Univers déployé de l’imaginaire quand les grands tourments viennent de traverser plusieurs heures d’incertitudes, pour finir là, inchangé, après avoir lutté contre la culpabilité, trop de souvenirs remués, une volonté passive de se laisser conduire dans une image d’isolement, en route, pourtant, vers un monde déjà quitté d’idéaux trompés, fruit du paradoxe de l’addiction, aimer comme espérer, au bout d’une chaîne, à la croisée des souffrances, le signe qu’une force a agi, une confiance retrouvée grâce à l’honnêteté, de fait, de nouvelles amitiés liées pour s’adresser en dehors de fictives allusions, s’il avait été possible, plus tôt, de mieux adapter l’exigence, de faire que tout recommence à un niveau accessible de l’écoute, pour que l’exercice redevienne un moment choisi, la phrase s’immisçant dans son propre décor, mue dans sa propre action, le sujet apparaissant au détour d’une vision, ciel voilé, fraîcheur de la fin d’une saison heureuse, le long des jambes, un point d’étape de l’ascension, quand tous les dangers sont passés, au bord d’un lac, fleurs blanches éparpillées, une capuche sur la tête, l’air pur de la haute montagne, nageant en pleine nature, l’effort renouvelé pour aller, plus loin, surtout, plus loin, non pour fuir mais pour réussir, collectivement, à conduire la barque des insomnies vers d’autres paysages instantanés, tirés des profondeurs de l’émotion, comme le théâtre ouvert d’une grande plage de forêts intimes, cherchant à traduire en langage poétique ce que c’est que d’avoir été dévasté, bombe insensée, au cœur de l’innocence quand, rescapé, il n’y a plus qu’un verbe : continuer.
Monday, November 28, 2016
Sunday, November 27, 2016
Mireille Calle-Gruber
De livre en livre tout reprendre, une fois encore, une vie encore, une œuvre entière, écrire, afin de refictionner le monde au présent de la page, présent indicatif qui est la seule temporalité du geste d'écrire. Et le temps du vivant — abîme et renaissance.
Écrire : ce qui ne meurt pas.
Écrire : c'est ce qui ne meurt pas.
Tuesday, November 22, 2016
Nouveau champ de l'insoluble
Nouveau champ de l’insoluble où il devient précieux de se retrouver, brouillon d’un pire s’améliorant, mieux équipé pour entrer dans la durée, comme un jeu de piste, truffé d’énigmes, où l’apparent ne reflète que la partie infime d’un tout agissant en profondeur de l’être, où se croisent des racines non jugées, passant sans angoisse des zones qui, ailleurs, autrement, sans prise en compte de tous les autres, absents, seraient une fiction de l’échec alors qu’elles nourrissent l’expérience.
Sunday, November 20, 2016
Hélène Bessette
Elle décide de s'occuper. De s'agiter. De s'énerver. De s'exciter. De commander. D'exiger. De se promener. De regarder. D'examiner. De juger. De classer. De condamner. De rejeter. D'exalter. De comparer. De calculer. De dépenser. De recomposer. D'obtenir. De se souvenir. De recueillir. De maintenir. De parvenir. Elle décide de vivre. L'argent absent, elle se décide pour l'argent. Elle remplace les lettres du cœur par les opérations de la tête. De sa jupe en tergal, de son sweater en orlon, de son chemisier en crylor, de son mouchoir en rilsan, panonceau ambulant, la voici déterminée.
Vêtue de son manteau en arraché, en peigné, en croisé, en doublé, elle décide de se mêler à des foules qui là-bas se croisent.
Elle veut parler. Questionner. Répondre. Demander. Expliquer. Acquérir. Dépenser. Acheter ou renoncer. Disputer avec une vendeuse. Qui devenue un bref moment l'amie-ennemie, l'ennemie-amie, entrera dans sa vie.
Dominer son monde, le monde, des mondes. Et la situation.
Ne dominant plus dans les affections, elle dominera des situations.
Le verbe dominer est de toute évidence, le verbe numéro 1.
Le verbe champion. Super-vedette.
Le verbe à sensation.
Friday, November 18, 2016
Tous les errements de l'âme
Tous les errements de l’âme, partout, dispersés, témoins d’une profonde nostalgie, commençant à éclaircir comment la poésie du discours s’est faite enclave dans le corps-même du texte, à quel moment elle a répondu à l’appel déchirant d’un instinct de survie, le jour où un lieu s’est mis à évoquer l’existence possible d’un être habité des innombrables lectures de l’autre, sans crainte de vouloir cumuler, de vouloir dépenser, d’assouvir passionément la constance du désir, la chorégraphie de l’amour, la joie de se lever, en musique, de rire d’abord, de partager, d’entrer dans des pièces aujourd’hui remplies d’une nouvelle histoire où un seul personnage fait foule, variation infinie d’une image reconstituée.
Monday, November 14, 2016
Celui qui s'est tellement avancé que l'écriture résonne
Celui qui s’est déjà tellement avancé que l’écriture résonne, comme supérieure, comme dimension qui échappe à ceux qui la reçoivent malgré eux, quand la pensée agit, travaille, construit, que le monde visible ne devient qu’une conséquence, qu’un mouvement s’articule en profondeur de la vie, ni céleste, ni souterraine, mais simplement autre que ce qui est directement perceptible, parce que les mots trouvés se sont plus justement adressés à celui qui s’est, aussi, avancé, au moment le plus juste, après avoir lui aussi traversé la première antichambre de l’intime où il s’est apaisé, laissant, en les livrant au silence, les égards infondés, les attentes démesurées, voyant la pureté de relations saines établir la source d’une nouvelle soif, se souvenant des heures partagées, des discours au passé, immédiatement ailleurs, autrement plus sensible et plus rayonnant, admirant la souplesse de l’esprit, comme en voyage avec des images éphémères, dans la douceur du réel, entier, écoutant la musique naître du corps, la désirant infiniment continue, prolongeant l’attention d’une sensibilité captivée, surprise qu’un sens soit dessaisi au profit d’un autre se formant, peu à peu, au fur et à mesure que la phrase se déroule, lue, entendue, aperçue, comme un visage resté sur un quai, comme un regard croisé, comme un double espéré, même tenue, même attitude, presque au même endroit au même instant, plongeant les mêmes égarements dans les mêmes égarements, se soutenant quelques secondes, se souriant timidement, la rencontre et la séparation comme une seule donnée, quand un deuil immédiat foudroie l’émotion, qu’un regret suit l’espoir de tellement près que l’impensable s’oublie sur le champs.
Sunday, November 13, 2016
Hélène Frédérick
Un corps est trop étroit pour tout contenir. J'ai beau rester sans bouger sur le fauteuil, quelque chose me secoue : mes propres battements de cœur. Ce n'est pas le cœur, c'est Je qui bat, je bats à petits coups réguliers, et je m'interroge : qu'arrive-t-on à glisser de si puissant dans un personnage fictif qu'il se mette à susciter en nous un désir de chair ? On manipule l'argile de l'absence depuis si longtemps qu'on en obtient les formes d'un homme s'agitant, changeant, plus vivant qu'un homme.
Tuesday, November 8, 2016
Travailler la pauvreté de la phrase
Travailler la pauvreté de la phrase pour qu’elle ne trompe plus l’esprit qui la dévoile, d’un chemin de racines, tracé de l’irrégularité, à l’humeur de l’instant, rappelant que l’expérience s’est maintenant suffisamment engagée pour que l’échec ne fasse plus peur, car d’idéal en soi, de beauté pure, il n’en existe qu’à l’état de nature, d’un vent qui a soufflé, d’une pierre qui s’est posée, de la conviction d’une mort annoncée, comme l’écriture d’un destin, n’ouvrant plus d’autres impuretés que celles que jette un peintre insatisfait, pour que le rejet soit un geste créateur, se repousser, honteusement, parce que le mot qui s’est glissé révèle trop, parce qu’il en dit plus sur l’écrivant que sur le lisant, alors que la puissance de l’écriture est de s’inscrire dans le présent d’un autre, dans l’écriture d’un autre, transposant une manière d’aborder les senteurs d’un monde entourant, les fraîcheurs caressant les bras, les besoins de se voir à travers le comportement d’un autre regardant, ponctuant, avec des pauses, des égarements, des connexions qui n’appartiennent qu’à un seul être, dimension inévaluable de silences dont il ne subsiste aucune trace que ce qui a été réalisé dans la vie, sous forme de ponts, sous forme d’ouvertures de frontières, sous forme de lois, sous forme de manière d’enseigner, de dire, d’informer, de rire et d’espérer.
Sunday, November 6, 2016
Hélène Frédérick
À l'échelle de la forêt, ou sous une voûte étoilée, l'humain est bien forcé d'admettre qu'il n'est qu'un insecte. On nous a fait oublier à quel point cette idée de petitesse est reposante, de la même manière qu'on oublie de rappeler à quel point les missions divines, celles du totalitarisme marchand par exemple, sont épuisantes et vaines.
Wednesday, November 2, 2016
Ce qui se raconte
Ce qui se raconte ou comment on le raconte, se laissant porter par l’analyse immédiate d’un contre-sens, d’un regard perdu, d’un « nous » qui ne signifie rien, d’une énergie vainement déployée, du constat rassurant de l’honnêteté, de la vision d’un costume d’illusions, sentant, lui, le mensonge, où tout se met en confrontation comme autant d’issues si constitutives qu’elles ancrent les personnages dans leur propre essence, les rendant admirables parce que détachés de tout, œuvrant pour eux-mêmes, convaincus que leur autorité ou leur manque d’autorité ne se voit pas, dans chacun de leurs excès, images de l’indécision, figures de l’opprimé, reproductions fidèles d’un cumul hérité, naturellement assimilées, libres d’être sur la bonne voie avec, parmi elles, celle qui a oublié, tente de reconstruire à partir de la fragilité de l’enfance, sans projet apparent, ou celle qui dirige les consciences dans l’invisibilité d’un système déplacé.
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