Nous allions enfin pouvoir nous promener à notre rythme dans nos propres aventures poétiques, vouer ces longs moments d’observation à l’établissement de la seule source à laquelle nous viendrions puiser grâce à la valeur que nous allions y placer, un tout formant en permanence un autre tout, pour que l’histoire que nous allions désormais raconter soit nôtre, dans les prairies, au-dessus des arbres, horizon circulaire, quelle que soit la direction que notre regard allait choisir, l’amont, l’aval, mieux que l’avant et l’après, la perception de plus en plus fine de l’interconnexion de tous les éléments, jusqu’à ne plus croire que nous manquions l’événement, puisqu’il était là, au présent, devant nous, autant ce qui nous entourait que nous, participant, notre corps, enfin, s’imprégnant et influençant à sa manière, dans son style, aux heures où plus personne ne l’attendait, pour mieux rencontrer, mieux écouter, mieux traduire, celles et ceux qui allaient composer, avec nous, la lente mélodie que nous avions entendu naître lorsque notre voix, rejetant pour toujours de se soumettre, s’était élevée, d’abord timide, d’abord fragile, pour non plus constamment contredire ou s’enfermer seule, dans l’incompréhensible tristesse désolée, mais pour apporter une aide précieuse, une touche s’harmonisant, simple, entière, un point du tableau, un point de la globalité à laquelle nous étions raccordés.