Format offert à la suspension du réel au-dessus de l’abîme foudroyant que nous balançons inlassablement, brassant les deux formes d’incertitudes, un avant, un après, levant, couchant, où décliner serait renoncer, d’y voir, en pleine conscience, le rideau s’ouvrant lentement, un fond d’âme tel un fond de plateau, un paysage reconstitué, l’expression figée dans le marbre d’une statue, femme ou enfant, la lumière, découvrant, habituant le regard à préciser, nouvelle, douce, d’un matin gelé, composant, avec des fleurs fraîches, des tables, une scène déjà prête pour accueillir, sans heurt, une invitation à revenir, tel, comme, pour, peu importe, les raisons, des origines venues s’apaiser à force des multiples relectures de l’immédiat, à travers des vitres vieillies, une brume du sacré, un chemin en travaux, les tentations rendues passives, de l’autre côté, mesurant l’émotion prenant peu à peu possession du corps, quand il voudrait frapper, oser, enfreindre, la loi dite des convenances, pour lutter à son tour, dans l’adversité, la nébuleuse observée trop longtemps pour n’avoir aucun autre moyen d’agir que la confusion des lignes, procéder au mouvement continu de la pensée, mettant en doute les proximités, les raisons d’être, ce qui apparaît douloureusement, s’évaporant ainsi dans le flux mystérieux d’une marche nocturne sous des arbres puissants, un oiseau au chant nostalgique, signifiant une présence, un espoir emplissant les poumons, larmes désespérées, de ne faire que perdre des êtres chers, des parts entières de soi, notre parcelle d’humanité, amputée, de ce qui, quelques secondes auparavant, semblait être de l’ordre de l’essentiel, une force d’inspiration, un modèle, de désir originel, le temps, de laisser s’éloigner, d’admirer le lointain comme une source, ne souhaitant plus en finir, désormais, avec la singularité, la distinction, quand on voulait empêcher, quand on voulait retenir, quand on voulait vivre, rompant tout lien social, à ne plus savoir déchiffrer les autres langages, tous, étrangers, tous, hostiles, en refus total d’apprendre, nous, à présent, à l’écoute, du moindre signe, sauvés, échappés, protégés, attendant d’autres nuits pour réguler cette longue insomnie, la seule inscription d’une vie achevée, d’un deuil à entretenir pour voir naître l’impensé.