À se manquer à force d’exister, ailleurs, parce qu’il n’y a plus de secrets, nous, troublés, forcément troublés, comme des amis perdus de longue date, à se retrouver, immédiats, à s’aimer par nature, à lire en partie cette histoire traversée, d’où nous nous sommes exclus l’un et l’autre, à voir ce qui est resté et ce qui a changé, ce qui change, même, dans l’instant, dans la manière de nous percevoir, de nous attendre, de nous savoir possiblement disparus l’un pour l’autre, parce que c’est déjà arrivé, une fois, dans notre vie, de nous laisser partir dans d’improbables univers, dans lesquels il semblait impossible de pénétrer, à ne plus vouloir entendre ce qui pourrait à nouveau nous séparer, notre manière de nous consacrer à d’autres projets, à d’autres objectifs, aux dynamiques inverses de deux héritages, si différents, l’un s’affaissant, l’autre conquérant, l’un mourant, l’autre naissant, des formes d’humanité qui se croisent, toujours, dans leurs propres attentes, dans leurs propres domaines, dans leurs propres manières de s’exprimer, sans trop savoir si l’une est en avance sur l’autre, si nous connaitrons la fin de l’une, la fin de l’autre, comme un segment d’une immense ADN, par toutes les dimensions de l’être, opérant ce qui semble pouvoir se maintenir, dans un paysage si lentement en mouvement qu’aucune pensée n’envisage de le voir différent.