Thursday, April 1, 2021

Chroniques de l'invisible - 452

Ce n’est pourtant pas aussi simple qu’une tacite reconduction. Ou pour toute la vie. Imagine, un jour. Tout simplement. On se détourne. On n’y pense pas vraiment. Ah tiens oui ce n’est plus là. Je te dis que c’était rouge avant. Des bribes. Des jours qui passent devenus jours passés. Tous les protagonistes, regards gênés. On a beau le savoir. On a beau s’y attendre. Ça fait son effet. Jamais véritablement le même. On en est là. On est là. Il aurait pu nous passer un petit coup de fil. Tendus à présent, à devoir expliquer, dans cet univers où chaque bâtiment, chaque tour, le moindre trottoir, au loin des champs, pas si loin, une place, naturellement, sinon on ne peut pas se retrouver. Il suffit de quelques détails, l’image incrustée au coin de la pensée. L’entre-deux, comment dire, prolongé. Ce petit air de découverte envahissant l’expression. Il est si heureux. Il ne veut plus partir. Cette fois, c’est plus difficile. Habituellement on y pose des options. Je pense assez spontanément : on verra bien. Je demande : qu’est-ce qu’il y a ? De la tristesse. Et quoi de nouveau ? De la résignation. Constater. La réalité. Ce sera « l’en travaux », oui, plus long que prévu. Un lourd dossier est arrivé hier. Certainement criminel. C’est toujours criminel avec lui. Il contient l’étape importante. Pour l’intrigue, essentiel. On dira : ah c’est pour ça ! Terrible. Ces vagues qui toutes annoncent, dénoncent, renforcent, détruisent. Je pense à « tous ces avrils de ma vie », à toutes ces traversées. Il n’est pas temps de tout relier. Plus que jamais, les Nornes relancent la corde d’or. Même si j’aime quand il manque des mots. C’est si beau de le voir se baigner dans le plaisir. Je lui donne, je ne peux pas m’en empêcher, c’est sans doute cela, pour ces quelques minutes d’intensité, je dois lui dire, l’émotion est si forte, il ne saisit pas, il y a un point final, la corde d’or, ça commence par « c’est terrible », je veux que cela s’imprime en lui, dans sa propre difficulté, lorsqu’il plongera son regard dans le paysage où rien ne semble bousculé, je veux qu’il m’emporte, qu’il emporte cela de moi, de toute évidence, il n’a jamais entendu une telle révélation, de cette manière, « si l’on se reverra un jour ».

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