Nous agissons quelquefois sans savoir pourquoi. Ensuite nous sommes étonnés de ce que nous avons fait. Nous pouvons aussi être effrayés. Mais de l’étonnement ou de la peur se dégage une explication de cet acte. Il doit en être ainsi, car l’inexpliqué nous emplit d’une angoisse que nous n’avons pas la force de supporter longtemps. Mais quand l’explication est pensée ou exprimée, nous avons déjà oublié qu’elle est venue après coup, que l’acte est premier. Si nous l’oublions définitivement, parce que l’explication est en accord avec l’acte, c’est parfait. Il arrive pourtant que ce ne soit pas parfait. Il en est ainsi lorsque soudain nous découvrons que l’explication qui nous était donnée est mensongère, que celle-ci, quand les conséquences de l’acte se sont éclaircies à la lumière de tout ce qui est arrivé par la suite, se trouve être un faux selon ce que nous visions au fond de nous-même en agissant ainsi. C’est alors que nous éprouvons une véritable angoisse. Car celle-ci c’est de ne pouvoir se fier à ses propres pensées quand elles sont seules, c’est de savoir que nos pensées mentent, bien que nous soyons nous-même sincère.