Travailler la pauvreté de la phrase pour qu’elle ne trompe plus l’esprit qui la dévoile, d’un chemin de racines, tracé de l’irrégularité, à l’humeur de l’instant, rappelant que l’expérience s’est maintenant suffisamment engagée pour que l’échec ne fasse plus peur, car d’idéal en soi, de beauté pure, il n’en existe qu’à l’état de nature, d’un vent qui a soufflé, d’une pierre qui s’est posée, de la conviction d’une mort annoncée, comme l’écriture d’un destin, n’ouvrant plus d’autres impuretés que celles que jette un peintre insatisfait, pour que le rejet soit un geste créateur, se repousser, honteusement, parce que le mot qui s’est glissé révèle trop, parce qu’il en dit plus sur l’écrivant que sur le lisant, alors que la puissance de l’écriture est de s’inscrire dans le présent d’un autre, dans l’écriture d’un autre, transposant une manière d’aborder les senteurs d’un monde entourant, les fraîcheurs caressant les bras, les besoins de se voir à travers le comportement d’un autre regardant, ponctuant, avec des pauses, des égarements, des connexions qui n’appartiennent qu’à un seul être, dimension inévaluable de silences dont il ne subsiste aucune trace que ce qui a été réalisé dans la vie, sous forme de ponts, sous forme d’ouvertures de frontières, sous forme de lois, sous forme de manière d’enseigner, de dire, d’informer, de rire et d’espérer.