Friday, March 19, 2021

Chroniques de l'invisible - 439

C’était peut-être Laurent, la pire des crapules. Petit air engagé comme ça. Ce type avait toujours dans son sac des sortes de boules de combat prêtes à l’emploi. Tu l’enroules, tu vois, tiens, j’te montre. T’as remarqué, j’ai toujours un foulard autour du cou. En deux secondes, hop hop hop. Avec ça, j’peux tuer. J’aime autant te dire qu’ils la ramènent pas après. Oh. Je ne sais pas combien il en avait tapé tué insulté. Au début, je trouvais ça marrant qu’il confonde mon prénom. Ça lui donnait un petit côté j’ai autre chose à penser. Et puis, le fait qu’il m’ait parlé aussi de Ylies. C’était très spontané. L’ambiance, c’était secret défense en apparence avec déversement de l’intime au moment où on s’y attend le moins. En public, c’était efficace. Wilson : tu veux que je dise à tout le monde pourquoi t’es ici, dire comment t’étais un caïd dans la cour de récré ? Ils étaient combien à te foutre sur la gueule, lopette ? Et maintenant tu crois que tu vas faire ta loi dans le couloir ? C’est ça. Exactement ça. Toujours ça. Repasser les ronces à chaque fois. Les refranchir. Les mêmes ronces. Ce qui se rappelle lourdement depuis quelques jours. Les perversions lourdes. L’impasse. Attention. Warning. On prend un peu de recul. Sinon, c’est encore l’invasion. Il avait horreur du vide, par exemple. Le moindre trou dans l’agenda, grosse panique. Quelques plages libres pour le repos et le ménage conventionnels. Sinon, remplir, remplir, remplir. Pas manqué. Alors que la question de la liberté vient sonner à notre porte. On ne comprend plus. Les ronces. Elles sont là. On doit faire avec. Toute stratégie d’évitement est vouée à l’échec. C’est une manière de ne pas en faire un impensé. Il ne s’agit pas d’en faire le déroulé. Là où je reviens encore. Ce qui n’était plus possible. Ou quand cela ne l’était plus. Très simple. Un engrenage. Quand tout de la sphère privée est contaminé. Je dois riposter. Des années en quelques phrases, comme en plein cœur du mystère.

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