Ce « cher amour », résonnant, comme les quelques mots que nous avons laissé passer, plongeant le long des lignes, à bout de souffle, ne croyant plus déjà, les larmes éventrant quelques mots, cette histoire dans laquelle nous sommes, bien décrits, avec des dates, des étapes, un jour où geste d’amour aurait contré le destin d’une vie souhaitée courte, pied glissé dans l’entrebâillement d’une porte, ouvrir, nourrir, appeler à sortir, rencontrer, jusqu’à y prendre du plaisir, un nouveau plaisir, menacé encore par l’épée suspendue, ce qui tout sera là quand il ne sera plus, romantique, vie seulement prolongée, pour nous, parce que nous ne cessions de nous tourner vers l’avenir, partageant, investissant, nous mariant, vice dissimulé se propageant, simplement, dans la durée qui chaque début de journée n’était pas encore envisagée, espérant que nous finirions par comprendre, piégeur piégé, continuant de tisser les illusions d’une légende ayant déjà traversé plusieurs décennies, pour peu à peu installer le silence autour de nous, l’interdiction de révéler à moins qu’un seul d’entre nous décide, gouverne, choisisse, apparaissant au bord d’une falaise, prêt à sauter, le jour où un caprice lui serait refusé, jusqu’à punir, jusqu’au pire, possession des barbares, domination du corps, variation subtile sur un thème ancestral, quand la frontière est franchie, plongeant dans l’idéal d’un mal recommencé, perpétué, avec ces filiations dégénérées qui éclaboussent encore la terre entière, pour finir par « je t’aime », dérouler sous nos yeux la vie et l’œuvre d’un criminel, comment il se construit, comment il se poursuit, comment il se piège lui-même en n’imaginant pas l’effet de ce qui, en nous, de ce geste, de ce fait, de cet incident, avait été dévasté.
Tuesday, November 28, 2017
Friday, November 24, 2017
Au contraire
Au contraire, nous avions déclenché les fougues, le besoin des uns d’en détruire d’autres, la confusion irréversible de toutes les amitiés, une rupture de solidarité, des motifs d’exclusion, des jugements arbitraires, un verdict qui serait étudié plus tard s’agissant de son application, jusqu’au procès suivant, jusqu’aux assises, dédain renouvelé, focalisation du sujet, moralisation sans débat, stigmatisation d’un conflit inventé pour éviter d’aborder les réelles responsabilités, ce qui, seulement quelques mois plus tard, semblera dérisoire, masquant subtilement la vérité, les raisons fondamentales, drôle d’idée, de s’être emporté pour si peu, alors que le fond n’a pas été révélé, l’imposture, le vol, la malhonnêteté, la réelle faute, inscrite à tout jamais dans l’indicible métaphore d’une matière fictionnelle.
Monday, November 20, 2017
Nous voulions juste que l’entourage comprenne
Nous voulions juste que l’entourage comprenne que les incidents qui avaient provoqué tant de remous, une fois détachés de nos propres craintes, n’avaient été que des points de focalisation, rendus à eux-mêmes, sans autre sens que ce qu’ils étaient venus mettre en lumière, que l’expression d’un malaise certain, un jour, avait décidé de s’inscrire dans la réalité d’un mouvement, pour qu’une fois isolée, encadrée, elle puisse signifier ce qui n’avait jamais été dit, dans les forteresses de l’ombre, le royaume des secrets bien gardés, là où se décidaient des lois incontournables, forçant à ce que l’abandon de soi, cumulé, fasse unité, armée composée de soldats aux volontés détournées, n’envisageant que l’essor d’un système singulier, qui n’avait de raison d’être que dans ce seul domaine, où pour faire taire l’opinion divergente, on avait réinventé la geôle de la perversion, le dédain masqué d’une perfide ironie, le rejet systématique de toute nouvelle proposition, le fait d’oublier, peu à peu, de prendre en considération l’existence-même de l’individu en tant qu’unité de mesure, resserrant l’instance de décisions dans le huis-clos des dominations, instaurant un réseau fin d’informations, des canaux de communications subtils, où un seul, séduisant quelques autres, par la radicalité du ton, la démonstration d’un pouvoir réel, consolidait le trône sur lequel il s’était installé, garantissant la pérennité d’un désir latent, celui d’être au centre, l’incontournable, sujet de toutes conversations, admiré des plus proches, accusé par celles et ceux qu’on avait voué à l’inexpression en les enfermant tacitement dans un circuit de discussion d’où n’émanait plus aucune décision.
Tuesday, November 14, 2017
Nous allions enfin pouvoir nous promener à notre rythme dans nos propres aventures poétiques
Nous allions enfin pouvoir nous promener à notre rythme dans nos propres aventures poétiques, vouer ces longs moments d’observation à l’établissement de la seule source à laquelle nous viendrions puiser grâce à la valeur que nous allions y placer, un tout formant en permanence un autre tout, pour que l’histoire que nous allions désormais raconter soit nôtre, dans les prairies, au-dessus des arbres, horizon circulaire, quelle que soit la direction que notre regard allait choisir, l’amont, l’aval, mieux que l’avant et l’après, la perception de plus en plus fine de l’interconnexion de tous les éléments, jusqu’à ne plus croire que nous manquions l’événement, puisqu’il était là, au présent, devant nous, autant ce qui nous entourait que nous, participant, notre corps, enfin, s’imprégnant et influençant à sa manière, dans son style, aux heures où plus personne ne l’attendait, pour mieux rencontrer, mieux écouter, mieux traduire, celles et ceux qui allaient composer, avec nous, la lente mélodie que nous avions entendu naître lorsque notre voix, rejetant pour toujours de se soumettre, s’était élevée, d’abord timide, d’abord fragile, pour non plus constamment contredire ou s’enfermer seule, dans l’incompréhensible tristesse désolée, mais pour apporter une aide précieuse, une touche s’harmonisant, simple, entière, un point du tableau, un point de la globalité à laquelle nous étions raccordés.
Friday, November 10, 2017
Nous observions
Nous observions, nous participions, nous accompagnions, lieu composé de tant de facettes, lieu de contradiction, l’amour pur, tel qu’il se traduit dans le besoin d’un autre, sa résonance dans nos corps, ses soupirs, ses attentes, ses mains posées, le souvenir d’une forme d’origine, à laquelle nous avons cessé de vouloir attacher des mots, puisque l’émotion ne fait que se diffuser, ressemble, mais ne répète pas, chemins de rencontre, plénitude de l’instant, regards posés, en écriture, éprouvant la sensation d’un retour, avec cette certitude d’être venus là chercher à se démunir, écouter la nuit, le voyage aidant à assumer une décision, à la confirmer, pensant à tout ce qui, là-bas, a été laissé, pensant surtout au vide que tout cela crée, un espace d’invention continue, le seul capable de supplanter les énergies semblant nous gouverner, avec ces faiblesses de l’esprit qu’on tente de nous faire passer pour prodigieuses, sans oublier les scandales et les guerres, la météo du quotidien, car ce serait en partie ça qui déciderait notre degré d’inquiétude, notre seuil de soumission, à droite, à gauche, tout droit, admettant qu’un juste combat avait été mené, qu’il aurait des conséquences, mais en attendant, il fallait souffrir d’avoir laissé passer une autre forme d’autorité, tout aussi puissante, peut-être moins dévastatrice, pensions-nous, mais qu’il faudrait un jour combattre, ainsi, parce qu’il n’y a pas d’autres formes possibles, par le document signé, daté, adressé, par la littérature qui seule a la liberté absolue, au centre d’un pavé indéchiffrable, pour les quelques-uns qui auront le désir d’aller au bout, de dire que le système est bel et bien gangréné de petits chefaillons s’enrichissant, prenant un plaisir malsain à soumettre, à inventer de nouvelles lois, des lois de savoir-être, jusqu’à se multiplier dans les corps malades, atrophiés, devenus hystériques, les sentinelles, retour des collabos, ou graine de collabos qui s’est réimplantée, mystérieusement, à l’endroit-même où nous étions, par chance, déjà en culture dans tant d’autres domaines que nous savons que si un jour un système doit s’effondrer, ce sera celui-là, celui des délations et des sentinelles, parce que le travail est en cours, le chemin que nous empruntons leur est invisible, parce qu’ils se maintiennent dans une forteresse, n’existent pas sans les prisons qu’ils construisent, parce qu’il suffit qu’un jardin nous sépare pour qu’ils n’aient plus aucune influence sur ce que nous préparons.
Monday, November 6, 2017
Un chant lointain
Un chant lointain, hors de soi, un souffle de bien-être, entoure ce que nous avons été, ce que nous allons à nouveau rechercher, qui sera bon de toujours approcher, révélant, une lente métamorphose, d’un être, d’un état de l’être, aux dimensions élargies, un fond de réel, presque une ossature prenant chair, dans les couloirs en friches, paysage désolé, nous aimions, seuls, observer le degré de tristesse apparente, dans les regards, le lire sur les corps, un épuisement, un égarement, une erreur admise, du temps qui ne servirait plus à rien, où il serait devenu impossible de produire, à cause de cette fin espérée, l’entendre déjà, « c’est fini », nous devons envisager de rentrer, alors qu’il était si bon d’être entre soi, voyant, peu à peu, se former la communauté poétique, la même attention portée à l’intensité d’un orage, nous y sommes, au présent, les signes le disent, les signes suffisent, le calme, un lieu public presque vide, les mots apparaissant dans la douceur, volonté subtile d’un laisser-faire, laisser-aller, lui, lisant au bout d’un comptoir, déplaçant le devoir, envisageant désormais, d’autres objectifs, long terme à peine mieux défini, sur un tout autre support, l’imaginaire ouvert, oui, c’est mieux, pour ce qu’il est possible de reprendre, là où nous l’avons laissé, un numéro de page, une ligne, un mot, mis en mémoire quelques minutes, s’allongeant, au gré du rythme des convenances, dans l’air pur, poétique, où de nouveaux visages prennent part, drôle de génération, l’amont, sans doute, proche de la source, plus proche, merveilleusement déployée, gouvernant, avec ce sérieux dramatique, presque inexpressif, consciente de son rôle, aux affaires, nous allons nous occuper de tout, disent-elles, disent-ils, la frontière tracée, le respect, visible, reconnaissant celui qui, on ne sait, porte un mystère que d’autres n’ont pas, sorte d’aura, lorsque, se relisant, se recopiant, nous nous souvenions, de cet échange, nous choisissions de ne pas le transmettre, barrant le reste à sa diffusion, laissant voir, ailleurs, où rien n’est évident, où il faudra chercher, les marques de l’usure, les couleurs passées, ce qui semble avoir été rénové, et puis, entourant, l’éphémère, la vie si courte, vrille, fusées, propulsées, révélant qu’il y aura, une poignée de main, un contact, se préparant au-delà de toutes les dimensions jusqu’ici rencontrées, places réservées dans la continuité, d’avoir dit avec justesse, agi avec bienveillance, pour tous, à tous, l’intention proportionnée, il était passé se rendre compte que tout allait bien dans ce lieu réputé sans danger, où l’histoire se raconte, en parallèle, où il avait connu, peut-être un an auparavant, la même sensation qu’il y a dix ans, une déflagration, désignant, après avoir choisi quelles portes protègeraient un lent balancement encore méconnu, entre deux rives, entre deux mondes, jusqu’aux explorations insensés, y revenir, seul, étudier, travailler, une traversée de la pensée, de longues marches, forêts des désirs indéfinis, se livrant aux pluies fines, pointe de douleur dans la poitrine, le bas ventre, aspiré d’un sommeil profond où tout résiste, la nuque à nouveau serrée, souffle pur, souffle impur, inspirer, expirer, le mouvement du monde, la matière révélée, la voir métamorphoser, unis dans l’addiction, déplacés, le long d’une colonne vertébrale, les points de tension, une main caressant, une présence, quelqu’un, est là, veille, attend, que le repos habite, nous nous sommes tant aimés, de ce deuil en retour, lieu du deuil, d’avoir si longtemps cru que nous étions dessus, peur d’être immergés, alors que nous étions tout entiers presque au fond de ce que pourraient être d’immenses océans suspendus, emplis de tout ce qui est, constitue, choisir de s’y déplacer en conscience, rencontrer les éléments un à un, puisque la vie s’y propulse en permanente naissance, fruits visibles, si proches de réussir, dans l’ère des combats, des volontaires, des assaillants, ils se reconnaissent, travaillent leur expansion, on ne les prévoit pas, personne ne les voit se préparer, sous l’apparente immaturité, ils contrôlent déjà, occupent, font rire, mobilisent l’attention de quelques-uns, à qui ils manifestent, un signe de reconnaissance, parce qu’ils auront besoin d’aide, au moment venu, à l’heure des choix, alors qu’ils seraient supposés n’avoir aucune légitimité, nous les accueillerons, nous les soutiendrons, nous dirons combien nous leur faisons confiance, combien nous serons avec eux pour mettre en œuvre l’exceptionnelle beauté d’une fin romanesque.
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