Tuesday, September 12, 2017

Le trouble habitant, les actes posés

Le trouble habitant, les actes posés, chaque geste inspiré, les confusions créatrices, doux parfum d’exotisme, l’existant possédant, les salives amères, les douleurs devenues permanentes, corps voûtés, protégés, le rythme d’un singulier balancement, tête penchée, regard triste d’avoir encore à constater l’épuisement d’une lutte fratricide entre des éléments fondateurs, socles de toutes les croyances, à ne plus vouloir faire semblant, où nous aurions subtilisé, coupé, tranché, s’adressant à d’autres, l’expression, disparue, l’évocation de soi, révoquée, le terrible jugement face au mépris, puissance de tant d’heures incompressibles passées à rester, avides que nous étions d’arriver à la concordance, déçus qu’aucune orientation ne soit prise de celles que nous avions espérées, voyant la situation se préparer, l’ayant envisagé sur un chemin, inventée toute une nuit, continuant les conversations qu’il avait manquées, un simple mot, merci, pardon, je comprends ce qui t’a mené aujourd’hui à maintenir ce mélancolique silence qui te rendait mystérieux, comme une règle enfreinte, quelques secondes, pour voir ce que ce serait de revenir à l’ancien temps, le temps d’une espérance désolée, dans le crépuscule d’une journée d’hiver, devant la nature figée, à la lumière d’un vieux néon bruyant, au loin, s’éloignant, les sons discordants d’une fanfare d’amateurs, les joies non retenues de l’enfance, les petits et les grands, triomphants, aux odeurs acidulées, les yeux enflammés, toujours, dans la continuité des bruits d’une banlieue dortoir, rentrer, se laver, voir chaque objet n’avoir presque jamais bougé, tenter de ne pas faire tout exactement comme hier, aux habitudes, répondre aimablement pour mentir, un peu, oublier de dire, qu’après une telle journée, le désir est ailleurs, dans d’autres villes, d’autres pays, dans d’autres maisons, d’autres lits, la rigueur s’étant peu à peu installée, à ta place, comme un chien, à l’heure stricte, le même programme, à la fin des obligations sociales, le même sommeil sourd, les mêmes lumières qui s’éclairent dans l’allée, machinalement, le château d’une fin de règne, délabré, où une autre histoire s’est installée, dans les murs, les moquettes, les escaliers, ouvrant subitement le regard vers l’ailleurs, le pouls s’accélérant, l’air envahissant tellement le corps que le visage s’illumine d’un sourire, à nous voir, enfin, réunis, au nombre de sacrifices, aux essais constants, tant pis pour ce qu’on en dira, comme une folie, de nouveau, assoiffés, les os craquant, le dos se redressant, pour s’accueillir, se souhaiter la bienvenue, un bon retour « à la maison », nous voilà, valsant, nous nous crions « comment ne pas y avoir pensé plus tôt », à cette manière de faire, cette manière d’être, nos prénoms, enlacés, nos vies mêlées, c’était si simple, sans effort, de se reconnaître, dans ce très lourd brouillard, ne comprenant pas ce qui fondait cette peur insensée, maintenant, peut-être, le moment attendu, une cloche sonnant minuit, la terre humine, plus rien que nos corps se faisant face, enfin, le début de notre histoire.