». Tout s’unit. C’est une conclusion. Je vais maintenant tout faire pour me libérer. Me voilà entre ciel et terre, le seul qui, dans mon entourage, témoigne d’un acquis diversement adressé pour ce qu’il promet d’être à la fois respecté et promu. L’idée de promotion a du mal à s’imposer à cause de mes opinions à cet égard, pour le moment arrêté à l’idée qu’il n’y a pas d’élu, de meilleur qu’un autre. Les correspondances que je tente, à chaque fois, me somme de rester dans mon sujet. Il y a un temps pour tout, soit, mais chaque chose à sa place. Cela correspondra quand il le faudra. J’associe cependant car je ne peux pas faire autrement. Ce qui est lancé est désormais en cours de perfectionnement. J’accepte l’humilité de départ, mais ne m’en dévalorise pas. Accepter sa condition serait presque la première condition. Ne rien envisager d’autre qu’un autre nous aurait subtilisé ou regretter un dessein qu’on nous aurait empêché. La valeur sûre est la terre sur laquelle je me suis posé (ou sur laquelle j’ai été placé, la vie ne cessant de tenter l’aventure pour renforcer sa « matérialité »). La générosité devient la qualité à maintenir active par le travail. On m’a donné, je donne. J’en suis là grâce à ce qui m’a construit. Je ne le dois pas à un don du ciel. Là où je suis plus avancé, j’accélère. J’en serai remercié, accueilli. L’autorité spirituelle me rassure. Elle me dit de mieux me concentrer sur mon sujet. Presque rien d’autre. Travailler à l’élaboration de son autoportrait. Continuer à ne voir qu’une chose après l’autre. Rien ne commande. Il n’y a pas de règle préétablie. L’aboutissement est d’autant plus énergique qu’il est individuel. Retour au sujet de l’actuel : l’alter égo. Ce qui se croise, s’enlace, se met en mouvement pour fonder l’imaginaire dans la lecture chaque fois différente d’une semblable continuité apparente seulement pour qui n’a jamais tenté l’aventure. Car il y a un risque à tout cela. Mieux être en soi, c’est ne plus avoir d’enjeu de conquête, n’avoir plus de raison d’être dans le tissu social qui, lui aussi, travaille à sa manière sa perpétuation. Ne plus rien avoir à y faire, cela veut dire rompre. Tout saigne à devenir. L’émotion qui s’en dégage est fragilisée. Ce qui la protège est supérieur. C’est troublant d’imaginer encore une autre dimension dite englobante. Je n’y aurai pas accès. Je sais juste que c’est là. Je le mets en option, non pour dire mais pour justifier certains régimes dus à des réactions qui ne concernent pas directement le fait relaté. Je reviens donc à l’étude pour identifier d’abord, comparer, commencer à signifier, entrant peu à peu, aussi, en phase de repos pour me laisser prendre du plaisir à juste lire, juste lire sans dire.

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Friday, January 10, 2020

Chroniques de l'invisible - 005

Pleine lune en cancer. Il est vrai que la période de trouble est très forte. Je comprends mieux pourquoi des règles s’installent. On aurait besoin de donner du sens, sinon, serions-nous gouvernés par le hasard de la vie ? Manifestement non. Commander la douceur d’écrire et ne pas se laisser envahir par les superstitions a dû être une rencontre fabuleuse, une nécessité, peut-être même un premier traité de paix. Tout cela, on se l’imagine mal. Un Moyen Âge de l’écriture. Des domaines comme des territoires de la pensée qui, de toute façon, s’articulent déjà. Au sommet d’un état de l’être, une garantie. Je l’accepte absolument lorsqu’il s’agit de cette merveilleuse alchimie, mais je la mets en doute pour les effets du réel, alors que cela se coordonne de la même manière. C’est dans l’enseignement que je puise, dans ce qu’on laisse disponible pour agir aussi bien sur la durée universelle que sur notre action éphémère. La douceur qui s’installe a un aspect presque consécutif aux événements à la fois troublants et symboliquement violents. Ce n’est pas l’action d’un corps sur un autre, d’une même temporalité qu’on pourrait croire admirablement partagée en deux valeurs égales. C’est le même corps au sein duquel énergies et influences, intuitions et conceptions, se dotent pour ne pas avoir à revenir aux deux tentations les plus fortes : imposer et détruire. L’autorité spirituelle est un alter égo. Elle n’a pas été conçue avant l’être. C’est l’être qui la fabrique sur son chemin de vie. Elle est nécessaire à toutes les confrontations sensorielles auxquelles chacun risque d’être soumis. Là où elle fait autorité, c’est dans la pensée, l’imaginaire par exemple, ou ce que l’on se raconte à soi-même. Le transvasement de l’un à l’autre de ces univers par nature fictifs est équivalent même si les temporalités ne sont pas similaires. L’autorité est ce qui nous appartient absolument, la marque d’un tempérament, d’un caractère social. Elle peut être plus ou moins sauvegardée, et malheureusement peut se laisser corrompre, envahir, détourner. Le premier réflexe pour l’identifier fut me concernant de me précipiter dans le savoir, l’étude, la spécialisation alors qu’il suffisait, comme je sais pourtant le faire, de composer au fur et à mesure en agissant sur mes réceptions avec la même manière, presque sans réfléchir, comme une imprégnation. Retour donc à mon niveau, là où je suis et ce que je peux comprendre. Avec quelques ajouts et quelques associations, tout s’activera. Le fait de ne pas laisser agir les seules dualités d’hier met en articulation le réseau, n’empêche pas l’harmonie et l’équilibre. Rien, jusqu’ici, ne m’annonce que ce n’est pas la bonne voie. Je ferai peut-être mieux. Je suis curieux d’ailleurs de voir ce que serait une menace. Tout dit le franchissement d’un niveau, comme une récompense interne. Parce que nous n’aurions pas la même source de langage, quelque chose qui ne se dit pas avec mes mots, une autre manière de communiquer, voies sans fin possible surtout lorsque l’on admet que c’est là, que cela agit mais que nous n’en savons rien. La plus belle orientation du contrôle est qu’il prend source dans le non-savoir au sens de tout ce qui ne peut pas être dicté. Je ne suis pas surpris de constater alors que tout accélère. D’avoir mis à l’étude me fait bien mieux apprécier la beauté. Une sensibilité s’affine. J’adore lorsque je me dis que cela ne s’arrêtera peut-être jamais. Que je suis dans un dynamisme infini. Ce n’est sans doute pas sans signification qu’à présent le calendrier compte. Il sera une mémoire de cette période. Cela ne concerna pas autrui encore, à part que des connexions se transforment en temps réel dans mes relations sociales. J’y trouve un accueil favorable. À ce stade, je ne perçois que des aspects positifs. Une infinie confirmation de l’état de l’être. J’attends que le livre me parle. J’y perçois une voie possible. Mon interrogation sur la figure d’auteur (mon alter égo) se poursuit, ou se forme. Y croire, c’est ne rien précipiter. La foi comme une tentation, corrigeant les défauts d’origine ou les erreurs de jugement.

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Thursday, January 9, 2020

Chroniques de l'invisible - 004

C’est à partir d’un élément fantaisiste que l’on peut en quelque sorte désacraliser l’office, mais on ne le fait pas. Cela s’accompagne. Faudrait-il distraire l’esprit. L’aimer sans doute pour lui offrir quelques nourritures. De la lecture, des jeux, pour qu’il s’endorme en continuant de créer. Il produit alors de l’imaginaire. Je reviens au passé. Le passé récent. Nous partons tous avec le même bagage, bien fourni, bien orné. Je dis : « évidemment que ce qui se porte aux lèvres à son importance ». La recherche ou la définition d’une image supérieure à soi à partir d’une forte stabilité matérielle. Le tout trop tôt ou trop vite alors que la règle s’installe peu à peu. Des décisions n’ont pas été prises seulement au hasard de la vie, des rencontres ou des événements. Ce qui s’invente à partir de cela reste flou ou trouble. Une hiérarchie est en place à l’arrivée. Si nous partons égaux, nous n’arrivons pas dans le chaos, dans rien. Les aspirations intellectuelles ont leur place. Elles sont même au centre, objectif ou origine. Pour et à partir de. C’est un travail d’observation, de relevé, d’assimilation. Aucune conclusion hâtive. L’apprenti à l’œuvre ne pourra, à nouveau, ne résoudre qu’une énigme. L’esprit est disposé, apaisé, dynamique. Il appelle à la concentration. Concernant l’essence même, fluide par nature, ou en tout cas mouvante, comme un moteur incessant. Ce qui explique et s’explique protège. Une grande interrogation se pose sur le fond, ce qui englobe et croît. L’accomplissement est assuré. Ce qui disparaît se symbolise, annonce l’aboutissement, un lien fort avec l’autorité spirituelle, peut-être une forme de dédoublement tutélaire. L’individu isolé ne peut plus correspondre. Ce qui émane révèle deux niveaux ou deux étapes. Pour un enrichissement, il faut apprendre à recevoir. J’apprends à contredire les apparitions. Une sorte de « je ne suis pas d’accord » s’anime encore plus fortement. Une crise d’autorité en somme telle que celles qui m’ont offert mon autonomie. Ce qui se protège n’est qu’association et fluidité. Les sacrifices ne se nomment pas encore. Trop douloureux. Il faut un renversement. Le point de vue se radicalise, fait prendre de l’aplomb. On ne rigole pas avec la capacité humaine. Inutile de la confondre avec une action sur soi, ce qui n’empêche pas l’influence. Le devenir a plus d’importance. Rien ne retient. Ce qui se transforme est la relation sociale, sans conflit, dans l’errance joyeuse d’un choix définitif, ce qui compose et oriente les possibles. Les options sont nombreuses, déterminées. Ce que je vais devenir me plaît. Je me souviendrai de toutes ces étapes. Je les expliquerai voire les enseignerai. Il est question de devenir et non d’avenir. Le devenir vers l’exception. Il y a parfois plein à vivre et peu à comprendre intellectuellement. Le bonheur m’envahit de m’être fait piéger par l’énigme. On ne peut s’en détacher que par la fantaisie de la durée. Aller plus loin comme franchir le seuil. Violent débat. Voici le point de vue sur lequel je prends une décision. Il ne sera pas utile de le justifier. Le seul ordre qui tient est le début allant à la fin. Le contenant s’articule avec cette fluidité acquise. Je peux laisser agir ma colère contre ce qui impose. Le renversement a eu lieu. J’affirme mes préférences qui seront mon attention particulière. Cela ne se voit pas mais s’imagine avant tout. Je suis dans une période où j’accepte l’enseignement, les conseils. Il y aura une suite. Si je veux le savoir, je ne dois pas m’arrêter à la complaisance. Je dois m’attribuer un allié ou un maître spirituel. Je le pressens. Cela se compose. L’art de la contradiction. Modifier à chaque instant la focalisation. L’élément soyeux n’est pas forcément bienfaiteur. Il y a peut-être même une menace dans ce que je croyais protecteur. Je n’ai d’yeux que pour l’idéal. Un bonheur d’enfant que je retrouve après avoir cru que devenir adulte consistait à s’empêcher ce bonheur. L’essence du héros. À l’instant même où j’ai tenté de me moquer, une autorité me rappelle à l’ordre. Je tente de combiner mais le silence s’impose. Tout cela ne me veut que du bien. La manière avec laquelle je vais l’aborder doit me dire ce qui se place dans mon domaine, ou comment habiter cette Terre aux violences exubérées. Alors que tout est si calme la majeure partie du temps. L’image propulsée n’a pour objectif que d’inquiéter. Ce retour au livre est là pour traduire un désir d’accomplissement. Cela m’appelle au respect. La rencontre est alors immédiate. L’amitié profonde. Le bonheur de revoir. Dans la fluidité du temps, je parcours l’illustration imprimée dans ma mémoire sensorielle. L’unité est si belle que je me demande où j’en étais resté de mes velléités ésotériques, à trop vouloir, cumulant l’activité jusqu’à l’épuisement. Il est vrai que j’en étais venu à me piéger dans le calcul. Tout allait devenir stratégique. Au point de tout archiver pour l’histoire littéraire. Heureusement pour moi que je trouve les outils qui déchaînent et que ces outils contiennent suffisamment de bienveillance pour me conduire où il faut et m’orienter. Ce qui me contient. Voilà ce que l’on me raconte. J’ai été éveillé. Je dois l’ancrer dans mon histoire. L’enraciner. J’y passerai le temps qu’il faut. Il serait trop brutal que je trouve l’intégrale explication. Ce ne sont que des rappels. Des aide-mémoires. L’avis éclairé est là pour m’accompagner. Ce qui me repoussait devait être dû au fait que trop d’affect était engagé dans le « devoir de réaliser ». Je n’ai pourtant face à moi que des êtres de même nature. Maintenant que je sais que je peux compter sur cet apport, je continue. Je m’imagine dans le futur. Je construis l’image mentale du devenir. Je dois pour cela m’assurer que je ne prends pas à nouveau des chemins d’addiction ou de dépendance. L’image mentale nécessaire, au-delà de la correspondance, est la liaison. Les mots changent. Je peux avoir confiance et m’endormir paisiblement. Je sais que tout cela travaillera en moi, où cela se situe et ce qui veille.

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Wednesday, January 8, 2020

Chroniques de l'invisible - 003

On peut tout dire à partir de très peu. Je suis attiré par l’exception, la jeunesse, au sens vitalité. Il y a bien une correspondance à faire entre le nouveau et l’ancien. Il n’y a pas à se sentir moins noble. État de virginité où le désir s’accumule. Potentiel créatif en gestation. Timidité. L’intellect interfère et bloque l’énergie. Les couleurs célestes. Le bleu. Les regards qui s’affrontent. Que des hommes. Rapport de société ou affectif en crise. Il faut se nourrir. S’amuser. Tout semble en circulation depuis longtemps, et pourtant c’est tout proche, dans l’instant, un présent d’écriture. S’amuser, donc, sans perdre de vue que le récit épaule, que cela autorise d’inventer à partir de soi, face à l’importance de soi. La clairvoyance oriente le regard. C’est un fond appelé à s’élever. Amour et sensualité, marques de naïveté. Aucun doute : une confiance sereine. Merveilleux amour, en effet. Si heureux de voir la lune. D’un même élément, le corps s’équilibre. Figure ailée et couronnée. J’aime les symétries, le « nœud » d’un monde. Tout brille, y compris les papillons dorés. C’est plus qu’un changement. C’est une apparition. Les choix auront un lien avec l’état de l’être pour lequel je n’ai pas besoin d’aide pour sentir où il en est, quand il est confronté aux activités, à l’intimité. Il s’agit d’habiter. Il n’y a pas d’ailleurs. Il n’y a qu’une forme de réduction de l’être due à l’organisation sociale semblant prépondérante. Elle ne domine qu’une partie du sensible. L’autre n’appartient à personne même si elle n’est pas dénuée d’influences. La forêt, les roses, les compagnons, le chemin. Personnage couronné d’où émane de la magie. Au lointain, la vie plus sauvage n’est pas effrayante même si elle est puissante. Tout danse. Merveilleuse rencontre de l’être magique pur, séduisant, enraciné. Il nourrit la Terre de son énergie créatrice, donne, partage. On le trouve. On sait où le trouver. Personnage de la nuit et de la transgression. Tout semble lui sourire. Je suis prêt à admirer la métamorphose avec patience. J’ai besoin de voir ce qui s’anime dans le corps, les mouvements qu’il faut répéter, les zones qui s’activent. L’esprit s’écoute. Le regard s’intériorise. Les couleurs apparaissent. L’élément matériel et le symbole ont une même fonction. Ils sont équivalents. Se détournent, se manipulent avec délicatesse. La clairvoyance vers le seul état de l’être inonde s’il est consacré. Personnage aux blessures dues au labeur. Il hante, tente d’entrer dans le domaine social. Il n’arrive pas en ennemi. Il est une force symbolique qui apporte la protection. Il prend la décision, fait face. Alors, l’histoire sera longue. Il faut toujours épuiser avant de conclure. Je sais cela depuis longtemps. De l’autre côté du miroir : accueil, aboutissement. Les attributs sont opérants autant dans leur élément que dans celui qu’ils ont acquis merveilleusement. Entrer dans la dissimulation sans pour autant oublier sa valeur. L’œuvre du tout est disponible. Un autre pas s’accomplit. L’alliance entre les éléments. L’abandon de tous les préjugés. Il faut s’attendre à recommencer encore, peut-être à changer encore, peut-être à répéter. Il faudra trouver d’autres voies. Le fond de soi est sain, l’introspection apaise. Il y a une sorte de peur, une énigme. Concernant la mise en ordre. La phase publique. Comment se présenter. Ce n’est pas un soutien, mais plutôt une mise en forme du récit. La mission est de protéger, de veiller. Cela se voit mais ne se sait pas au sens où l’initiation n’est donnée à personne comme on donnerait une méthode. Tout le monde n’en sera pas. Je vois qu’un autre point centre l’introspection, le représente sur le corps. Un point de sagesse peut-être. Un retour à l’élément d’origine. Et maintenant que l’histoire est complète, je travaille sur d’autres plans. Je m’autorise. Je tente une autre aventure. Qui contient tout. Introspection active. L’aventure au niveau du contenant. Les outils sont ceux de l’humain, de l’expérience. Je montre, dévoile, expose, à partir du raisonnement. Je suis celui qui s’apprête à agir. L’aspect matériel fleurit, le bagage de la connaissance est aussi le trésor. Je suis prêt pour l’épreuve. L’énigme démultipliée. Les savoirs classés. L’épreuve est spirituelle et aboutit à un résultat concret. Il y a un risque d’erreur important, une duperie liée aux apparences. Les notions ne se travaillent pas en dehors de cette complexité. Croire qu’il n’y a qu’une réponse n’aboutit à rien. Il y aurait un sacrifice à faire. Ou un deuil. La force est puissante. Elle interdit et enferme. Elle refuse. Il n’y a pas de moyen d’agir. La créativité comme mise à l’ombre, emprisonnée. Je suis focalisé par un sujet qui n’est pas le bon, ou bien qui est composé d’autres données auxquelles je n’ai pas accès. Les coups sont violents. Le corps les ressent comme une trahison. Je forme l’image d’une autre autorité alarmante, qui trône, dont l’évocation fait souffrir. L’enfant roi, armuré, intouchable. Il met le dominant face à ses contradictions, lui rappelle l’ordre à suivre, la règle à respecter. On ne mélange pas. On ne confond pas. On n’inverse pas. On ne se dote d’aucun artifice. C’est une action de vérité. Peut-être des degrés de conscience. L’ennemi intérieur. Je suis plus frêle, prenant la mesure du chemin à parcourir, moins sûr de moi. Presque convaincu que l’image figurée est bien là pour tromper. Homme, femme, ange ou démon. Une trilogie. Ce qui règne règne absolument. Je pense au crime, évidemment. À ce qui peut aider dans la résolution, et que j’ai sous les yeux. « Nous invite, par la ruse sacrée, à substituer au perfectionnisme la notion d’excellence ». La voie est très active, conquérante. L’empreinte ne va rien concrétiser dans la conscience immédiatement. Elle est une règle du jeu qui s’installe. Tout parle plus fort. La lune. Du lever au coucher, toujours les mêmes questions. La trilogie parle. Au fur et à mesure, la lecture ne peut se faire qu’en correspondance. L’être enchaîné se libère. Ce n’est pas parce qu’il y a deux personnages qu’il y a deux identités. Tout est double ou pourrait l’être. Le trouble est aspect réceptif. Il y a un ordre dans les couleurs. Bleu, rouge, jaune. Ou jaune, rouge, bleu. C’est bien la lutte entre le dogme et la vie, la règle qu’il faut contester pour créer. On nous enchaîne dans des problématiques psychologiques alors qu’il n’est question que d’éveiller la sensibilité. Même si le tout est admirablement composé d’éléments interdépendants, une unité ne peut se confondre avec une autre. Elle doit avoir son indépendance, une force vitale autonome. Je laisse tomber les dépendances, s’évanouir les superstitions, les a priori grotesques directement associés du type : masculin pour la force, l’énergie, la réalisation matérielle ; féminin pour la sensibilité, l’accomplissement spirituel, la réceptivité. Cela conduit à nous faire croire que nous sommes prédéterminés. C’est nier l’extraordinaire puissance de la vie.

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