C'est ainsi que tout a commencé. Le jour était venu. Un jour comme un autre, pas plus. L'univers était en expansion et le monde tournait mollement sur son axe sans qu'on s'en aperçoive. Humblement les êtres et les choses convergeaient et s'appliquaient à participer à l'édification d'un réel à peu près recevable, aussi confus, aussi fugace et inconsistant qu'il puisse paraître. Le soleil pataugeait mollement dans une grande bassine de ciel blanc et ses rayons obliques soulevaient la vaste poussière du chemin en bourdonnant. Jamais il n'avait été si haut ni si brutal ni si accablant, sauf peut-être sous d'autres règnes sous d'autres cieux, avant ce commencement. Des formes étincelantes flottaient dans l'atmosphère puis disparaissaient puis réapparaissaient, mais ce n'était pas des spectres ni des souvenirs et nul ne s'en souciait. L'air était rare, la lumière crue, les ombres s'étiraient. La vie s'épanouissait imperceptiblement et le temps s'était résigné à s'écouler comme il se doit, selon les lois du temps, sans toutefois prendre garde au sens de son écoulement.