Lundi
Petite mise en espace
rapide. Filage devant les nouveaux. Seuls ceux qui connaissent parfaitement
leur partie participent. Les autres sont dans la salle pour regarder. Debriefing. Pause déjeuner avec toute
l’équipe. On mange. On boit des bières. On parle de ça ou d’autre chose. On
fait connaissance. La serveuse est sympa. Des bons plats pas chers. Le resto
est plein à craquer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pain. Des bons vivants.
L’après-midi est consacrée à l’intégration de ceux qui ont déjà une bonne
connaissance de la structure et sont donc admis à travailler on stage. Ils ont une loge. Non, deux
loges. Une trappe de sortie pour aller fumer. Des canapés. Une connexion Wi-Fi
personnalisée. Sur une table, le patron s’est installé un bureau convivial.
Contrats signés. Les DEF sont déjà versés. Soirée loft. Il y a un supermarché à
deux pas. Pratique et pas cher. Comme à la maison. Pipo travaille dans sa
chambre.
Mardi
Pas de grandes
différences avec la veille, si ce n’est que la journée est ponctuée de longs
enchaînements, dans l’ordre de la pièce, et de quelques filages. Les artistes
sont déjà familiarisés avec leur espace. Ils connaissent le nom du régisseur,
celui de la secrétaire sympa qui accueille tout le monde avec un immense
sourire, les horaires de l’homme de ménage qui passe sa journée à récurer du
sol au plafond. Sur scène, ce sont de nouvelles lumières qui apparaissent. On
s’habitue. On atténue ce qui dérange trop. On soulage une nouvelle difficulté.
On l’apaise. Le temps est rythmé par la fatigue corporelle. On s’arrêtera, mais
pas avant d’être allé au bout de quelque chose. Si la fin de la journée doit se
terminer assis par terre à discuter d’autre chose, elle se terminera assis par
terre à parler d’autre chose. D’ailleurs,
demain, je serai certainement un peu moins avec vous. J’irai beaucoup en salle
créer la lumière et l’espace sonore. Je vous demanderai de marquer les scènes,
ce qui, au passage, est un excellent exercice pour la mémoire. Ah ! La
mémoire ! Avec Pipo qui passe ses soirées à amuser la galerie avec sa
musique africaine, c’est pas gagné !
Mercredi
On marque en effet
toute la journée. Les scènes sont jouées dans le désordre. Pipo est tout perdu.
Il essaie d’écrire la scénographie sur un papier. Je rentre. Je sors. Quart de
tour gauche. Cinq bémols. Tirer le rideau. Passer le balai. Dormir. Appeler les
autres directeurs qui s’impatientent. Se mettre à jour. Séance photo à 16h30. On
balance sur FB les artistes en tenue de travail. Demain, je vous laisse la matinée. Pipo a rapporté ses instruments
au loft. Il travaillera sa mémoire dans sa chambre.
Jeudi
Matinée offerte. Le
temps de se reposer ou de réviser sa partie. Fin de la conduite lumière. On
apprend les dernières scènes. Pipo danse. Ouh la la la la, ça tremblote dans la
jambe gauche. Présentation publique à 19h30. On comprend mieux pourquoi la
matinée a été offerte. Extraits en tenue de tous les jours pour en dire assez
mais pas trop, éveiller la curiosité sans tout dévoiler. Pot avec l’équipe du
théâtre. We approach the see.
Vendredi
Dernières révisions
de la fin, essentiellement pour fixer la conduite lumière et les derniers
déplacements de tous les artistes. La musique de la fin est enfin arrivée. Dernier repas
au resto. On salue tout le monde. Filage à 15h maxi pour que chacun ait le
temps de ranger ses affaires, d’écrire ce qu’il doit écrire, de fumer une
cigarette, de boire un verre avant de prendre le train. Tout le monde est
content.
Voilà. Ça, c’est du
professionnalisme.