Les sensations s’accumulent, se contredisent, s’alimentent, se métamorphosent, s’exploitent, s’organisent, veillent, ordonnent, témoignent, pulvérisent d’un regard, fondent en larmes, provoquent des soubresauts, des fous rires, des transes euphoriques, des chants, des danses, des mouvements imprévisibles, des fictions improbables, la justesse d’un moment, lorsque c’est devenu l’heure d’être, de répéter, mille fois, un même thème, une phrase, pour puiser, développer, créer la trappe à travers laquelle les possibles s’entrecroisent, beautés échangées entre l’extérieur et l’intérieur, la rencontre, le flux, l’imaginaire concrétisé, le sens se formant, l’influence, le partage, la révélation de l’identité singulière, ce qui ne ressemble à rien d’autre, ce qui s’enseigne et s’apprend chaque jour d’une manière différente, parce que ce qui est fait n’est plus à faire, ce qui est dit n’est plus à dire, si la matière cherche à mieux s’orienter, si elle s’est suffisamment épuisée, de mille fois répétée, devenue cri sourd dans la nuit, une respiration bloquée, penchée, l’épouvante, le gouffre des possibles, d’où émane un parfum de feuilles fraîches, un air léger, glacé, notre profonde humanité.