Le langage ne fait plus qu’employer un vocabulaire restreint, devenant véhiculaire, dans l’air que nous respirons, les bruits que nous entendons, un pont entre toutes les pensées, une sorte de ciel englobant les territoires paisibles où chacun se promène, près de son propre rivage, au pied de sa propre montagne, au centre de sa propre forêt, ne voyant plus ce qui a si longtemps été cherché comme un obstacle mais comme un point de rencontre, le rendez-vous de la quiétude, les bouleversantes larmes de celle qui découvre si tardivement qu’elle vient de perdre la personne qu’elle a le plus aimée en découvrant son amour, le dévoilant, le jour où elle s’est penchée, une dernière fois, sur la dépouille d’un corps qui ne contenait plus aucune âme, plongeant dans les traces de l’être pour ne plus faire que reconstituer l’impossible présence, trouvant, dans chaque métaphore, la puissance d’un sentiment qu’elle se persuade d’avoir perçu, se sentant prête à être celle qui saura perpétuer le souvenir de multiples intentions qui semblent lui avoir été destinées parce qu’elle les comprend comme une langue qu’elle a toujours parlée, une sonorité qu’elle a toujours entendue, une voix d’un réel qu’elle a vécu.