Tuesday, February 4, 2020

Chroniques de l'invisible - 030

Il est fort probable qu’il suffirait de le décider un jour pour que n’importe quel récit commence, d’un mystère observé, d’une union consacrée. Il n’y a pas de Royaume. Il n’y a pas de Palais. À moins qu’il suffise qu’en soi se vive l’infini du récit où Anges et Démons, masques et hologrammes, viendraient soutenir le discours. Les reconnaître par leur opacité. Saisir le sens d’une seule blessure, lorsque la marque d’un autre, de tant d’autres, passerait presque inaperçue dans le cumul du temps. C’est donc que je vais faire un tour du côté de l’Esprit. L’application stricte des domaines d’affection n’a plus d’économie en tant que tel. Il n’y a ici que l’établissement de niveaux fictionnels. De toute évidence, cela parle, conduit, mieux qu’un amour inespéré, mieux qu’une préparation de ce que je suis réellement, non au point d’aboutir mais sur le chemin singulier et, sans mesure, protecteur. Je pourrais m’arrêter là, me contenter de cet acquis, et pourtant, je poursuis, ce bagage et ce message, comme ce qui va arriver, témoins de l’absolu. Il y a toujours cette crainte face à la fragilité de tout cela car il est bien question d’émotion et de sensibilité, en lien très certainement avec le quotidien de la vie devenu opérant. Une transition, comme l’aube. Et au moment où je me demande qui cela concerne, et comment m’en soigner, il n’y a que moi, l’alter ego, l’ami proche, l’être aimé, le choix de la pensée consacrée, la douceur de ce qui s’offre, ce qui affleure. Et puis, sans prévenir, les marques du temps, les légers déplacements, la petite ride, dont je ne me lasse pas. Ce qui s’efface renforce aussi ce qui reste, entre mes mains, comme se révélant, une manière qu’il faudra prendre en compte grâce à ces mots qui m’atteignent. Des phrases entières me semblaient vouloir trop faire correspondre entièrement et pourtant, de ces pages découvertes, je m’étais inspiré. N’y voir qu’un détail pour l’instant et laisser le corps se transformer, s’en nourrir. C’est la lenteur de l’assimilation qui fait ses preuves, mais à chaque fois, à chaque nouvelle porte, c’est attendre à nouveau, une autre fois. Voici une clé pour la prochaine fois. À partir de cela et de cela seulement, nous construisons. Il est vrai que dans ce cas précis, je ne suis pas seul, ni à déterminer ni à signifier. La lenteur s’est imposée. Je l’ai compris au fur et à mesure alors que j’étais parti diamétralement à l’opposé, dans l’urgence, la boulimie. Que voulais-je savoir ? Si je n’avais pas raté un accès quelque part. S’il y avait des formes dont je serais dépendant. Si j’allais y arriver. C’était pour me distraire et je m’étais d’abord emporté plongeant à nouveau dans l’addiction.

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