Nous voulions juste que l’entourage comprenne que les incidents qui avaient provoqué tant de remous, une fois détachés de nos propres craintes, n’avaient été que des points de focalisation, rendus à eux-mêmes, sans autre sens que ce qu’ils étaient venus mettre en lumière, que l’expression d’un malaise certain, un jour, avait décidé de s’inscrire dans la réalité d’un mouvement, pour qu’une fois isolée, encadrée, elle puisse signifier ce qui n’avait jamais été dit, dans les forteresses de l’ombre, le royaume des secrets bien gardés, là où se décidaient des lois incontournables, forçant à ce que l’abandon de soi, cumulé, fasse unité, armée composée de soldats aux volontés détournées, n’envisageant que l’essor d’un système singulier, qui n’avait de raison d’être que dans ce seul domaine, où pour faire taire l’opinion divergente, on avait réinventé la geôle de la perversion, le dédain masqué d’une perfide ironie, le rejet systématique de toute nouvelle proposition, le fait d’oublier, peu à peu, de prendre en considération l’existence-même de l’individu en tant qu’unité de mesure, resserrant l’instance de décisions dans le huis-clos des dominations, instaurant un réseau fin d’informations, des canaux de communications subtils, où un seul, séduisant quelques autres, par la radicalité du ton, la démonstration d’un pouvoir réel, consolidait le trône sur lequel il s’était installé, garantissant la pérennité d’un désir latent, celui d’être au centre, l’incontournable, sujet de toutes conversations, admiré des plus proches, accusé par celles et ceux qu’on avait voué à l’inexpression en les enfermant tacitement dans un circuit de discussion d’où n’émanait plus aucune décision.