Revenir à l’écriture pour calmer les terribles moments d’incertitude qui se manifestent sous tous les aspects du quotidien, dans la manière addictive de se laisser mener dans tous les pièges de la pensée, lorsqu’après s’être dit « c’est peut-être le dernier jour », voir défiler devant soi les innombrables promesses qui n’auront donné lieu qu’à quelques empathies espérées, alors que tout semblait clair depuis le début : il n’y aurait rien à tirer de ces éléments-là, puisque le format ne fera rien avancer d’autre que l’expression du trouble, comme il se présente, tel que les mots choisissent d’en faire la liste immonde, qui a été autant de fois dressée et jetée, de tous les amalgames chronologiques, revenant tant d’années plus tard, les souvenirs, intacts, la parole, inchangée, cette douceur à l’instant le plus sordide, là, oui, là, c’est arrivé dans un appartement où il n’y avait presque plus rien, meubles emportés, murs aux peintures écaillées, jaunies par les soirées enfumées, le carrelage gelé, l’enfant posé à même le sol mangeant avec ses doigts les restes d’un repas improvisé en jetant là une tranche de jambon, là quelques pâtes, il n’était pas lavé depuis plusieurs jours, il n’occupait ses journées qu’à les regarder traverser les pièces en se gueulant dessus, en frappant, au passage, « arrête de me regarder comme ça, abruti », et les larmes coulaient toutes seules, le cri s’expulsait sans contrôle, jusqu’à ce que le silence envahisse tout, jusqu’à croire tout le monde mort, tout le monde, définitivement parti.