Saturday, November 7, 2015

Pier Paolo Pasolini

Si le soleil revient, si le soir descend
   si la nuit a un goût de nuits à venir,
si un après-midi pluvieux semble revenir
   d’époques trop aimées et jamais entièrement obtenues,
je ne suis plus heureux, ni d’en jouir ni d’en souffrir ;
   je ne sens plus, devant moi, la vie entière…
Pour être poètes, il faut avoir beaucoup de temps ;
   des heures et des heures de solitude dont la seule
façon pour que quelque chose se forme, force,
   abandon, vice, liberté, pour donner un style au chaos.
Moi je n’ai plus guère de temps : à cause de la mort
   qui approche, au crépuscule de la jeunesse.
Mais à cause aussi de notre monde humain,
   qui vole le pain aux pauvres et la paix aux poètes.

Wednesday, November 4, 2015

La belle allure

Les règles sont strictes : il faut arriver à l’heure à la répétition, et avoir son matériel. Là, c’est sérieux. On a trois heures pour fixer l’ordre du programme, réviser les carrures, les pas de danse et les breaks, les apprendre pour certains, tenter des vitesses effrénées. Si quelqu’un se trompe, il est rattrapé instantanément par le maître de danse. Si ça rame, on s’arrête. Il ne faut pas se tromper. On reprend.

La notion du « on reprend pour toi », si célèbre, donc, dans les milieux artistiques all around the World.

Ne nous le cachons pas, la répétition est utile pour tout le monde. Les élèves, appelons-les les amateurs, assurent en musique une partie d’accompagnement. Sur le plateau, la danseuse pro a son double qui fait intégralement les mêmes gestes au même moment que son modèle. Toute la chorégraphie est écrite à l’exception des solos, petits moments de liberté expressive encadrés par le maître de danse qui, lui, est au fer. Par un jeu de rythmes, il annonce les changements de pas, provoque les breaks et maintient l’allure, ce si beau mot qui évoque autant le tempo que la jolie manière de se présenter au public.

Coût de tout ce travail : le prix de la location d’une salle de répétition dans un centre social, soit sept euros.